"On va reprendre l'école avec le même niveau de crise sanitaire, il y a quelque chose qui cloche"

En Bourgogne Franche-Comté comme partout en France, dans le premier degré, les écoles rouvriront lundi 26 avril. Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, l'a confirmé ce mercredi 21 avril. Parents d'élèves et professeurs sont inquiets.  

"On va se retrouver dans une situation sanitaire difficile sans aménagement du protocole sanitaire." A quelques jours de la rentrée, comme beaucoup de ses confrères, Jean-Luc Guillemote, professeurs des écoles, n'est pas serein concernant le retour en classes prévu lundi avec ses élèves. 

Impatience, lassitude mais aussi inquiétude. Voilà les sentiments qui dominent parmi les enseignants du premier degré à moins d’une semaine de la rentrée scolaire après les vacances de Pâques. Aujourd'hui, comme les parents d'élèves, ils sont nombreux à réclamer plus de clarté de la part du ministère de l’Éducation nationale. "On est inquiet surtout que l’on n'a pas d’informations. On devrait avoir des informations" estime Olivier Guillaumet, président de la FCPE 89.

Une situation épidémique qui inquiète

Car comme confirmé ce mercredi par Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, les crèches, maternelles et écoles primaires vont faire leur rentrée lundi 26 avril en présentiel. Quant aux collèges et  aux lycées, la rentrée est également prévue le 26 avril, mais en cours à distance. Les établissements du second degré doivent rouvrir le 3 mai. Emmanuel Macron, qui a indiqué ne pas conditionner la réouverture des écoles à la situation sanitaire, l'avait également confirmé lors d'un entretien au Parisien

Je suis pessimiste sur les conditions de reprise."

Jean-Luc Guillemote, professeur des écoles spécialisé

Pourtant le pic épidémique n'a pas encore été atteint et la situation sanitaire ne s'améliore par sur le territoire. C'est ce que déplore Jean-Luc Guillemote, professeur des écoles spécialisé à Saint-Apollinaire (Côte-d'Or). "Aujoud'hui, on a le sentiment que l'on n'a pas avancé et qu’on va reprendre à cette date du 26 sans prendre en compte un contexte sanitaire qui n’a pas évolué positivement depuis 3 semaines. Je suis pessimiste sur les conditions de reprise.

En Bourgogne Franche-Comté, la situation sanitaire est loin de l'embellie. Pour preuve, lundi 19 avril, la région est repassée au-dessus du taux symbolique de 100 % d'occupation des lits de réanimation et de soins critiques. 

Bénédicte Foulet, directrice d'une école maternelle à Dijon (Côte d'Or), n'est pas confiance concernant un retour en classe dès lundi. "Là concrètement, il y a trois semaines, il y avait un niveau de crise sanitaire qui nécessitait la fermeture des écoles. Et on va reprendre l’école avec le même niveau de crise sanitaire. Donc, il y a quelque chose qui cloche."

Une vaccination des enseignants qui peine à démarrer

Afin d'assurer une rentrée scolaire optimale, le gouvernement a ouvert depuis le samedi 17 avril des créneaux de vaccination réservés aux professeurs de plus de 55 ans. Mais cette mesure est jugée partielle donc inefficace par les syndicats. "On n'a pas l'impression d'être considéré comme prioritaire" constate Isabelle Cheviet, professeur d'espagnol et secrétaire départementale du syndicat SNES-FSU en Côte-d'Or .

En effet, les enseignants de plus de 55 ans ne représentent que 16% du nombre total de professeurs en France, d'après les données du ministère de l'Éducation nationale. Sur près d'un million d'enseignants dont l'âge moyen est de 42 ans, 160.000 seulement ont donc un accès prioritaire aujourd'hui à la vaccination. 

Il faut une campagne de vaccination ouverte à tout le monde."

Christine Bernery, enseignante en CM2

Dans une pétition, plusieurs syndicats enseignants et la fédération des parents d'élèves demandent la vaccination de tous les personnels volontaires qui travaillent dans les écoles, collèges et lycées. "Elle doit se concrétiser rapidement et être étendue à tous les personnels particulièrement exposés. C’est une mesure d’intérêt général."

"Il faut une campagne de vaccination ouverte à tout le monde" déclare Christine Bernery, enseignante en CM2 et membre du syndicat SNUipp-FSU en Côte-d'Or. "On attend un véritable calendrier à la vaccination pour tous les personnels qui le souhaitent."

Selon un sondage OpinionWay pour le syndicat SNES-FSU réalisé les 14 et 15 avril derniers, 79 % des Français estiment que les professeurs et les personnels de l’enseignement doivent pouvoir être vaccinés en priorité.

Côté chiffres, difficile pour le moment de savoir combien d'enseignants en Bourgogne sont à ce jour vaccinés et combien le seront lundi au moment de la reprise des cours. Contacté, l'Agence Régionale de santé doit communiquer sur les chiffres dans les prochains jours. Quant au rectorat, il ne dispose pas pour le moment de données sur la campagne de vaccination. 

En Bourgogne, certains départements à l'image de la Saône-et-Loire ont décidé d'ouvrir de nouveaux créneaux de vaccination dédiés aux métiers prioritaires ce vendredi 23 avril aux centres de vaccination de Mâcon et Chalon-sur-Saône.

La prise de rendez-vous se fait en appelant la plateforme téléphonique au 03 85 90 87 41. Cette vaccination sera réalisée avec le vaccin AstraZeneca. 

Des mesures sanitaires renforcées demandées

À défaut d'une vaccination massive des professeurs, les syndicats d'enseignants et la fédération des parents d'élèves appellent ainsi à renforcer le protocole sanitaire dans les écoles dès lundi 26 avril. Notamment dans les classes de maternelles où les instituteurs font face à des classes chargées non-masquées.

"Sans procurer le niveau de protection nécessaire, c’est comme un sacrifice" déclare Bénédicte Foulet qui exerce en école maternelle. "On prend le risque de laisser les écoles ouvertes avec des enseignants peu ou pas protégés. Quand on a 27 gamins en classe, il n'y a pas de distanciation. Je me dis qu’on n’est pas protégé."

Les représentants syndicaux demandent donc aujourd'hui à mettre en place des mesures sanitaires renforcées comme l'installation de capteurs de CO2, une amélioration significative de la politique de tests ou encore la fourniture de masques chirurgicaux aux élèves et aux personnels. 

"Le syndicat Snes-FSU a demandé aussi des aménagements à la cantine. Ce sont les lieux où il y a le plus de dangers. Mais on n’a pas de nouvelles" déplore Isabelle Cheviet, secrétaire départementale du syndicat d'enseignants SNES-FSU en Côte-d'Or.

"Par rapport au protocole, on est dans le flou" regrette aussi de son côté Jean-Luc Guillemote. "Il faut des conditions renforcées, plus dures avec par exemple en cas de détection de cas de covid, fermer les classes dès le premier cas covid avéré pour limiter au maximum la propagation du virus dans les groupes scolaires."

Autre mesure demandée par les syndicats : faire revenir les élèves du premier degré en jauge réduite comme cela s'est déjà fait dans les collèges et les lycées. Mais là, encore il aurait fallu anticiper selon Bénédicte Foulet.

Selon la directrice d'école maternelle, il aurait fallu renforcer les effectifs dès l'été dernier. "Si on avait voulu alléger les groupes en classe, c’était l’an denier qu’il fallait recruter. Si par exemple, les municipalités ou les collectivités ne sont pas en mesure de mettre en place un accueil périscolaire en même temps que l'accueil solaire, on peut rien faire de plus."

Des mesures détaillées annoncées ce jeudi

Dans l'académie de Dijon, le rectorat renvoie aux annonces ministérielles. Afin d'éclaircir toutes ces interrogations en suspens, les syndicats ont rendez-vous avec le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer ce jeudi 22 avril.

Le ministère de l'Education nationale recevra demain à 14 heures les syndicats enseignants. Les modalités du retour en classe, et notamment le protocole sanitaire, doivent être détaillées demain soir lors d'une conférence de presse du gouvernement.

 

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