Les syndicats d'Alstom Ornans et Belfort ont écrit à Pierre Moscovici, commissaire européen. Ils craignent que le projet de fusion n'entraîne à terme des suppressions de postes.
C'est toujours l'attente pour les salariés du groupe Alstom. Le français Alstom et l'Allemand Siemens veulent fusionner. L'Europe doit dire avant le 18 février si elle donne son feu vert. Les signaux ont plutôt l'air d'être à l'orange qu'au vert ces dernières semaines.
La Commissaire européenne à la Concurrence Margrethe Vestager a exprimé à maintes reprises ses doutes sur la fusion, annoncée en grande pompe en septembre 2017. Chargée de veiller à ce que l'union annoncée entre Alstom et les activités ferroviaires de Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, Mme Vestager s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.
On sait que les deux groupes ont soumis de nouvelles concessions à la Commission européenne mais sont toujours sans certitude d'obtenir son feu vert à leur union, a confirmé lundi Alstom.
Selon une des sources proches du dossier, les deux groupes pourraient, dans le domaine du train à très grande vitesse, allonger la durée des licences technologiques qu'ils comptaient céder et en étendre le périmètre géographique à certains pays hors d'Europe. Dans le domaine de la signalisation, les deux groupes offrent de céder de nouvelles activités.
Chargée de veiller à ce que l'union annoncée entre Alstom et les activités ferroviaires de Siemens en Europe n'écrase pas les plus petits groupes ou ne menace les prix, Mme Vestager s'inquiète de la position dominante que le nouvel ensemble aurait dans la signalisation ferroviaire et les trains à grande vitesse.
Les syndicats déplorent le manque d'informations
Les syndicats CGT et FO d'Alstom Ornans où sont produits les moteurs et Belfort expriment leurs inquiétudes. Dans un courrier, ils plaident auprès du commissaire européen les risques pour l'emploi de cette fusion : "notre région toute entière a des craintes légitimes et ces craintes sont renforcées par l’aveuglement borné de nos dirigeants !"
Les salariés déplorent le manque d'informations sur cette fusion et les effets qu'elle pourrait avoir sur l'emploi. "A partir des coûts de restructuration communiqués, nous pouvons estimer qu’entre 4000 et 7000 postes seront supprimés en Europe, écrivent-ils encore. Les synergies que Siemens-Alstom mettra en place concerneront notamment des activités de R&D et industrielles, et les sites d’Ornans et de Belfort feront vraisemblablement partie de ces « synergies » (entendre « suppression ») face aux sites Siemens de locomotives et de moteurs."
Et selon Gérard Thomas, délégué syndical CFE-CGC Alstom Ornans, le plan de départ volontaire n'est qu'une façade : "il y a forcément une partie des départs qui sera forcée."
A Ornans pourtant, le carnet de commandes est plein. C'est ici qu'Alstom fabriquera les moteurs des métros du Grand Paris, des RER NG et des TGV du futur. Avec 280 salariés, on est pourtant loin de la période faste où près de 500 personnes travaillaient sur le site, désormais fortement concurrencé par le géant chinois CRRC. Mais en cas de fusion avec Siemens, c'est ni plus ni moins que l'avenir de l'usine qui est en jeu.
"L'inquiétude si cette fusion se fait, c'est qu'on sera en doublon avec le site de Nuremberg en Allemagne, site qui fabrique à la fois les moteurs de traction, la chaîne de traction, ce que fait Alstom Tarbes et les réducteurs ce que fait en partie Alstom Le Creusot", poursuit Gérard Coulet, délégué syndical Force ouvrière Alstom Ornans.