On a d'abord parlé d'une baisse de la production, puis d'une hausse des prix... Les plaquettes de beurre se font plus rares dans les rayons depuis octobre. Une situation que les agriculteurs de Saône-et-Loire tentaient d'exposer aux consommateurs vendredi, au cours d'une action syndicale.
Une pénurie dans les rayons dans les rayons, mais pas dans les fermes. C'est ce paradoxe qu'essayaient d'expliquer aux consommateurs la FDSEA (Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles) et les Jeunes Agriculteurs de Saône-et-Loire réunis vendredi pour une action syndicale devant une grande surface de Châlon-sur-Saône.
"Même nous, on ne comprend pas"
Tracts à la main, la trentaine d'agriculteurs rassemblés dénonçaient "la prise en otage des consommateurs" qu'auraient instauré, selon eux, "les autres maillons de la filière". Depuis octobre en effet, les ménages ont plus de mal à trouver des plaquettes de beurre dans les différentes enseignes, y compris en Bourgogne-Franche-Comté. Et ce même si la grande région concentre 43% des producteurs de beurre français.
La baisse de la production en Nouvelle-Zélande, pays exportateur, a d'abord été avancée comme origine de cette pénurie. Les éleveurs de la région n'y croient pas. "On cherche à expliquer que les producteurs de lait n'ont pas baissé leur production par rapport à l'année dernière, souligne Benoît Belicard, membre des Jeunes Agriculteurs 71. Même nous, on ne comprend pas que les rayons soient vides."
Le beurre a la cote
L'une des pistes d'explications est à trouver du côté du prix du beurre. La demande de beurre mondiale n'a cessé d'augmenter ces dernières années, avec l'arrivée sur le marché d'importateurs de taille. La Chine, par exemple, représente un débouché important depuis que la consommation des viennoiseries notamment s'est installée dans le pays.
Aux Etats-Unis également, le beurre, longtemps délaissé en faveur de la margarine, est revenu dans les assiettes. Depuis 2014, les autorités sanitaires américaines revalorisent les apports nutritionnels des graisses animales, auparavant accusées d'accroître le risque de cholestérol et de maladies cardiovasculaires.
A la table des négociations
Conséquence de cette hausse de la demande, les prix du beurre se sont envolés, notamment en France, premier pays consommateur (8 kg par an et par habitant). Les grandes surfaces auraient donc dû payer plus cher leur approvisionnement.
Mais le prix d'achat auprès des industriels du secteur est fixé annuellement par négociation. Ce prix s'est rapidement trouvé en-dessous du cours mondial. Il est donc devenu plus rentable pour les groupes laitiers de vendre la production à l'international que sur le marché français.
Les agriculteurs réunis ce vendredi réclament donc une "autre méthode de création du prix". C'est par l'un des enjeux soulevés par les Etats généraux de l'Alimentation qui mettent autour de la table agriculteurs, industriels et distributeurs, et dont la première partie s'est achevée début octobre dans un climat de tensions.