Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education Nationale a annoncé la mesure ce mercredi 26 août. Elle est plutôt bien accueillie par les enseignants qui s'interrogent tout de même sur les conditions sanitaires de cette rentrée scolaire en pleine reprise de l'épidémie de Covid-19.
Tous les adultes devront porter un masque à l'école, y compris les enseignants de maternelle, a annoncé ce mercredi le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, lors de sa conférence de presse de rentrée. "En juillet, nous avions envisagé quelques exceptions, mais nous avons préféré ne pas maintenir ces exceptions. Tous les adultes portent le masque et les enfants le portent à partir de la classe de 6e", a-t-il expliqué.
Un protocole sanitaire qui n'est plus adapté à la reprise de l'épidémie selon le SNES
Porter le masque pour enseigner, le monde éducatif s'y attendait. Cette fois-ci, les choses sont clarifiées. Masque obligatoire pour tous les adultes qui travailleront dans les établissements scolaires. "Le port du masque est nécessaire, mais pas suffisant" estime Nathalie Faivre, enseignante en lycée à Besançon et membre du SNES. "Le protocole sanitaire élaboré en juillet est basé sur une circulation basse du virus, or, on n'est plus trop dans cette phase" note la syndicaliste. "On va se retrouver avec une trentaine de personnes sur 50m2, sans distanciation. Cela reste problématique", estime-t-elle. Autre questionnement, la désinfection une fois par jour des salles de classes. "On ne sait pas comment on va faire, il n'y aura pas les personnels suffisants pour effectuer ces nettoyages", dit-elle. "Ce que nous regrettons, c'est que le protocole sanitaire ne soit pas très cohérent, il y a des choses que nous ne pourrons pas appliquer", estime l'enseignante. Pour le port du masque, les enseignants en avaient déjà pris l'habitude, ils ne seront pas déstabilisés en cette rentrée. "Prendre la parole devant les élèves avec un masque, ce sera difficile, mais nous nous y soumettrons", explique Nathalie Faivre. L'enseignante espère bien retrouver tous ses élèves mardi 1er septembre, même ceux qui étaient, comme elle le dit, sur le fil du rasoir en situation de décrochage.
"En maternelle, ce sera le grand saut pour les petits, avec le sourire en moins"
Enseignante en maternelle à Besançon, Karine Laurent du SNuipp-25 s'apprête à retrouver ses élèves. Mais aussi les petits de 2-3 ans qui vont faire leur première rentrée. "Le port du masque, il fallait le faire en maternelle. On n'est plus trop sûrs que les enfants soient moins vecteurs du virus, il fallait protéger les enseignants. Mais on se demande comment on va faire", dit-elle. "Une rentrée en maternelle, c'est une vraie épreuve pour un petit. Il faut plusieurs jours pour apprivoiser les enfants, acquérir leur confiance. Sans l'expression du visage, ça va être difficile", estime Karine Laurent. "On n'a déjà pas pu faire la pré-rentrée des touts petits en juin, pour faire découvrir les classes aux enfants et aux parents, cette rentrée, ce sera le grand saut pour ces enfants, avec le sourire en moins des enseignants", résume la Bisontine.
Comme sa consœur du SNES, Karine Laurent estime que le protocole sanitaire mis en place à la rentrée et élaboré en juillet, n'est plus approprié à la situation sanitaire actuelle. Si l'enseignante se dit ravie de retrouver les enfants, elle se demande si c'est bien raisonnable d'en avoir 30 par classe sans plus aucune distanciation. Elle aurait souhaité que le gouvernement et les collectivités locales profitent de l'été pour améliorer les équipements dans les écoles, notamment les points d'eau pour le lavage des mains.
"On parle de la crise sanitaire, mais elle ne doit pas occulter, les moyens donnés cette rentrée à l'école"
En Haute-Saône, Patrick Villequez, secrétaire départemental UNSA 70 s'apprête à retrouver son école primaire de Saint-Sauveur près de Luxeuil-les-Bains. Dans son cartable, un masque. Les enseignants avaient déjà reçu au moment du déconfinement, une dotation de masques chirurgicaux. Patrick Villequez espère recevoir cette fois-ci des masques lavables. Car c'est à l'employeur, l'Éducation Nationale qu'il incombera de doter les enseignants en équipement de protection. "En maternelle et primaire, obliger le port du masque, c'est le minimum qui était faisable", réagit Patrick Villequez. "On rappellera bien sur les gestes barrières. Le port du masque par les enseignants va rassurer les parents", estime l'enseignant. Un enseignant qui veut rester vigilant sur cette rentrée. "On parle de la crise sanitaire, mais elle ne doit pas occulter, les moyens donnés à l'école", conclut le syndicaliste.