L'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg estime mardi que l'Europe s'est "construite contre les peuples", qu'on "fait voter" et qu'"on piétine quand ils votent mal", appelant à "redéfinir le projet européen" y compris en "redistribuant" une partie des pouvoirs aux Etats.
"L'Union européenne s'est construite contre les peuples, autour d'un projet libéral, qui se traduit par l'obsession de la réduction des déficits publics et de la dette", affirme le probable futur candidat à la primaire socialiste dans un entretien au Monde. Cinq jours après le vote des Britanniques en faveur d'une sortie de l'Union européenne, Arnaud Montebourg répond à ceux qui, dans l'opposition, voudrait le même type de consultation auprès des Français, que "la question posée n'est pas de faire sortir la France de l'Europe mais de redéfinir le projet européen"."Il faut restructurer l'UE, sinon elle mourra"
"La construction européenne telle qu'elle a été menée est antidémocratique. On fait voter les peuples et on les piétine quand ils votent mal", affirme M. Montebourg pour qui, "dès lors que la France renonçait à la promesse de réorientation contenue dans le vote massif des Français pour le non au traité constitutionnel européen en 2005, la victoire était totale pour les libéraux autoritaires". Prônant un "rapport de force" avec Bruxelles, il voit l'UE "comme une entreprise en faillite, il faut la restructurer, sinon elle mourra". Selon lui, depuis 30 ans, "on a organisé la disparition progressive de toute intervention publique dans l'économie, pendant que tant d'autres Etats y ont recours". Il suggère du coup que la Commission devienne un "simple secrétariat du Conseil européen". "Si on passe de 34.000 à 1.000 fonctionnaires, cela suffira bien", lance-t-il.
Il préconise également de "pouvoir décider de partager la souveraineté dans certains domaines et de redistribuer une partie du pouvoir aux Etats membres dans d'autres", même concernant la monnaie unique dont il ne souhaite pas sortir mais qui doit pour lui "être géré avec plus de souplesse". Dans cet entretien, Arnaud Montebourg assure qu'il décidera "dans le courant de l'été" de son éventuelle participation à une primaire socialiste.