Après Lactalis pour le lait, les éleveurs ont fait plier Carrefour sur le prix de la viande. Un accord a été trouvé, ce mercredi 7 septembre 2016 dans la soirée, entre la le principal syndicat d'éleveurs, la FNB, et l'enseigne.
Après le lait, la viande : le principal syndicat d'éleveurs, la FNB, a réussi, hier soir à obtenir un accord avec Carrefour. Cela devrait conduire à une meilleure rémunération des producteurs. Un accord conclu après une série d'actions organisée dans des magasins de l'enseigne comme ce fut le cas à Quetigny, en Côte-d'Or.
A l'issue d'une réunion de trois heures avec des représentants de Carrefour, dont le PDG Georges Plassat, la FNB a annoncé avoir conclu un accord avec le distributeur, ouvrant ainsi une "nouvelle ère" pour les éleveurs. "L'intégralité des demandes de la FNB a été acceptée par le groupe Carrefour", a déclaré à l'AFP le président du principal syndicat d'éleveurs bovins, le Côte-d'orien Jean-Pierre Fleury.
Qu'est-ce-qui va changer ?
L'enseigne s'est engagée à présenter dans les rayons de tous ses magasins au moins 50% de "cœur de gamme", autrement dit de la viande provenance de bovins spécifiquement élevés pour leur viande et pas des vaches "de réforme", des vaches laitières trop âgées pour donner du lait, a expliqué Jean-Pierre Fleury.Carrefour a aussi accepté de définir la rémunération des éleveurs en fonction de leurs coûts de production. Le prix de la viande, qui n'est pas divulgué, sera révisé trimestriellement sur la base de ces coûts constatés dans un réseau de fermes de référence. "Ça c'est historique, cela ne s'était jamais fait jusqu'à ce jour avec une enseigne", a commenté le responsable syndical, qui espère "une application dès la semaine prochaine".
En outre, Carrefour va mettre en place "un processus de traçabilité inversée pour garantir que l'argent que va injecter le groupe descende bien chez le producteur. Cela va bouleverser la relation commerciale", selon le président de la FNB. Enfin, un logo spécifique va être conçu pour mettre en avant le cœur de gamme.
Les autres enseignes dans la ligne de mire
De son côté, Carrefour s'est dit satisfait de l'accord trouvé. La FNB a dit espérer que l'exemple de Carrefour soit suivi par les autres enseignes de grande distribution en France, qu'elle a menacées d'actions dans le cas contraire. "Je ne peux pas imaginer que mon téléphone ne sonne pas de la part de ces autres enseignes. Dans l'hypothèse où mon téléphone ne sonne pas, on sait déjà que les actions vont redémarrer enseigne par enseigne", a prévenu Jean-Pierre Fleury, citant Intermarché, Leclerc, Auchan, Casino et Lidl.Pourquoi les éleveurs bovins sont en colère ?
Pour peser sur les négociations avec Carrefour, la Fédération nationale bovine, soutenue par la première fédération d'agriculteurs, la FNSEA, avait organisé des opéarations de sensibilisation des consommateurs dans les supermarchés de la marque. Des opérations qui se voulaient spectaculaires avec un slogan choc "Carrefour voleur"."Carrefour voudrait payer le charolais au même prix que les vaches allaitantes alors que ça n'a rien à voir" en termes de qualité, a déclaré le président de la FDSEA de Côte-d'Or, Fabrice Faivre, pendant qu'une trentaine d'agriculteurs protestaient devant le Carrefour de Quétigny, près de Dijon, avant que l'accord ne soit trouvé. "Le juste prix serait de 4 euros le kilo minimum et aujourd'hui, quand tout va bien, on nous l'achète à 3,30 à 3,50 euro le kilo" a-t-il dit, en ajoutant que les éleveurs menaient "le même combat" que les producteurs laitiers avec Lactalis. Les éleveurs estimaient ne pas pouvoir couvrir leurs coûts de production avec les tarifs pratiqués jusque-là par le distributeur.