Sans avoir jamais exercé de mandat national, voilà Marie-Guite Dufay projetée sous les feux des projecteurs. Elle était la seule femme à la tête d’un conseil régional, la voici victorieuse à l’issue d’une triangulaire où elle partait en troisième position.
Marie-Guite Dufay devient la présidente de la plus petite des nouvelles régions administratives avec 34% des voix. Neuf points d’écart au premier tour avec Sophie Montel (Front National) ne lui ont pas fait baisser les bras. Une opiniâtreté récompensée alors qu’elle était donnée battue selon certains pronostics.
Le style Dufay est particulier. Son sens de la communication est peu développée, elle est parfois cassante avec ses collaborateurs et pourtant elle parvient à convaincre et à s’imposer dans un monde politique encore machiste. Notre confrère Jérémy Chevreuil écrit à ce propos que Marie-Guite Dufay était « sous-estimée, d’abord par ses camarades socialistes, ensuite par ses adversaires de droite. « C’est madame tout-le-monde. Dans les réunions publiques elle arrive dans l’indifférence générale, elle repart avec tout le monde dans sa poche », reconnaît, dans un souffle d’admiration, un adversaire politique. Le style Dufay déconcerte même les socialistes bourguignons, peu habitués à ce qu’une candidate se laisse filmer en pleine séance de relaxation un dimanche d’élection .
Aujourd'hui Marie Guite Dufay a tout d'une franc-comtoise. Fondue de ski nordique, elle a participé à plusieurs épreuves de laTransjurassienne. Mais elle est née, il y a 65 ans, en Auvergne. Diplômée de Science Po à Paris, elle arrive dans la région au début des années 70. A 65 ans, elle prend le temps de s’occuper de ses petits-enfants. Marie-Guite Dufay s’est installée en Franche-Comté au début des années 1970. Diplômée de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, elle travaille en préfecture puis tisse des lien avec l’économie lors de son emploi pour un centre culturel bisontin, avant de s’engager en politique. Elle obtient son premier mandat en 1989, au conseil municipal de Besançon. Parallèlement, Marie-Guite Dufay prend des responsabilités à l’ANPE toujours en lien avec le retour à l’emploi. Lors de cette campagne électorale, la présidente de région est allée à la rencontre des patrons. Une soirée suivie par Catherine Eme-Ziri. « Les responsables économiques sont étonnés par sa connaissance des dossiers. « Ce n’est pas comme la dernière fois où nous l’avons rencontrée. Cette fois-ci, elle a préparé cette soirée. » confient les patrons à Catherine Eme-Ziri. Elle joue la carte du consensus. Elle peut s’appuyer sur un bilan. Et même si elle est sur la défensive, elle a quelque chose à présenter. Ce n’est pas toujours « tout rose » dit-elle mais elle maîtrise chiffres et dossiers. Et, pour une fois, elle n’a pas agacé les chefs d’entreprise en leur parlant de son dada : l’économie sociale et solidaire… » conclut Catherine Eme-Ziri.
Marie-Guite Dufay va désormais diriger la région la plus industrielle de France. Entrée au conseil régional en 2004, elle s’occupe tout naturellement des questions économiques, de l’economie sociale et solidaire et de l’emploi.
En 2008, lorsque le Parti Socialiste doit trouver un successeur au président Raymond Forni qui vient de décéder, elle parvient à s’imposer au sein du PS face à Loïc Niepceron. En 2010, peu d'observateurs pariaient sur elle, pourta,nt elle conservera la région face au leader de l'UMP Alain Joyandet.
Et, dés l’annonce de la fusion des régions, Marie-Guite Dufay prend les devants et œuvre au mariage arrangé avec la Bourgogne par crainte de voir la Franche-Comté démantelée. Une marche forcée qui répond aussi à une stratégie politique. Le président PS de Bourgogne François Patriat, 77 ans, ne se représentait pas. Cette candidature, à l'époque, n’était pas gagné du tout.
La voilà partie en campagne dans cette grande région. Sans grande renommée, elle a du se faire connaître en Bourgogne et défendre son bilan dans sa région. Selon une enquête de nos confères du Monde, la Franche-Comté est « championne du respect des promesses ». Elle fait « figure de bonne élève avec plus de 66% des promesses vérifiées qui ont été tenues pendant la mandature et 77% des propositions engagées ». Curieusement, la candidate a peu mis en avant ce bilan plutôt flatteur. Le sens de la communication n’est décidément pas son fort.