Le réchauffement climatique déboussole les professionnels qui travaillent avec la nature. Les conséquences sur leur activité sont importantes, mais ne sont pas forcément toutes négatives. Va-t-on vers un nouveau modèle d'agriculture ? Éléments de réponse en Côte-d'Or.
Une apicultrice, une pépinériste et un vigneron. Ces trois professionnels travaillent tous les jours avec la nature et doivent s'adapter face à un phénomène mondial : le réchauffement climatique.
Installée dans le sud de la Côte-d'Or à Gerland, Laure Darphin, apicultrice, constate un effet direct du réchauffement sur la biodiversité. Moins de fleurs, c'est moins de nourriture pour ses abeilles.
"Avec une saison comme maintenant, s'il fait trop beau, elles ne trouveront pas ce qu'il faut puisque la nature ne s'est pas réveillée, explique-t-elle. Mais même en plein mois de juillet, s'il fait trop chaud, les fleurs n'arrivent pas à vivre correctement donc les abeilles ne trouvent pas de nourriture. Et nous, on ne produit pas de miel."
Elle craint une perte de 15 % sur sa récolte et pense surtout à l'avenir. "La logique, c'est de conserver une abeille assez rustique pour qu'elle arrive à trouver des ressources et l'aider à en créer", dit-elle.
Nouvelles plantes
S'adapter, c'est aussi le quotidien de Catherine Dima, pépiniériste à Beire-le-Châtel. Pour éviter que certaines fleurs soient brulées en été, elle a dû trouver des variétés moins sensibles."On nous demandait auparavant beaucoup d'hortensias, une grosse fleur magnifique l'été, sauf que c'est une plante qui n'aime pas l'excès de chaleur, précise-t-elle. Donc des producteurs spécialisés ont développé des variétés d'hortensias qui vont être plus adaptées, en ayant moins besoin d'eau."
Surprise, depuis quelques années Catherine peut désormais proposer à ses clients des plantes plutôt inattendues dans la région. "Par exemple, un figuier qui était absolument gélif [sensible au gel] quand je me suis installée il y a vingt ans ce n'était pas possible. Vous avez aussi l'Abelia grandiflora, une plante qu'on trouvait auparavant en Bretagne. J'en ai longtemps rêvé et maintenant on peut la produire."
Changements sur le vin
Dans ses vignes de Marsannay-la-Côte, Sylvain Pabion constate que les récoltes sont désormais de plus en plus précoces. "Autrefois, on vendengeait souvent au mois d'octobre. Et aujourd'hui, on vendange plutôt fin août, début septembre. C'est un très bon indicateur du changement climatique", détaille le régisseur du Château Marsannay.L'année dernière, les récoltes ont été moins fructueuses. Et pourtant, ce domaine a connu l'un des meilleurs millésimes de son histoire. "Des raisins plus murs, ça signifie des vins plus colorés, plus concentrés, plus charnus, plus intenses au niveau aromatique. Et donc forcément des vins qui séduisent plus la clientèle."
Tous les professionnels ont désormais les yeux rivés vers le ciel. Le vrai baromètre aujourd'hui de leur activité.