Réchauffement climatique : à quoi ressemblera le climat en Bourgogne en 2050 ?

Nous nous sommes projetés dans le futur avec une question : à quoi ressemblera le climat en 2050 en Bourgogne ?

Nous avons interrogé Thierry Castel, enseignant-chercheur à Agrosup Dijon et chercheur associé au Centre de recherche de climatologie de l'Université de Bourgogne-Franche-Comté.

Ses travaux de recherche s'intéressent au changement climatique à l'échelle de l'Europe, de la France et de la région Bourgogne-Franche-Comté.
 

 

Les températures

"On aura un climat moyen qui va être de +2 à +2,5 degrés par rapport aux années avant 1987-1988, détaille Thierry Castel. Si on regarde sur la période 1961-2005, on pense que ceux qui ont vécu sur cette période auront connu trois climats. Un avant 1987-1988, un de 1987-1988 aux années 2014 et depuis 2014, c'est une hypothèse qu'on a à l'heure actuelle, on est en train de franchir un nouveau palier.

Le changement climatique, et en particulier le réchauffement, ce n'est pas quelque chose de progressif et de continu. Il y a des périodes où on va subir ce qu'on appelle nous des ruptures climatiques. En un ou deux ans, on va avoir des sauts au niveau des températures.

Si on continue à suivre la trajectoire d'émissions de gaz à effet de serre que nous suivons actuellement, qui est la plus pessimiste, on va rentrer dans des projections qui vont être beaucoup plus contraignantes pour nos sociétés et notamment au niveau de la ressource en eau. Ce qui nous pose question, c'est la vitesse à laquelle ces changements interviennent. On n'a pas connu ça dans l'histoire de l'humanité."

Les pluies

"Au niveau des pluies, c'est là où on a beaucoup d'incertitudes. C'est extrêmement complexe à modéliser. Sous nos latitudes ici en Bourgogne, on est plutôt sur une stabilité de la quantité de pluie que l'on aura dans le futur.

Ce qui risque de changer, c'est la structure de ces pluies. On pense qu'il va y avoir une modification du cycle annuel des pluies, c'est-à-dire des saisons peut-être plus arrosées que d'autres.

Nos travaux ont montré que, paradoxalement, les étés et les automnes ont été un peu plus arrosés dans le passé récent. Ce qui fait que ça a un peu compensé la demande évaporative (NDLR : la transpiration des plantes).

Certaines régions n'ont pas été en tension comparativement à d'autres. Par exemple, on est plus en tension sur l'eau en Bourgogne au niveau du Morvan, de la Saône-et-Loire que dans le nord de la Côte-d'Or par exemple, parce qu'il y a eu plus de pluie dans ces régions là.

Selon les projections scientifiques pour la Bourgogne-Franche-Comté, on devrait avoir la même quantité d'eau mais elle sera répartie différemment.

Il y a besoin d'études pour voir comment le régime des pluies va être modifié. On s'attend également à des pluies un peu plus extrêmes avec beaucoup d'eau qui tombe en très peu de temps.

Cela va avoir des conséquences par exemple sur l'érosion et sur des transferts de polluants possiblement dans les cours d'eau."


 

Les restrictions d'eau

"Les périodes de restriction d'eau vont s'étaler. Ce qui était de l'ordre d'un mois et demi ou deux mois jusqu'à aujourd'hui, ça va s'étaler sur trois mois par exemple. 

Les périodes d'étiage, c'est-à-dire où les ressources sont au plus bas, vont être plus longues. Peut-être que dans l'agriculture, la polyculture et l'élevage, il va falloir peut-être penser à changer de type de culture.

Pour les particuliers ça risque d'être un peu plus en tension. Les élus qu'on a rencontré nous disaient on pourra aller chercher de l'eau à côté. Mais à côté, ça va être pareil.

Il faut là-aussi se préserver de dire on va trouver une solution curative. Je pense qu'il faut vraiment changer nos modes de consommation de l'eau. L'eau est une ressource extrêmement précieuse."


 

La vigne

"Le manque d'eau n'est pas un problème pour la vigne en Bourgogne. La vigne a des capacités et des ressources pour capter l'eau qui sont plus importantes que les cultures annuelles. 

Par contre, il y a des conséquences indirectes. S'il fait plus chaud et qu'il y a des contraintes hydriques plus fortes, les baies seront moins chargées en eau.

Donc il va y avoir une concentration en sucre qui va être plus importante. Plus de sucre dans les baies fait que ça va avoir des conséquences sur la qualité organoleptique, les types de vin que l'on va produire.

Or ce qui fait vraiment l'image de marque de la Bourgogne, c'est quand même des vins avec une typicité qu'on retrouve nulle part ailleurs. On travaille dans l'équipe sur ces aspects là pour voir dans quelle mesure la vigne pourrait être affectée, si ça peut remettre en cause à terme la notion de climats qu'on a en Bourgogne, ce qu'on appelle terroir dans d'autres régions.

La chimie de la vigne est très complexe, mais potentiellement ça pourrait avoir des conséquences sur le type de vin et le goût des vins qui seraient produits en Bourgogne."

 

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