Réouverture des discothèques "cet été" : accueil mitigé pour les patrons de boîtes de nuit en Bourgogne-Franche-Comté

Le ministre de la Santé indique, ce jeudi 17 juin, la réouverture prochaine des discothèques. En Bourgogne-Franche-Comté, cette annonce est accueillie diversement par les patrons de boîtes de nuit.

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Après 15 mois de fermeture, Olivier Véran promet une réouverture des boîtes de nuit, "cet été". Le ministre de la Santé l’a annoncé ce 17 juin. La reprise de l’activité est accompagnée de "conditions spécifiques". Parmi elles, le port du masque obligatoire, un nombre réduit de clients ou encore une ventilation imposée dans l’établissement. Un pass sanitaire spécifique pourrait également être mis en place. Si la réouverture était attendue, le projet de protocole sanitaire adapté refroidit globalement les gérants de discothèques, en Bourgogne-Franche-Comté.

Fausse bonne nouvelle

Phokham est à la tête du Styl, à Besançon (Doubs). La gérante de la boîte de nuit est très remontée. "Personnellement, je n’accueille pas bien la nouvelle. Si nous devons mettre toutes ces mesures en œuvre, ça serait très difficile", se justifie la patronne.

Elle ne discute pas l’utilité des règles sanitaires qui sont en discussion, mais pointe leurs conséquences sur son activité : "Je suis d’accord avec le gouvernement, sur la question de la ventilation. Or, pour l’installer, il faut faire une déclaration préalable de travaux en mairie. Cela peut prendre 2 à 4 mois. C’est autant de temps perdu pour la réouverture".

La question n’est pas de porter le masque, mais plutôt de savoir comment faire pour que nos clients le gardent, au fur et à mesure que la soirée avance.

Phokham, patronne du Styl, à Besançon

L’imprécision des mesures fâche aussi Phokham : "Sur les autotests, on ne sait pas si ce sont les clients qui doivent se tester eux-mêmes, ou si c’est nous qui devons les fournir. Pour les masques, il n’y a pas de problème non plus. La question n'est pas de porter le masque, mais plutôt de savoir comment faire pour que nos clients le gardent, au fur et à mesure que la soirée avance. Même si ça s’oppose à l’image des discothèques, qui sont vues comme un exutoire par nos clients. C’est un endroit pour décompresser, et non pour imposer des règles strictes".

Pour Frédéric Dorey, propriétaire du Bar des templiers à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), l'annonce d'Olivier Véran ne signifie pas forcément un retour à une activité normale à partir de cet été. "Ce n'est pas du tout le bout du tunnel pour nous. Ce ne sera pas comme avant. On ne pourra pas rouvrir dans les mêmes conditions qu'avant la crise. Les masques que les clients devront porter, les tests à faire passer pour eux et nos employés, les distanciations sociales à respecter, comment on va pouvoir contrôler tout ça ? Ça va être très difficile"

Cette incertitude, Frédéric Chapuis la partage aussi. Il est gérant du 3ème club, aux Fins (Doubs). Le patron ne cache pas son inquiétude, même s’il juge que l’annonce d’une réouverture prochaine est plutôt une bonne nouvelle. "Le protocole qui accompagne la réouverture annoncée est exagéré. Il nous faut du temps pour nous remettre en place, sur tous les plans. Avec le protocole annoncé, il faut composer avec une jauge réduite pour l’accueil des clients. Si cette jauge est réduite, on ne pourra pas employer l’ensemble de nos 22 salariés. Sans compter le fait qu’il faudra les faire vacciner. On doit réfléchir sur le moyen de faire respecter l’obligation du port du masque, à l’intérieur. Il reste aussi à connaître les conditions dans lesquelles doit s’effectuer l’autotest, à l’entrée de l’établissement".

Règles sanitaires et rentabilité

Même chose pour Antonin Borie, à la tête du bar l'Antonnoir, à Besançon (Doubs). S'il se rejouit d'une "réouverture dans un horizon prochain", il se montre plus sceptique quant aux règles sanitaires : "L’annonce s’accompagne d’un protocole injuste et inadapté. Dans ces conditions-là, personnellement, il est hors de question que je rouvre début juillet. D’autres établissements recevant du public ne se voient pas imposer le pass sanitaire. Les clients d’une discothèque qui accueille 100 personnes doivent présenter ce pass, mais ceux d’une salle de spectacle avec 1.000 personnes ne sont pas soumis à cette règle. Pour le masque, on sait que son port n’est pas obligatoire pour les salles de sport et les adeptes de sports de combat. Nos clients, eux, vont devoir porter le masque quand ils ne consomment pas, ou sur la piste de danse".

Ces règles rigoureuses n'augurent rien de bon, selon Antonin, côté économique. "Il ne faut oublier que nous allons aussi avoir une jauge : 65% de notre capacité d'accueil habituelle, ce n’est pas possible. Avec ça, seules certaines discothèques vont faire suffisamment de chiffre d’affaires pour ne plus avoir droit aux aides, et les autres vont fermer. Cette limite va aussi avoir un impact sur notre attractivité. Les jeunes vont vouloir aller faire la fête dans des endroits sans protocole, moins contrôlés. Au contraire d’une discothèque, qui est en capacité de retracer les clients, si plusieurs cas s’y déclarent", déplore le patron du bar bisontin.

Une crainte partagée par Jonathan, responsable du Black Pearl à Pouilly-en-Auxois (Côte-d'Or). Pour l'heure, les modalités horaires de cette reprise de l'activité ne sont pas encore déterminées. Mais le propriétaire s'inquiète des potentielles heures de fermeture imposées par le gouvernement. "Si on doit baisser le rideau à 2 heures du matin comme les bars et les restaurants, ça va être très compliqué. Ça ne servira à rien d'ouvrir. Les clients ne reviendront pas dans ces conditons, notamment les plus jeunes. 2 heures, c'est l'heure à laquelle ils arrivent !"

Après 15 derniers mois particulièrement difficiles, cette réouverture annoncée est certes un soulagement, mais pas le bout de tunnel pour les responsables de discothèques. "On est vraiment dans l'attente désormais", souffle Jonathan. Emmanuel Macron détaillera les conditions et le calendrier de la reprise de l'activité ce dimanche 21 juin.

Pour rappel, sur 1 600 boîtes de nuit, 152 boîtes ont mis la clé sous la porte en France depuis le début de la crise pandémique.

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