Le calendrier du déconfinement dévoilé ce jeudi 29 avril par Emmanuel Macron ne donne aucun espoir de lumière au monde de la nuit. A Besançon (Doubs), un patron confie sa colère et désillusion.
Notre appel ne le surprend pas. Sa carapace s'est endurcie au fil des mois. Apprendre une nouvelle fois que les discothèques restent fermées, Antonin Borie, patron de l’Antonnoir, un café concert bar de nuit à Besançon, s’y est préparé.
“Je ne suis pas surpris, de toute façon on ne s’attend pas à rouvrir avant septembre. On a arrêté d’attendre. Mais ce n’est plus possible de jouer avec nos nerfs. Quand il sera l’heure de rouvrir, on repartira. En attendant, on continue à s’endetter, il faut maintenir les aides” espère t il. Sa boîte de nuit située rue de Dole est l’une des adresses prisées des trentenaires à Besançon. Les lumières sont éteintes depuis plus d’un an. Le lieu employait 8 personnes en moyenne, avant la crise. “J’ai déjà deux personnes que je ne reverrai pas et qui sont parties en Suisse, là où le secteur de la restauration a peu fermé", déplore-t-il.
Les aides nous permettent de tenir pour l'instant, résume Antonin Borie qui a été contraint de prendre un prêt garanti par l’Etat, il devait commencer à rembourser début mai, il faudra sans doute repousser l’échéance dit-il. Financièrement, l’homme explique tenir par les aides qui remboursent les frais fixes, mais pas l’emprunt qu’il a dû contracter durant la crise. “On se demande aussi comment se fera la réouverture. S’il faut servir les clients assis à table, vont-ils revenir ?... Il y a aussi la culture de la fête chez les privés qui s’est développée depuis un an, les gens seront-ils prêts à revenir consommer de l’alcool au prix de discothèques ?” se demande-t-il.
1600 discothèques en France, un tiers pourraient disparaitre
A Besançon, six discothèques animaient il y a encore un an le monde de la nuit. Depuis, les décibels se sont tus. Les pistes de danse sont dans le noir. Aucune discothèque de Besançon n’a jeté l’éponge malgré la crise. “il faut qu’on rouvre tous pour retrouver chacun nos publics” espère Antonin Borie. Chaque établissement draine selon lui des publics, des profils bien différents.
De mars à décembre 2020 en France, 131 établissements de nuit ont été placés en liquidation judiciaire, 24 en redressement et six en procédure de sauvegarde, s'alarmait début janvier Thierry Fontaine, président de l'UMIH-Nuit France, précisant que les 1.600 discothèques françaises génèrent plus de 30.000 emplois directs. A terme selon lui, un tiers d'entre elles pourraient disparaître.