Une commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les abattoirs a constaté "plusieurs dysfonctionnements majeurs", à l'abattoir d'Autun, en Saône-et-Loire, mais "aucun signe de maltraitance".
Le président de la commission Olivier Falorni (membre du groupe à dominante PRG) et son rapporteur Jean-Yves Caullet (député PS de l’Yonne) se sont rendus à l’abattoir d’Autun lundi 23 mai 2016 à 4h30 du matin.
C’est le deuxième déplacement "inopiné" dans un abattoir, après celui de Feignies (Nord) il y a quinze jours.
La commission d'enquête "salue la volonté de communication de la direction de cet abattoir, qui lui a immédiatement ouvert ses portes" et souligne qu'"aucun signe de maltraitance animale n'a été observé - les salariés adoptant un comportement adéquat". Mais, les députés indiquent avoir "néanmoins constaté plusieurs dysfonctionnements majeurs, en particulier lors de l'amenée des animaux".
"Les derniers mètres du parcours avant l'immobilisation sont source de stress pour les animaux. Une fois ceux-ci arrivés dans le piège, le dispositif de contention ne permet pas une immobilisation satisfaisante pour l'application de la pince à électronarcose, ce qui rend le travail des salariés d'autant plus difficile", selon Olivier Falorni.
Pour le président de la commission d'enquête et député de Charente-Maritime, cette situation révèle "un manque d'investissements passés dans la modernisation du bâtiment et dans le matériel utilisé".
Mais "un plan d'investissement de 4,7 millions d'euros est prévu", principalement pour "le rééquipement des postes d'amenée et de contention des ovins et des porcins, qui constitue effectivement une urgence pour le bien-être animal et celui des opérateurs", précise-t-il.
L’abattoir d’Autun fait partie des établissements "multi-espèces (bovins, porcs, petits ruminants), de petite taille et en gestion publique (intercommunale).
La commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les abattoirs prévient qu'elle fera encore d'autres visites inopinées "dans les semaines à venir dans des établissements de types différents afin d'avoir la vision la plus complète possible des réalités du terrain".
Depuis trois ans, l'abattoir municipal d'Autun, en Saône-et-Loire, organise des portes ouvertes. Le but, rassurer le consommateur surtout après les vidéos choquantes diffusées ces dernières semaines dénonçant les sévices infligés aux bêtes dans des abattoirs français.
Voir le reportage tourné mi-mai 2016 à l'abattoir d'Autun par F. Acosta et M. Mohammad avec :
- Alexis Rousseau, visiteur et futur éleveur
- Philippe Chanteux, visiteur et consommateur
- Sibylle Le Meur, directrice de l'abattoir d'Autun
- Gabriel, jeune visiteur de 5 ans
Pourquoi une commission d'enquête a-t-elle été été créée ?
Une commission d'enquête parlementaire "sur les conditions d'abattage des animaux de boucherie dans les abattoirs français" a été créée à l'Assemblée nationale à initiative des députés radicaux de gauche.Cette décision a été prise suite aux scandales révélés ces derniers mois par l'association de défense des animaux L214 dans les abattoirs d'Alès et du Vigan, dans le Gard.
Celle-ci avait pointé notamment des "chevaux découpés encore vivants, moutons violemment jetés au mur, bovins suspendus par une patte et agonisants pendant la saignée, porcelets mal étourdis et conscients sur la chaîne d'abattage". Outre la cruauté, l'association dénonçait aussi "un matériel défaillant, un personnel incompétent, des vétérinaires absents".