La grippe aviaire est de retour. Deux cas ont été détectés vendredi 18 octobre à Épinac, près d’Autun, alors que le niveau de risque est passé de "négligeable" à "modéré" sur le territoire national. En Saône-et-Loire, des mesures de protection complémentaires sont désormais obligatoires pour les propriétaires et éleveurs de volailles.
Ce lundi 21 octobre ressemble à tous les autres. Place de la Charité à Louhans (Saône-et-Loire), les étals débordent et les visiteurs déambulent. Aujourd’hui pourtant, Patrick et Annick ont remarqué du changement au marché. "On pensait que quand on venait à Louhans, il y avait beaucoup de poules… là, il y en a presque pas !", s’étonne la retraitée.
Réduction du nombre de volaillers
Et pour cause : seuls trois volaillers sont désormais autorisés à vendre leurs poules vivantes sur le marché, contre une douzaine en temps normal. Une décision qui fait suite au rehaussement du niveau de risque de grippe aviaire de "négligeable" à "modéré" sur l’ensemble du territoire national.
Sur le marché, les trois producteurs sont donc espacés et ne peuvent plus sortir les poules de leur camion pour éviter tout risque de contamination. Parmi ceux tirés au sort aujourd’hui, Jean-Paul Treboz a du succès. "C’est vrai qu’on vend bien depuis ce matin", reconnaît l’éleveur.
Moins de producteurs, moins de poules… donc plus de clients. En quelques heures, ses soixante poules pondeuses ont toutes été vendues. "Il en restait quatre et on en a pris deux !", se réjouit Annick. Patricia, elle, avait tout prévu : "On a entendu parler de la situation, donc on est venus de bonne heure pour être sûrs d’avoir des poules !"
"D'ici deux ou trois semaines, il ne viendront plus au marché"
L’éleveur, pourtant, n’est pas si optimiste. Habitué du marché depuis 15 ans, cela fait déjà plusieurs années que ces restrictions sont mises en place, de fin octobre à avril environ. "Là, ce sont les vacances donc il y a du monde et les gens ne sont pas encore au courant. Mais d’ici deux ou trois semaines, ils ne viendront plus au marché car il y aura plus ou peu de volaille !", anticipe Jean-Paul Treboz, qui a accusé l’an dernier une perte de chiffre d’affaires estimée à 15 000 euros.
"Ça m'attriste pour la globalité du marché, pour tous les commerçants qui subissent à chaque fois la grippe aviaire. C’est de la frustration."
Jean-Paul Treboz, éleveur de poules pondeuses
À chaque vente, Jean-Paul Treboz doit désormais faire signer un document, permettant de recontacter les propriétaires si un cas de grippe aviaire était détecté dans son cheptel.
Si pour l’heure la Bresse est épargnée, deux cadavres d’oies ont été retrouvés dans une basse-cour privée d'Épinac (Saône-et-Loire), vendredi 18 octobre. "La détection de ce foyer montre que l’influenza aviaire circule activement parmi la faune sauvage et qu’une contamination des volailles domestiques peut survenir à tout moment", prévient la préfecture de Saône-et-Loire.
L’Est du département, situé sous un couloir de migration des oiseaux sauvages, est quant à lui placé en "zone à risque particulier". Conséquence : toutes les volailles doivent être mises à l’abri.
"On est habitués maintenant"
À Varennes-Saint-Sauveur (Saône-et-Loire), sur l’exploitation de Jean-Paul Treboz, c’est déjà chose faite. Ses 150 poules sont rentrées depuis le week-end, lorsqu’il a appris la détection des premiers cas. "On est habitués maintenant, souffle-t-il. Mais pour les éleveurs c'est toujours une angoisse, l’angoisse de les laisser enfermés, confinés, sans espace pour gambader." Si la maladie n’a jamais touché son cheptel, il doit "croiser les doigts" chaque année.
Seule dérogation au confinement : les volailles de Bresse. Si leurs parcours peuvent être limités, elles sont autorisées à rester dehors avant leur mise en épinette, début novembre.
Contacté, le Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse (CIVB) ne souhaite pas communiquer mais affirme ne pas être "inquiet" pour la production, tant qu’aucun cas n’a été détecté dans le secteur.