L’usine qui produit des bouteilles et des pots en verre a été touchée par un incendie cet été. Depuis, des fibres d’amiante ont été trouvées dans des morceaux de toiture, indique la CGT qui a déposé un droit d’alerte pour risque grave pour la santé publique.
Comment l’affaire a-t-elle commencé ?
Tout a commencé quand un incendie s’est déclenché à l’usine Verallia (ex Saint-Gobain) de Chalon-sur-Saône, en Saône-et-Loire, le 16 juillet 2019.Ce jour-là, il était environ 14h20 quand un feu se déclare au niveau de la charpente du four 1 (l’usine compte 3 fours). Les flammes provoquent d’importantes fumées noires visibles à plusieurs kilomètres à la ronde.
L’incendie est maitrisé par les pompiers en l’espace d’une heure. Par chance, il n’y a pas de blessé : seuls, quatre salariés indisposés par les fumées ont été conduits à l’hôpital pour des examens complémentaires.
Mais depuis cet incident, "des morceaux de toiture tombent régulièrement au four 1 au soufflage, là où travaillent des salariés", indique la CGT.
"Suite à ces multiples et répétées chutes de morceaux de toiture", des employés ont saisi le syndicat pour faire analyser ces déchets.
Des échantillons prélevés ont été analysés le 7 novembre dernier par un laboratoire spécialisé. "Sur 4 prélèvements effectués, 3 échantillons contiennent de l’amiante", assurent les représentants syndicaux.
Pourquoi un droit d’alerte a été déposé ?
"En ne prenant pas de mesures concrètes depuis l’incendie du F1 le 16 juillet dernier, la direction a fait le choix de faire prendre des risques potentiellement « mortels » à ses salariés, puisque depuis six longs mois, ces derniers travaillent dans une usine où tombent des déchets de toiture contenant des fibres d’amiante", indique la CGT.Les 10 membres CGT au CSE (Comité Social et Economique qui regroupe les délégués du personnel (DP), le comité d'entreprise (CE) et le Comité d'Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT) ont donc déposé un droit d’alerte auprès de la direction de Verallia lundi 6 janvier 2020. Une copie a été adressée au préfet de Saône-et-Loire, à la médecine du travail, à l’Inspection du travail, à la DREAL, à l’inspecteur de la CARSAT (caisse d'assurance retraite et de la santé au travail).
Le reportage d'A. Baudrand et A. Borlot avec :
- Christophe Bride, élu CSE Verallia et secrétaire adjoint CGT
Que répond la direction de Verallia ?
"Verallia se conforme aux obligations réglementaires en matière de risques liés au bâti de ses installations industrielles et procède à des états des lieux réguliers avec l’aide de prestataires extérieurs certifiés.Dans ce contexte, les vérifications nécessaires ont été menées par un organisme habilité sur les toitures endommagées lors de l’incendie de juillet 2019. Des inspections régulières continueront à être effectuées.
Depuis l’incendie survenu en juillet dernier, Verallia a également procédé à plusieurs mesures de la présence d’amiante dans l’air en juillet et en novembre 2019 avec l’aide de prestataires extérieurs certifiés et indépendants afin de déterminer le niveau d’exposition des employés à l’amiante.
L’ensemble de ces tests a démontré une absence de fibres d’amiante dans l’air ou dans des proportions largement inférieures à la valeur réglementaire maximum.
Ces résultats ont donc montré qu’il n’y avait pas de danger pour les employés de l’usine ni pour les habitants proches du site. Les salariés de l’usine ont été régulièrement informés des travaux de mesure effectués."
Par ailleurs, "outre le fait que les informations communiquées par la CGT sont le fruit d’un échantillonnage non conforme au protocole règlementaire avant expertise, les résultats de l’analyse sont dépourvus de sens au regard de la réglementation en vigueur. En effet, le sujet n’est pas la présence de fibres d’amiante dans les matériaux mais leur volatilité et donc le respect des seuils réglementaires dans l’air, respect qui a été attesté par les différentes mesures", estime la direction de Verallia.
Que va-t-il se passer maintenant ?
Une réunion du CSE a eu lieu entre la direction et les représentants du personnel mardi 7 janvier dans l'après-midi. Un expert indépendant pour la mesure d’amiante était aussi présent, indique la direction qui ajoute que "les différentes parties prenantes (DREAL, inspection du travail, etc.) ont été tenues informées des éléments partagés lors de ce CSE".
Dans un communiqué de presse, on apprend que de nouveaux contrôles de la qualité de l'air seront diligentés par la direction de Verallia. Un organisme certifié va effectuer des mesures pendant tout le mois de janvier, plus de 5 mois après l'incendie de la toiture du four n°1.
Le reportage d' A. Baudrand et A. Borlot avec :
- Christophe Bride, élu CSE Verallia et secrétaire-adjoint CGT
- Gilles Platret, maire de Chalon-sur-Saône (LR)
De son côté, le maire (LR) de Chalon-sur-Saône estime que les analyses prévues par l'entreprise sont nécessaires mais pas suffisantes. Des questions se posent pour les riverains vivant à proximité de l'usine. Gilles Platret annonce avoir sollicité le préfet et l'Agence Régionale de Santé pour que des tests à l'extérieur de l'entreprise soient également réalisés.
Les résultats d'analyses de la qualité de l'air à l'intérieur du site sont, quant à eux, attendus pour la fin du mois de janvier. Si aucune trace d'amiante n'est retrouvée, les toitures en fibrociment devraient rester en place jusqu'à la fin de vie programmée des fours, en l'occurrence 2024 pour le four numéro 1.