Alors que les salariés d'Alstom en France manifestent aujourd'hui pour défendre l'usine de Belfort, coup de projecteur sur Chalon-sur-Saône! Cette ville de Saône-et-Loire a également subi le traumatisme de perdre un site industriel emblématique : l'usine Kodak dans les années 2000.
Décembre 2007 et février 2008, en deux temps, l'usine Kodak de Chalon-sur-Saône est détruite par implosion. De ce fleuron industriel inauguré en 1962, il ne subsiste plus que des tonnes de gravats. L'épilogue d'une lente descente aux enfers initiée en 2004. A cette date, on compte encore 2 000 salariés sur le site. C'est alors l'un des plus gros employeurs privés de Bourgogne.
Mais avec la démocratisation des appareils photo numériques, la fabrication de pellicules argentique recule. Kodak a raté le virage technologique. Or, les photos grand public, le film pour le cinéma et les produits pour la radio médicale constituent le domaine d'activité du site chalonnais. De restructurations en plans sociaux, les effectifs fondent comme neige au soleil pour aboutir à une petite centaine de salariés à l'été 2006.
Comment réagir à ce choc ?
Cela constitue un traumatisme à l'échelle de toute la ville. A l'époque, de nombreuses questions de posent. Combien de salariés vont retrouver un emploi ? Que va devenir cette friche industrielle de 80 hectares ? Kodak a injecté entre 2 et 300 millions d’euros pour financer les plans sociaux et revitaliser le site qui se voit rebaptiser campus industriel. Les élus n'ont pas été en reste et se sont appuyés notamment sur les subsides prévus au contrat de plan Etat-région qui s’élèvent à 165 millions.
Aujourd'hui, en 2016, le campus industriel compte de dizaines d'entreprises. 800 emplois y ont été créés. On est loin des 2500 postes promis lors de la signature du contrat de réindustrialisation. Mais, sur place, des PME continuent de s'installer régulièrement. Le sentiment d'avoir tourné la page Kodak semble régner.
Le reportage de Denis Sébastian et Eric Jacquin avec :
- Patrick Bernard, ancien salarié de Kodak
- Valérie Obriot, dirigeante d'une des dernières PME installée sur l'ancien site Kodak