À l'ouverture du procès, ce lundi 14 décembre, Catherine De Conto a reconnu avoir tué son propre fils, Luca. Cette révélation fait suite à deux années durant lesquelles la mère de famille avait nié les faits. Le 5 février 2018, le corps de l'enfant avait été retrouvé asphyxié dans un sac plastique.
C’est ce lundi 14 décembre que démarre le procès de Catherine De Conto, à la cour d’assises de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône. La mère de famille est suspectée d'avoir assassiné son fils, Luca, 8 ans, retrouvé mort asphyxié dans la nuit du 4 au 5 février 2018.
La mère de famille reconnait avoir tué son fils
C'est en fin de matinée que la mère de famille a reconnu les faits. Catherine De Conto avoue avoir tué son fils, Luca, sans pour autant être en mesure d'expliquer son geste. Elle s'est ensuite effrondrée en larmes, demandant pardon à plusieurs reprises à sa fille. L'audience a été suspendue peu après midi.
Après les aveux de sa cliente, Samuel Estève, l'avocat de la défense s'est exprimé. Il reconnait que " Nous nous sommes vus samedi avec Catherine De Conto et le mouvement était déjà amorcé. Elle avait déjà craqué puisqu'elle avait fait une crise de nerf en prison, samedi. Je savais que c'était quelque chose qui allait venir. "
Une accusée " pas en état de verbaliser "
" C'est une bonne chose évidemment. D'abord pour la vérité, mais pour elle aussi et pour sa famille " Après avoir souligné l'importance des aveux, l'avocat a également émis quelques réserves quant à la tenue de la suite du procès : " Je ne sais pas si le procès va pouvoir se maintenir dans de bonnes conditions. C'est à dire que je sais pas si on va pouvoir rendre une bonne justice. (...) Là elle n'est pas en état de verbaliser. "
Le dossier avait " changé de physionomie "
Au moment de débuter le procès, plus tôt dans la journée, Samuel Estève, avocat de la défense, confiait déjà la " souffrance " de sa cliente : " C'est très compliqué pour elle, c'est une souffrance immense d'être là, elle est accusée d'avoir tué son fils. Je ne veux rien dévoiler avant l'audience mais elle va s'expliquer. "
Il ajoutait : "Nous sommes dans une configuration différente aujourd'hui. Je ne donnerai pas de détails nous attendrons sa parole à elle, j'attends qu'elle s'exprime mais je crois que nous sommes dans une configuration différente. Le dossier a changé de physionomie ".
Malgré l'état d'émotivité intense de Catherine de Conto, le procès reprend
Dès 14h15, l'audience a pu reprendre. La Présidente de la cour d'assises a demandé à ce que Catherine de Conto soit soumise à un examen médical. L'accusée présente un état d'émotivité intense, mais le médecin ne s'oppose pas à la poursuite de sa comparution. Le procès peut donc se poursuivre.
Ensuite, c'est en expert en toxicologie qui a été entendu. Aucune substance médicamenteuse ni alcool, n'ont été retrouvées dans le corps de l'enfant. De son côté, la mère avait consommé des anxiolitiques et du paracétamol codéiné, sous la forme d'un traitement de fond qu'elle suivait à cette époque. Cependant, aucun surdosage n'a été constaté.
" J'ai appuyé sur sa tête dans son lit, il avait déjà la couette sur son visage "
À 15h, la Présidente est revenue sur les aveux de l'accusée. Elle lui a demandé de préciser ce qu'il s'était passé dans la nuit du 4 au 5 février 2018. Face à elle, Catherine de Conto est en sanglots. Elle déclare : " J'ai appuyé sur sa tête dans son lit. Il avait déjà la couette sur son visage ". L'accusée s'effondre, en larmes : " J'ai pas fait ça " clâme-t-elle. L'audience est à nouveau suspendue.
À la suite de cette nouvelle suspension, l'accusée s'est replongée dans ses souvenirs de la nuit meurtrière. " Quand je rentre dans sa chambre, il dort. Il est sous sa couette. Je ne vois pas son visage, je ne sais pas s'il est réveillé ". Catherine de Conto positionne alors ses mains sur la couette, qui est sur le visage de son fils.
Une fois que Luca a été étouffé, il " ne bouge plus. Je le prends dans mes bras et je le pose par terre. Puis avec la couette je le fais glisser. Je vais chercher mon téléphone et j'appelle les pompiers " .
À l'arrivée de ces derniers, le visage de l'enfant est recouvert d'un sac plastique. La mère nie avoir déposé le sac sur le visage de son fils. Si elle admet qu'un sac était dans la chambre, " il tranait par terre " elle nie l'avoir utilisé pour tuer son fils ou même de l'avoir déposé une fois le crime commis. Elle répète : " il n'y avait pas de sac sur sa tête ".
Près de trois ans de questions
Dans la nuit du 4 au 5 février 2018, le hameau du Taisey à Saint-Rémy (Saône-et-Loire) bascule dans l’horreur vers 2 heures du matin. Catherine De Conto alerte les policiers : son fils, Luca, est mort étouffé sous un sac en plastique. La mère déclare aux enquêteurs avoir découvert deux cambrioleurs dans la chambre de son fils, qui auraient pris la fuite à son arrivée.
Elle est placée en garde à vue en raison de « divergences entre les constatations effectuées par le service enquêteur et ses déclarations ». Puis Catherine est remise en liberté, faute d’éléments graves et concordants. Le 23 mars, le procureur de la République de Chalon-sur-Saône confirme que Catherine De Conto est mise en examen pour meurtre sur mineur de moins de 15 ans. Elle est placée en détention.
Les parties civiles en quête de " vérité "
Parmi les parties civiles, Charlène, la fille aînée de Catherine de Conto, est présente au procès. " C’est très compliqué pour elle, c’est douloureux car c’est aussi sa mère et c’est quelque chose qu’elle n’oublie pas " explique Maitre Agnès Ravat-Sandre, avocate des parties civiles.
Celle qui défend également l'association " Enfance et Partage " abonde également sur la version des faits de la mère de famille : " Madame De Conto avait jusqu’à présent sa version des faits, à laquelle sa fille n’a pas cru. Sur un tel procès pendant cinq jours beaucoup de choses peuvent être dites et révélées ".
Catherine De Conto encourt jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.
L'émotion à Saint-Rémy
« Un enfant de 8 ans ne mérite pas de partir », « il était adorable, poli, souriant. C’était le copain de nos enfants » se rappelaient les voisins il y a deux ans. C’est toute une commune qui a été secouée par le meurtre du petit garçon. « Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? On n’a pas les mots qu’il faut… C’est des gestes inexplicables » témoignait une habitante du quartier. « On n’est pas bien. On attend vraiment le dénouement » ajoutait Laurent, papa d’un camarade d’école de Luca.
Le procès doit durer jusqu'au vendredi 18 décembre.