Delphine Chouvet et son équipe des Valoristes bourguignons recyclent des déchets peu traités en Saône-et-Loire, comme le polystyrène par exemple. En favorisant le retour à l’emploi, cette entreprise solidaire allie social et préservation de l’environnement.
C’est une structure d’insertion pas tout à fait comme les autres.
A Crissey, en Saône-et-Loire, l'entreprise "les Valoristes Bourguignons" traite et valorise des déchets peu ou mal pris en compte dans la région.
►Une structure qui s’inspire du mouvement des "Chiffonniers"
Delphine Chouvet a beaucoup travaillé à l’étranger, en Afrique et en Inde, auprès de "chiffonniers". Ces travailleurs en grande précarité survivent grâce au tri des ordures.
Quand elle rentre en France, elle veut s’inspirer de son expérience et lancer une activité.
La jeune femme prend conseil auprès de l’ADIE (association pour le droit à l’initiative économique). Cet organisme de microcrédit la met en contact avec des gens du voyage. Elle découvre une communauté de travailleurs indépendants spécialisés dans la récupération de ferrailles, mais souvent, sans pouvoir en vivre.
A la même époque elle visite le centre d’enfouissement du département, à Chagny, en Saône-et-Loire, un lieu gigantesque où sont traités tous les déchets non recyclables. Elle est choquée. Sous ses yeux s’étalent un nombre impressionnant de déchets que l’on sait recycler mais qui se retrouvent là faute d’un bon tri sélectif.
Cette entrepreneuse étudie ce qui pourrait être recyclé et réussit à lever 350 000 euros. Elle lance "les Valoristes Bourguignons" qui démarrent le premier janvier 2017, avec des personnes en insertion, éloignées de l’emploi.
L’originalité des "Valoristes Bourguignons" est que la structure traite des déchets peu ou pas du tout valorisés dans la région : le polystyrène et la glassine.
►Une structure qui recycle le polystyrène
Dans un premier temps, l’entreprise se lance dans la valorisation du polystyrène expansé, non souillé.
Ce matériau constitué de 98 % d’air met 1 000 ans à disparaître. Par comparaison le papier met un mois, le plastique 500 ans et le verre 4 000 ans. Un véritable enjeu environnemental pour nos sociétés qui croulent sous les déchets. Et très peu d'organismes en Bourgogne-Franche-Comté les recyclent.
Il provient aussi d’entreprises ou de commerces, caisses des poissonniers, emballages de l’agroalimentaire. Il est ensuite traité dans l’atelier de l’association qui le broie, le compacte pour l’envoyer dans des usines qui le réutilisent pour fabriquer de nouveaux produits : isolation, pochettes de CD, ceintres… En tout 4 500 m2 de polystyrène sont traités par an.
►Une structure qui recycle la glassine
D’autres matériaux sont traités dans cet établissement. C’est le cas de la glassine, un produit dont peu connaissent le nom. C'est un papier autocollant, enduit de silicone, utilisé notamment pour les étiquettes collées sur les bouteilles de vin.
En Saône-et-Loire, "les Valoristes Bourguignons" sont les seuls à recycler la glassine.
La filière débute, le marché n’est pas encore rentable mais il est rendu possible parce que la structure est un chantier d’insertion.
Des bacs de collectes sont installés chez les viticulteurs. La glassine est récupérée et traitée. Le produit final servira à fabriquer de la pâte à papier.
En 2018, 20 tonnes de glassine sont passées par les ateliers des Valoristes.
"Les Valoristes Bourguignons" recyclent aussi les plaques de plâtre et le plastique souple.
Une activité de déjantage des roues permet également de recycler correctement le métal et les pneumatiques.
Une vingtaine de personnes en tout font vivre cette association : 2 permanents, 6 personnes en insertion envoyées par Pôle Emploi, 14 bénévoles et 2 indépendants qui s’occupent du débarras des maisons.
►Une structure qui teste un nouveau dispositif d’insertion
Grâce à Delphine Chouvet, "les Valoristes Bourguignons" sont devenus pilotes d'un nouveau dispositif d’insertion qui va être étendu à toute la France et va toucher encore plus de monde.
Face au constat que le monde de l’emploi bouge, l’insertion ne peut plus être proposée aux seuls salariés. Désormais, elle va aussi concerner les travailleurs indépendants (auto-entrepreneurs). La loi a été votée cet été et le décret d’application doit suivre.
Les invités de Franck Menestret :
- Delphine Chouvet, fondatrice de l'association "Les Valoristes Bourguignons"
- Jean-Bernard Pieuc
- hot, directeur administratif de "Bourgogne de vigne en verre"
- Benjamin Destremau, encadrant technique de l'association "Les Valoristes Bourguignons"
- Hacer Uysal, salarié