Les syndicats de pharmaciens ont appelé à la grève des gardes pour le week-end de la Pentecôte. Une façon d'alerter sur leurs difficultés économiques tout en protestant contre un projet de libéralisation de la vente des médicaments.
Après les infirmiers libéraux il y a deux jours, c'est au tour des pharmaciens de se mobiliser. À partir de ce samedi 18 mai jusqu'à lundi 20, deux des syndicats du secteur, l'Union Syndicale des Pharmaciens d'Officine (USPO) et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), appellent à la grève des gardes "partout sur le territoire".
Pour les pharmaciens, il s'agit d'une première depuis 10 ans. "Il faut montrer que ce qui nous touche est quelque chose de très grave", explique Anne-Lise Godefroy, co-présidente de l'USPO en Saône-et-Loire, "qui demande une réponse rapide et de qualité".
✊ Pharmaciens, nous appelons à votre engagement massif dans la #GrèveDesGardes ce week-end, du 18 au 20 mai.
— USPO - Pharmaciens d’Officine (@USPO_Pharmacies) May 17, 2024
La profession doit s'unir contre :
🚫 La fermeture définitive de la pharmacie
❌ Une dégradation assurée de l’accès aux soins
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Dans le viseur de la profession, un projet porté par le gouvernement visant à faciliter la vente de médicaments en ligne, évoqué par le Premier ministre Gabriel Attal lors de son discours de politique générale le 30 janvier dernier. Un non-sens pour les pharmaciens, qui craignent "que la santé des patients passe au second plan".
Si le verrou du contrôle direct par le pharmacien saute, l'augmentation des accidents médicamenteux va être exponentielle.
Anne-Lise Godefroy,co-présidente de l'USPO Saône-et-Loire
"Ce projet de loi veut déréguler l'activité de la pharmacie via différents biais", poursuit Anne-Lise Godefroy. "Par exemple en autorisant des plate-formes en ligne à vendre des médicaments issus de stocks déportés, c'est-à-dire pas contrôlés par des pharmaciens. Financièrement, on ne peut pas concurrencer ces plate-formes, mais le problème est surtout de santé publique."
Reste que la question fiancière est aussi au cœur de ce mouvement de grève. "Il y a un malaise depuis plusieurs années", assure Abdeslam Karrandou, pharmacien à Montceau-les-Mines. "Après la crise Covid, nous avons été touchés de plein fouet par l'inflation. Nous ne sommes toujours pas entendus par les pouvoirs publics."
C'est d'ailleurs là l'un des points de crispation, alors que les syndicats espèrent obtenir des revalorisations de la part de l'Assurance maladie. "Nous n'en avons pas eu depuis 2019", soupire Anne-Lise Godefroy. "Aujourd'hui, nos trésoreries sont exsangues, les officines ferment en cascade au rythme d'une par jour depuis le début de l'année. Il y a un vrai risque de disparition du réseau."
Une autre journée de mobilisation aura lieu jeudi 30 mai. Les 20 500 pharmacies de France sont appelées à baisser le rideau toute la journée. Une grève qui ne devrait toutefois guère impacter les patients : comme pour ce week-end de Pentecôte, des réquisitions devraient avoir lieu.