Les contrôles actuellement menés à la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire pour vérifier la sûreté de certains équipements nucléaires sont "une chance" pour la filière de s'améliorer et conquérir de nouveaux marchés, estime le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue.
"Il faut que nous sachions positiver"
A la demande de l'ASN, le gendarme du secteur, EDF a prévu d'arrêter temporairement cinq réacteurs de son parc français pour s'assurer de la sûreté de leurs générateurs de vapeur, dont l'acier présente un défaut lié à une teneur élevée en carbone.
Un audit est par ailleurs en cours à la forge du groupe Areva au Creusot, en Saône-et-Loire, pour vérifier la conformité des dossiers de suivi de fabrication des grands composants nucléaires qui y sont forgés.
"Je veux vous dire avec force qu'il faut que nous sachions positiver ces éléments", a déclaré Christophe Sirugue qui a visité le site du Creusot vendredi 21 octobre 2016.
"Si nous voulons que la filière nucléaire soit forte, si nous voulons qu'elle soit crédible, si nous voulons qu'elle soit compétente en termes de marché, il faut qu'elle soit sûre", a-t-il déclaré lors d'un point presse. "Parce que nous savons identifier les difficultés, parce que l'entreprise saura les corriger, parce qu'elle saura tirer les enseignements, c'est une chance supplémentaire pour notre capacité à aller chercher des marchés à l'extérieur", a-t-il ajouté.
Christophe Sirugue a dit aussi avoir insisté auprès d'EDF pour qu'une partie de la fabrication des pièces nécessaires à la construction de deux réacteurs EPR à Hinkley Point, en Angleterre, soit confiée à l'usine du Creusot. "Nous avons demandé à EDF qu'il y ait bien évidemment une répartition (...) qui fasse qu'il y ait de l'activité pour Creusot Forge", a-t-il indiqué.
Un comité stratégique de la filière nucléaire sera bientôt réuni
Le groupe EDF est en train de racheter l'activité réacteurs d'Areva, dont dépend le site bourguignon. Cet achat se déroule dans le cadre d'un plan de sauvetage d’Areva, qui est en difficulté financière. Une offre ferme est attendue au mois de novembre. Fin septembre, Areva avait annoncé avoir signé pour plus de 5 milliards d'euros de contrats pour le méga-projet anglais, dont la réalisation de deux chaudières nucléaires et la fourniture de combustible.Christophe Sirugue a aussi dit avoir proposé de réunir avant la fin 2016 le Comité stratégique de la filière nucléaire qui rassemble, sous l'égide du gouvernement, l'ensemble des acteurs de la filière.
Il a par ailleurs assuré que le calendrier du plan de sauvetage d'Areva serait tenu : l'Etat participera au "début de l'année 2017" à une recapitalisation du groupe, dont les activités seront recentrées sur le cycle du combustible nucléaire au sein d'une nouvelle entité (NewCo), après la cession de l'activité réacteurs. Un feu vert de Bruxelles est attendu "fin d'année, tout début de l'année prochaine", a-t-il dit.
Le logo d'Areva, géant du nucléaire français
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Qui sont les investisseurs intéressés par le nucléaire français ?
La Commission européenne veut notamment s'assurer que le plan ne constitue pas une aide d'Etat et que le gouvernement français agit en "investisseur avisé", aux côtés d'investisseurs tiers dans NewCo. "Des offres préliminaires ont été soumises" par le groupe chinois CNNC, le japonais Mitsubishi Heavy Industries (MHI) et le kazakh Kazatomprom. Une offre engageante est espérée pour "fin novembre, début décembre", a précisé une source proche du dossier à l'AFP, en indiquant que les discussions avançaient tout en étant "intenses".Sur une injection totale de 5 milliards d'euros, l'Etat devrait participer à hauteur de 4 milliards d'euros : 2 milliards pour la holding Areva SA qui gérera le délicat contrat de l'EPR en construction en Finlande et les activités destinées à être cédées, et 2 milliards d'euros pour NewCo. Il resterait donc environ un milliard d'euros environ sur NewCo pour les autres investisseurs.