C’est fini pour Tunneling Equipment (ex-Mülhauser et NFM Technologies) : la justice a prononcé la liquidation judiciaire sans poursuite d'activités du dernier fabricant de tunneliers en France, situé au Creusot, en Saône-et-Loire. Mais, le site intéresse un repreneur pour une nouvelle activité
Le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône a prononcé la liquidation judiciaire de Tunneling Equipment sans poursuite d'activités vendredi 17 avril 2020.C’est la fin d’une longue attente pour les ouvriers qui étaient sans activité depuis juillet 2019, faute de commandes et de solution d'avenir proposée par l' actionnaire allemand.
Les derniers tunneliers fabriqués par les ateliers de Tunneling Equipment avaient été commandés pour la ligne de chemin de fer Lyon-Turin, le métro de Londres et le prolongement de la ligne 14 du métro parisien jusqu'en Seine-Saint-Denis.
Sur les 80 salariés que comptait l'entreprise il y a deux ans, il n'en restait plus que 28 au Creusot et 26 dans les bureaux d'études à Lyon.
Quant aux machines, elles avaient quitté l’usine de Saône-et-Loire depuis plusieurs mois.
"C'est une déchirure, mais c'est aussi une délivrance pour tous les salariés", déclare Ilhan Kormaz, délégué CGT, interrogé par Creusot Infos. "On espère un reclassement et on espère un repreneur pour ces très beaux ateliers", dit-il.
La France perd son dernier fabricant de tunnelier
Tunneling Equipment était en redressement judiciaire depuis plusieurs mois. L'entreprise avait accumulé plus de deux millions d'euros de déficit.
"On aura essayé jusqu’au bout de maintenir un superbe savoir-faire", explique à France 3 Bourgogne Rémy Rebeyrotte, le député de la 3e circonscription de Saône-et-Loire.
"En effet, les perspectives sont intéressantes pour ce type d’industrie. Partout dans le monde, de nombreux projets ont besoin de tunneliers : le chantier du Grand Paris et d’autres à Londres, en Inde, en Chine… De plus, un fabricant de tunneliers fait travailler beaucoup de PME et de PMI pour tout ce qui est électronique, etc. Mais, cela n’a pas marché", reconnaît l’élu.
La piste d'un repreneur ?
Il y a quand même un espoir, car un repreneur du bassin creusotin s’est manifesté pour développer sur le site de nouvelles activités industrielles adaptées aux caractéristiques des locaux.
"Il aménerait une activité nouvelle en profitant de la taille des ateliers et des gigantesques ponts roulants."
Ce repreneur envisage de reprendre la vingtaine de salariés, car "ce sont des professionnels de grandes valeurs ayant des qualifications industrielles très demandées", ajoute Rémy Rebeyrotte.
L’élu LREM travaille sur ce dossier avec la Secrétaire d’Etat en charge de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, le préfet de Saône-et-Loire, le Commissaire au Redressement Productif de Bourgogne-Franche-Comté.
Mais, "ce sont les collectivités locales (la Région Bourgogne-Franche-Comté, la communauté urbaine Le Creusot-Montceau et la mairie du Creusot) qui sont en première ligne pour que le projet puisse voir le jour" précise le député de la 3e circonscription de Saône-et-Loire, qui se dit très optimiste.
De NFM à Tunneling Equipment
L’usine du Creusot a appartenu jusqu’en 2018 au groupe NFM Technologies, le seul fabricant français de tunneliers.Lorsque NFM a été mis en redressement judiciaire, le site a été repris par le groupe allemand Mülhäuser, partenaire historique de NFM Technologies. A l’époque, cette offre n'était pas jugée "très satisfaisante financièrement", mais Mülhäuser était le seul candidat en lice.
Par la suite, l’usine a pris le nom de Tunneling Equipment.