Un lotissement géré par un bailleur social s'est embrasé, dans la nuit de dimanche 11 à lundi 12 décembre, à Torcy près du Creusot. Le pavillon d'où est parti l'incendie était squatté, et la situation dénoncée depuis des mois par les riverains sinistrés.
"C'était 35 ans de ma vie." En larmes, Evelyne se blottit dans les bras d'un voisin. En quelques heures, sa maison et sept autres sont parties en fumée. L'incendie a démarré dans l'une des habitations de ce lotissement géré par l'OPAC, un bailleur social de Saône-et-Loire. Les flammes ont pris vers 17 heures dimanche 11 décembre, avant de se propager rapidement aux maisons mitoyennes.
"Tout le monde était au courant" que les lieux étaient squattés
Ce matin, les riverains sont anéantis, mais aussi en colère. "Tout ça à cause de dealers de shit de merde ! J'ai pas peur de le dire", peste un autre voisin sinistré. Plusieurs habitants accusent en effet des squatteurs et des dealers, qui auraient élu domicile dans la maison d'où est parti l'incendie, inoccupée depuis des mois voire des années.
"Même l'OPAC était au courant. L'OPAC, la mairie, ça fait six mois qu'on leur dit, tout le monde était au courant !", déplorent les voisins.
Présent sur place ce matin, le président de l'OPAC de Saône-et-Loire, Lionel Duparay, reconnaît le problème des squatteurs : "Malheureusement, ce sont des problématiques qui se répètent. Depuis un mois, nous avons fait deux dépôts de plainte. À chaque fois, on referme le logement, on le sécurise. Malheureusement, les squatteurs trouvent toujours un moyen de retourner dans ces locaux."
Mais les riverains estiment que le bailleur n'en a pas fait assez. "Pourquoi ils n'ont pas tout muré au lieu d'attendre ? À part mettre des bouts de bois pour condamner les fenêtres, ils n'ont rien fait", soupire Evelyne. "Maintenant, c'est nous qui allons faire. S'il faut qu'on fasse nous-même notre propre justice... On va finir par la faire", menace un voisin.
La mairie de Torcy confirme également avoir été au courant, mais dit ne pas être décisionnaire, comme elle l'indique dans un communiqué publié ce lundi : "Nous avons sollicité l'OPAC 71 à de nombreuses reprises pour que ces logements soient enfin sécurisés, sans succès. Aujourd'hui, les habitants payent le prix fort."
Pourquoi les dégâts sont-ils si étendus ?
Au départ appelés pour l'incendie d'un seul pavillon, les pompiers de Saône-et-Loire ont été vite débordés. Les matériaux de construction ont en effet aggravé la vitesse du feu. "On s'est rendus compte qu'il y avait une propagation au niveau des toitures", explique le commandant Sébastien Deroche, chef de la compagnie des sapeurs-pompiers du Creusot.
Ça nous a causé beaucoup de soucis, puisque les fumées se sont propagées en-dessous des toitures, et les flammes au-dessus. On a eu beaucoup de difficultés à stopper cette propagation.
Sébastien Deroche,chef de la compagnie des sapeurs-pompiers du Creusot
En effet, les logements ne datent pas d'hier. "Ils ont été construits en 1969 et les toitures ont été refaites en 1985", explique Lionel Duparay de l'OPAC. "Ce sont des bâtiments de facture relativement ancienne, construits sur le principe du préfabriqué. C'était le principe des habitats à loyer modéré à l'époque."
Au total, 200 sapeurs-pompiers se sont relayés de l'après-midi jusqu'au lendemain matin pour éteindre les flammes. Ce lundi matin, l'incendie était éteint. Les dégâts sont considérables. "Si le feu était survenu un peu plus tard en soirée, le bilan serait peut-être bien plus lourd", note le préfet du département, Yves Séguy, qui a fait le déplacement ce matin. "Nous sommes sur un bilan de six blessés légers parmi les pompiers, mais nous sommes passés à côté de quelque chose d'infiniment plus grave."
Un appel à la solidarité lancé
Dans son communiqué, la mairie de Torcy note qu'une enquête "va être menée pour déterminer les responsabilités de chacun, mais aujourd’hui l’urgence est à l’entraide et à la solidarité envers les personnes qui ont tout perdu".
La solidarité s'est déjà mise en place : "de nombreux habitants de Torcy et des communes voisines souhaitent apporter leur aide aux familles touchées", indique la mairie. Une collecte de fonds et de dons est ouverte, organisée par la Maison des familles de Torcy. Cette dernière est joignable au 03 85 73 94 10, si vous souhaitez faire des dons (argent, meubles, vêtements...).
"Les élus seront à côté des locataires et des propriétaires, pour qu’une solution de relogement rapide et satisfaisante soit proposée à chacun par l’OPAC. Un accompagnement est proposé par le CCAS de la commune pour aider les familles concernées."
En outre, un "temps d'échange" ouvert à tous aura lieu ce mardi 13 décembre à 11 heures, à la Maison des familles.