Une pétition en ligne demandant la "liberté pour Valérie Bacot" a enregistré plus de 55 000 signatures en quelques jours. Le comité de soutien de cette quadragénaire de Saône-et-Loire, qui a tué son mari violent en 2016 et sera jugée en juin, entend ainsi interpeller le public et le gouvernement.
En juin 2021 devrait s'ouvrir à Chalon-sur-Saône le procès de Valérie Bacot. L'histoire de cette habitante de Baudemont, en Saône-et-Loire, fait écho avec celle de Jacqueline Sauvage, condamnée en 2014 puis grâciée par le président de la République en 2016. Comme elle, Valérie Bacot a donné la mort à son mari violent qui abusait d'elle, en mars 2016.
En amont du procès, quatre proches de l'accusée se sont mobilisés. Regroupés au sein d'une association, le comité de soutien à Valérie Bacot, ils ont lancé une pétition sur le site Change.org qui a recueilli près de 57 000 signatures ce 8 janvier, seulement quatre jours après sa création. Elle réclame la "liberté" de Valérie Bacot. L'accusée est libre sous contrôle judiciaire dans l'attente de son procès.
Interpeler l'opinion publique
"Nous sommes agréablement surpris," confie Sandrine Dubouis, fondatrice du comité de soutien. Nous voulons juste qu'elle ne retourne pas en prison. Nous ne sommes pas juristes, nous ne pouvons pas l'acquitter, mais nous pouvons porter sa voix dans les médias."
Par notre parole, nous pouvons montrer que la vie de Valérie Bacot est faite de dysfonctionnements. (...) Elle a eu une vie de violence, elle ne sait pas comment ça se passe autrement.
Le cas de la Baudemontoise interpelle sur les réseaux sociaux : "Nous avons reçu le soutien de Najat Vallaud-Belkacem. C'est une très bonne chose," se réjouit Florian Maïly, l'un des membres du comité de soutien et de la pétition.
Mon dieu, mais je n’en peux plus de ces horreurs, et personne ne doit plus en pouvoir! De grâce @EmmanuelMacron Liberté pour Valérie Bacot @de_bacot #LibertePourValerie https://t.co/HZgvI8xV2I
— Najat Vallaud-Belkacem (@najatvb) January 7, 2021
Sur Twitter, la pétition a aussi été relayée par Karine Passard, militante féministe qui avait justement lancé la même initiative en 2016 pour appuyer la demande de grâce présidentielle formulée par les filles de Jacqueline Sauvage. Avec 380 000 signataires, cette pétition avait alerté François Hollande qui a finalement prononcé la grâce en 2016. Jacqueline Sauvage purgeait alors une peine de 10 ans de réclusion criminelle prononcée en appel en 2015, peine similaire à celle de première instance en 2014.
Inspirés par l'affaire Sauvage, les proches de Valérie Bacot espèrent par cette pétition médiatiser l'affaire en vue du procès. Valérie Bacot sera d'ailleurs défendue par Me Janine Bonaggiunta et Me Nathalie Tomasini, auparavant avocates de Mme Sauvage. "Il faut apprendre aux gens à tendre la main aux femmes victimes de violences conjugales, à dépister les petits signes pour éviter d'en arriver à de pareils drames," préconise Sandrine Dubouis.
Violentée pendant 18 ans
Le 13 mars 2016, Valérie Bacot donnait la mort par arme à feu à son mari Daniel Polette, et l'enterra avec l'aide de ses enfants à La Clayette, la commune voisine.
De 25 ans son aîné, cet homme qui fut initialement l'amant de sa mère avait abusé d'elle lorsqu'elle était enfant. Condamné à quatre ans de prison en 1995 pour viol sur mineur de 15 ans, celui-ci est sorti au bout de deux ans et demi. Un premier enfant est alors né de sa relation avec Valérie Bacot, alors âgée de 17 ans et le couple s'installe à Baudemont, où trois autres enfants virent le jour. Pendant 18 ans de vie commune, la Baudemontoise est battue, violée et même prostituée par son conjoint.
Valérie Bacot et ses enfants sont interpellés le 2 octobre 2017 et le corps déterré le lendemain, soit dix-sept mois après les faits. Le 19 décembre 2019, le tribunal pour enfants de Mâcon a condamné ses deux fils et le petit-ami de sa fille, mineurs au moment des faits, à des peines de six mois de prison avec sursis pour recel de cadavre. Mise en examen pour assassinat, Valérie Bacot risque la réclusion criminelle à perpétuité.