"Le Président se moque de nous" : les syndicalistes pas convaincus par l'allocution d'Emmanuel Macron

De nombreux salariés ont suivi l'allocution télévisée du Président de la République à 13 heures ce mercredi 22 mars. Des syndicalistes ont également été attentifs à l'intervention d'Emmanuel Macron. C'est le cas pour des membres de Force Ouvrière en Saône-et-Loire qui ont livré leurs réactions.

C'est une prise de parole qui était attendue. Ce mercredi 22 mars, Emmanuel Macron était l'invité des journaux de 13 heures de TF1 et France 2 pour évoquer la crise politique et sociale engendrée par la réforme des retraites.

Une allocution télévisée, depuis l'Elysée, qui s'effectue après plusieurs manifestations spontanées et une poussée de fièvre sociale en France, notamment depuis l'utilisation de l'article 49.3 et le rejet des motions de censure à l'Assemblée nationale.

"On s'attendait à ce que Macron fasse du Macron"

François Bucaille, secrétaire général de l'Union départementale Force Ouvrière de Saône-et-Loire, a suivi avec attention l'interview du chef de l'Etat ce mardi. Selon lui, le Président de la République  "se moque de nous, il essaie de reprendre la main.". Ils sont peu nombreux dans le local syndical à écouter l'interview. Mais les visages sont graves et le discours ne passe toujours pas.

Face aux journalistes, Emmanuel Macron, inflexible, a évoqué les débordements lors des récentes manifestations. A ce sujet, le secrétaire général de FO résume : "Nous, on est en Saône-et-Loire, on n'est pas à Paris, ça s'est toujours bien passé, ça s'est contenu, ça s'est organisé, dans beaucoup de villes c'est comme ça. Il ne faut pas prendre l'exemple de quelques casseurs - que nous condamnons, on n'est pas pour la violence - pour dire 'c'est moi l'autorité, c'est moi le rempart face à cette violence'. La musique, elle est connue, il n'est pas le premier à la servir." 

L'intervention du Président était-elle faite pour apaiser la colère sociale ? François Bucaille n'y croit pas : "Ce n'est pas ce qu'on attend du Président de la République. On a été des millions dans la rue depuis le 19, sans arrêt, on fait des distributions de tracts, des blocages d'entreprises. On va continuer, on ne va rien lâcher. On va continuer à proposer le retrait". 

Une forme de résignation s'installe maintenant pour le syndicaliste alors que le Président n'a rien proposé, ni amendement, ni modification, ni retrait, ni remaniement : "c'est ce qu'on appelle le rapport de force. On va continuer à l'exercer, à l'amplifier, à le mettre en place, pour justement amener ce gouvernement et le Président de la République à se dire ce n'est plus tenable, on doit reculer."

Devant le discours du Président qui prône l'intérêt général, le syndicaliste lui, "défend l'intérêt particulier des salariés, c'est de pouvoir partir en retraite sans être épuisé." 

Mais l'amertume l'emporte. Car ces refrains, les militants disent les avoir trop entendu… Désabusés, ils regrettent une nouvelle fois le manque de dialogue…"ils nous a plutôt snobés, les Confédérations l'ont toutes dit. On n'a pas vu le Ministre du Travail ni la Première Ministre depuis le début du conflit [...]. C'est un passage en force du Président de la République. On va continuer à faire ce qu'on fait, on prévoit une très grosse manifestation demain en Saône-et-Loire."

"Il nous méprise complètement ! Il ne nous entend pas !"

Anne Duchet

Secrétaire de l'Union Locale FO de Mâcon

Anne Duchet est employée de crèche. Elle est également secrétaire générale de l'Union Locale de Mâcon. Devant la prestation du Président de la République, elle commente : "C'est très dur depuis le 19 janvier, nous sommes tous mobilisés pour faire évoluer les choses, de ne pas avoir cette réforme qui nous asphyxie complètement, mais il n'écoute pas."

Le sentiment dominant pour cette syndicaliste, c'est de pas avoir été écoutée : "Là, il nous méprise complètement ! Il ne nous entend pas ! Il parle de gens qui n'ont plus envie de travailler, on parle de combien de personnes ? Sûrement pas ceux qui vont manifester et qui auront une imputation sur leur salaire, là. On ne les voit pas les autres ! Il parle des blocages aussi, de quelques personnes. Ceux qui manifestent depuis le 19 janvier, qui font des blocages, qui n'arrivent pas à finir leurs fin de mois, qui n'arrivent pas à nourrir leurs enfants et qui sont déjà usés alors qu'ils ont 50 ans !"

Les critiques sont nombreuses : "Il est hors-sol, il est en dehors de la réalité, il ne se rend pas compte. Ce discours risque de produire encore plus de colère. Parce qu'on a l'impression que pour lui, c'est fini la réforme des retraites. Quand on est obligé d'utiliser un 49.3, ce n'est pas de la démocratie."

Jeudi 23 mars, nouvelle journée de mobilisation

Un communiqué de presse intersyndical pour le département de la Saône-et-Loire invite à une mobilisation "massive" et "à se mettre en grève" jeudi 23 mars : "l’intersyndicale départementale mesure avec gravité la responsabilité que porte l’exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie. Oui, ce n’est pas parce qu’une loi est adoptée, alors même qu’elle est rejetée par une très forte majorité de la population et de salarié-es, qu’elle sera appliquée ! Souvenons-nous de la loi dite CPE qui bien que promulguée n’a jamais été appliquée !
Aujourd’hui, une nouvelle séquence s’offre à nous et aux travailleurs-euses de ce pays."

En Saône-et-Loire, les principaux rendez-vous pour la mobilisation interprofessionnelle du jeudi 23 mars sont : 

  • Mâcon : manifestation à 14h30 à l'Esplanade Lamartine
  • Autun : manifestation à 14h30 sur la place de la gare
  • Le Creusot : action le matin vers le casino et départ de la manifestation à 14h
  • Montceau : manifestation sur la place de la mairie à 14h30
  • Chalon : manifestation à 14h30 à la Maison des syndicats

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CARTE. Grève du 23 mars contre la réforme des retraites : où et quand ont lieu les manifestations en Bourgogne ?

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