Les pesticides en accusation : les réactions après le témoignage d’un viticulteur de Saône-et-Loire

Dans un documentaire intitulé "Pesticides, la plaie des champs", diffusé sur France 5, Marc Sangoy, viticulteur en Saône-et-Loire, est le seul agriculteur de France à avoir accepté de témoigner face caméra sur l'usage des pesticides. Le collectif mâconnais Pesticides et Santé réagit. 

Mardi 17 décembre 2019, le magazine "Enquête de santé" sur France 5 a proposé une soirée autour de la problématique des pesticides en diffusant le documentaire "Pesticides, la plaie des champs" réalisé par Delphine Renault. 

Dans ce magazine, on peut découvrir le témoignage de Marc Sangoy. Président de la coopérative de Lugny, ce viticulteur est le seul à avoir accepté d'être filmé en train de manipuler des produits phytosanitaires avant de traiter ses parcelles contre le mildiou et l'oïdium, deux des principales maladies de la vigne. 

"On est obligé pour protéger la récolte, sinon vous pensez bien qu'on s'en passerait largement", dit le viticulteur. Masques, gants, lunettes et combinaison intégrale, voilà tout l'attirail obligatoire porté par Marc Sangoy, car les produits qu'il utilise exigent une protection maximale.

Un cadre très réglementaire


Depuis 2011, il faut obtenir un certificat pour pouvoir utiliser des produits phytosanitaires (pesticides, fongicides, herbicides). Un cadre réglementaire qui impose au viticulteur de "rincer trois fois les bidons de produits et de les mettre dans des sacs pour les ramener où on les a achetés"

Avant chaque traitement, Marc Sangoy prend soin d'avertir ses voisins des opérations d'épandage effectuées sur ses huit hectares de vigne. Le viticulteur se dit "conscient de l'inquiétude des riverains", avant d'ajouter "on est très heureux d'expliquer notre métier et pourquoi on fait ça. On ne cache rien. Comme ça, c'est clair", précise-t-il dans le reportage. 

On peut vivre à la campagne près des vignes sans inquiétude


Selon lui, "on peut vivre à la campagne près des vignes sans inquiétude pour la santé c'est important pour tout le monde". 

Joint par téléphone, Marc Sangoy explique qu'il a voulu démontrer que la profession a beaucoup évolué dans ses pratiques. "On n'utilise plus les produits comme on les utilisait il y a 20 ans. On fait attention au voisinage".

Même s'il reconnaît qu'il y a des "dérives", il assure que "les mauvais comportements ont beaucoup diminué ces dernières années". 

Le viticulteur pense qu'il faut communiquer et arrêter de se cacher,  "il faut dire les choses pour continuer à travailler avec la société". 

Le plus important est de changer les pratiques


Mais, ces pratiques ont bien du mal à passer du côté des associations et collectifs anti-pesticides. Pour Marine Pasquier, présidente du collectif mâconnais Pesticides et Santé, "le plus important est de changer les pratiques."

Si elle dit avoir dialogué à plusieurs reprises avec les représentants de la filière dont Marc Sangoy, elle reconnaît que le dialogue avec les viticulteurs en conventionnel est "ultra tendu, ultra polémique". 

Selon elle, "il y a des gens qui sont dans le déni et qui vous disent : c'est dangereux,  mais on se protège et cela ne sort pas de la parcelle. Et il y en a d'autres qui sont conscients du problème, mais disent : laissez-nous du temps".

C'est le cas de Marc Sangoy pour qui il faut laisser le temps à la science de trouver des solutions". Selon lui, "la conversion en bio par rapport aux riverains peut être une bonne solution mais le tout bio, on n'y arrivera pas comme ça."

Face à ces pratiques, Marine Pasquier trouve "choquant que l'on puisse laisser des gens se faire empoisonner, car même si certains prennent des précautions, il est impossible d'échapper aux conséquences de l'épandage".

A travers son collectif, elle milite pour des changements de pratique. "Il y a les conversions en bio, mais pas que. L'INRA étudie des alternatives au glyphosate comme les cépages résistants."

Concernant les distances de sécurité, elle parle d'une mesure d'urgence, mais "cette loi va embêter les agriculteurs pour rien". Selon elle, la distance de protection devrait être de 150 voire 200 mètres et pas 5 mètres.

Pour Marc Sangoy, c'est un très mauvais signal par rapport au travail de concertation. On ne mettra que des conflits dans les villages. Il y a des solutions techniques qui existent". 

Appel des associations à publier les résultats de la consultation publique


Comme les membres du collectif mâconnais Pesticides et Santé, plusieurs associations de défense de l'environnement réclament la publication des résultats de la consultation sur le décret introduisant une distance d'épandage des pesticides par rapport aux habitations.

Une consultation publique en ligne sur ce décret a été lancée début septembr. Elle a duré un mois et a recueilli plus de 53 000 avis. La décision du gouvernement est attendue "d'ici la fin décembre" a indiqué la secrétaire d'Etat à la Transition écologique Emmanuelle Wargon. 

Le projet de décret mis en consultation prévoit des distances de protection de 5 mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et de 10 mètres pour les cultures hautes telles que les céréales. 
 
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