Après les dernières nuits de violence, l'heure est désormais à la constatation des dégâts et aux procédures d'indemnisation. Pour les commerçants sinistrés, les démarches peuvent se révéler compliquées et l'indemnisation incertaine. Exemple à Mâcon, en Saône-et-Loire.
Plus de 12 000 voitures incendiées, 1 000 bâtiments brûlés ou dégradés, 200 commissariats ou brigades de gendarmerie visés, c’est le bilan des nuits de violences urbaines qui ont émaillé le territoire français après la mort de Nahel.
Au total, les dégâts sont estimés à un milliard d’euros pour les entreprises, selon le Medef. Mardi 4 juillet, la présidente de France Assureurs, Florence Lustman, a par ailleurs annoncé que le coût des 5 800 premiers sinistres déclarés s’établissait à 280 millions d’euros.
Alissa fait partie des victimes de ces nuits de tensions. Devant sa vitrine brisée et qui porte encore les stigmates de l’attaque qu’elle a subie, cette gérante d’un salon de coiffure de Mâcon (Saône-et-Loire) ne peut que constater les dégâts avec amertume. "Ils ont absolument tout cassé. Je n’ai plus d’outil, je n’ai plus rien. Ils ont tout volé… ".
Une cagnotte pour l'aider à réparer son commerce
Sèche-cheveux, produits professionnels, mobilier, caisse… il ne reste quasiment plus rien. Jeudi soir, ce sont une vingtaine d’émeutiers qui se sont introduits dans son commerce. En quelques minutes, ils ont tout pillé. "Je me sens démunie, je ne sais pas ce que je vais faire… ça va être long".
Long, car si certains ont déjà déclaré leurs sinistres auprès des assurances, les démarches d’indemnisation ne font que commencer. Avant le passage d’un expert, la jeune coiffeuse de 28 ans doit par exemple effectuer un inventaire des affaires qui ont disparu. Et par ailleurs, les premiers échanges avec les assureurs ne la rassurent pas. Elle pourrait être remboursée à hauteur de 12 000 euros. "Je n’y crois pas… C’est rien. J’ai tout à refaire là".
Alors pour la soutenir, des amis ont lancé une cagnotte en ligne... Laura fait partie de ses proches à l’origine de l’initiative. "Ce n’est pas juste un local qui s’écroule. C’est le travail de toute une vie. C’est dur à encaisser. Heureusement qu’on est là, je pense que c’est important".
Des difficultés selon les contrats ?
Juste à côté de salon de coiffeur d’Alyssa, le cabinet d’assurance de Christophe Caille. Les locaux ont eux aussi été attaqués. "C’est plusieurs dizaines de milliers d’euros avec les vitrines mais je n’en sais pas plus pour l’instant. J’attends les chiffrages".
L’assureur gère une dizaine de dossiers de commerces vandalisés. "La grande majorité des professionnels sont assurés au titre des émeutes et mouvements populaires. Il y a une garantie qui fonctionne".
Si lui n’est pas inquiet pour l’indemnisation de ses locaux, il estime que quelques professionnels peuvent avoir de mauvaises surprises selon leurs contrats. "Celles et ceux qui n’auraient pas souscrit à une garantie 'perte d’exploitation' ne pourront pas prétendre à une indemnisation pour arrêt de leuractivité. Ils peuvent se retrouver dans cette forme de difficulté lourde. Une difficulté qui peut entraîner la cessation d’activité".
Dans certains cas, l’assureur rappelle que les sinistrés peuvent mobiliser l’aide de l’Etat. ce dernier étant civilement responsable en cas des dégâts commis par violence ou par des attroupements armés ou non.