Il y a près de trois ans, le corps de Valentin Amrouche était découvert à Montceau-les-Mines. Lundi 15 juin 2020, le procès de son meurtrier s'est ouvert devant les assises de Saône-et-Loire. Tarik Attar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de 12 ans.
Jeudi 18 juin, au quatrième et dernier jour du procès, et après trois heures de délibérations, le verdict est tombé. Tarik Attar a été condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de 12 ans.
Plus tôt dans la journée, l'avocate générale avait requis une peine de 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de 18 ans, ainsi qu'une obligation de soins. Selon elle, il reste trop de zones d'ombre dans ce dossier et cela laisse à penser que l'accusé veut cacher quelque chose.
Compte rendu de Muriel Bessard et Romy Ho-A-Chuck
Avec : -Olivier Forray, avocat de la défense
-Caroline Amrouche, soeur de la victime
-Girard Vandesbosh, grand-père de la victime
Mercredi 17 juin 2020, le troisième jour de procès a été consacré à l'examen de la personnalité de l'accusé. Olivier Forray, l'avocat de la défense, décrit son client comme un homme "déraciné" au moment des faits, faisant référence aux suites d’un grave accident du travail qu’il a eu en 2000 et qui l’a laissé en partie handicapé. " C’est un homme qui est complétement déraciné à ce moment-là. Qui ne sait pas où il va vivre, qui ne sait pas ce qu'il doit vivre, qui ne sait pas comment il doit le vivre. C’est un homme qui n'est plus vraiment un homme, qui ne peut plus travailler, qui ne peut plus rien faire ".
Face à ces éléments, Girard Vandesbosh, le grand-père de la victime a répété qu'il attendait de Tarik Attar qu'il "assume".
" Il n'a pas à se retrancher derrière la maladie ou autre chose", dit-il.
Un accusé agressif face aux questions
C'est devant les grands-parents et l’une des sœurs de Valentin Amrouche que Tarik Attar a répondu aux premières questions posées à l'ouverture du procès. Comme il l’a toujours fait depuis trois ans, l'accusé reconnaît avoir porté des coups mortels à Valentin Amrouche. Mais sans jamais en avoir eu l’intention, dit-il.
Dès la première l'audience, son passé de "petit délinquant" est évoqué, ainsi que des faits de conduite sans permis, vol de chèque ou encore vente et consommation de cannabis. Mais rapidement, le ton monte. L’accusé devient agressif, au point de refuser de répondre aux questions de la présidente. Une suspension de séance est accordée à l’avocat de la défense pour qu'il s'entretienne avec son client. À son retour dans la salle, Tarik Attar se montre plus calme. Il s'excuse auprès de la présidente de la cour d'assises et se dit prêt à être coopératif.
Tarik Attar dit ne pas se souvenir de tout. Il est question d'une dispute avec Valentin Amrouche à propos d'un vol dont aurait été victime Amin, ami de Valentin et neveu de Tarik. Chacun a accusé l'autre du vol. C'est alors que des coups ont été échangés, puis des coups de couteau. Tarik Attar a décidé ensuite de prendre ses enfants et de les emmener au Maroc pour passer du temps avec eux. Il savait qu'il irait en prison, dit-il. A plusieurs reprises, l'accusé déclare qu'il a pris de mauvaises décisions. Il invoque la légitime défense lors de la bagarre extrêmement violente. "Violence ne signifie pas intention", dit Olivier Forray, l’avocat lyonnais du prévenu.
Mais pour la famille de Valentin Amrouche, cela ne fait aucun doute : "même s’il y a eu bagarre, sans doute sur fond de cannabis, il y a eu intention ou acte volontaire".
Les grands-parents de Valentin et une de ses sœurs se sont portés partie civile et sont représentés par Me Julien Marceau du barreau de Chalon-sur-Saône. La famille n’attend qu’une seule chose de ce procès : une sanction. "Il a tué, donc ce serait normal qu’il soit condamné à une lourde peine", déclare Girard Vandesboch, le grand-père de la victime.
On devait entendre Amin, qui reste pour le moment introuvable. Ce témoin étant jugé indispensable au procès, un mandat d'amener a été décerné à son encontre.
Résumé du premier jour de procès devant les assises de Saône-et-Loire
Dans quelles circonstances Valentin Amrouche a-t-il été tué ?
Valentin Amrouche a disparu le 18 juillet 2017. Ce jour-là, il avait rendez-vous à 9h au centre de formation de l'AFPA de Montceau-les-Mines.
Il devait passer un entretien pour finaliser une formation de plombier-zingueur prévue à la rentrée de septembre.
Après son rendez-vous, il est allé prendre un café chez un ami, c'est la dernière personne à l'avoir vu en vie.
Au départ, les grands-parents de Valentin Amrouche ne se sont pas inquiétés, "car il allait souvent chez son copain à Montceau-les-Mines".
Mais, au fil des jours, l’inquiétude de Micheline et Girard Vandesbosh a grandi.
Le couple de septuagénaires n’a jamais cru à la disparition volontaire de ce petit-fils qu’ils hébergeaient depuis trois ans. Valentin Amrouche, qui a perdu sa mère très tôt, était très attaché à ses grands-parents et il ne serait jamais parti ainsi, sans affaires personnelles, ni téléphone et avec très peu d'argent sur lui.
Comment le corps de Valentin Amrouche a-t-il été retrouvé ?
Face à l’inquiétude de la famille, une enquête pour disparition inquiétante est ouverte. D'importants moyens de recherches sont déployés pour retrouver la trace du jeune homme. Pour tenter de localiser son véhicule, un hélicoptère de la gendarmerie a même été mobilisé afin d’inspecter les itinéraires que le jeune homme avait l’habitude d’emprunter.
Finalement, le corps de Valentin Amrouche sera retrouvé deux semaines après sa disparition. Son cadavre, en état de décomposition, est découvert le 3 août dans un appartement du quartier Salengro à Montceau-les-Mines.
Ce sont des voisins, alertés par l’odeur, qui ont donné l’alerte. L'autopsie révélera que le jeune homme a été tué de plusieurs coups de couteau.
Le rappel des faits d’Eric Sicaud et Cécilia Ngoc avec Gérard Vandesbosch, le grand-père de Valentin Amrouche interviewé le 8 août 2017
Qui est Tarik Attar, le tueur de Valentin Amrouche ?
Ensuite, tout s’accélère. Samedi 5 août, les enquêteurs reçoivent un appel téléphonique du Maroc : il s’agit de Tarik Attar, le fils des locataires de l'appartement où le cadavre a été découvert. L’homme, âgé d’une quarantaine d’années, reconnaît avoir tué Valentin Amrouche et s’être enfui.
A son retour en France, il est placé en garde à vue, puis présenté au parquet de Chalon-sur-Saône lundi 7 août. Il est entendu par un juge d'instruction qui le met en examen pour meurtre. Il dit avoir porté des coups à la victime, mais "uniquement pour se défendre".
Tarik Attar, qui a été condamné à plusieurs reprises pour des faits de violence, était déjà connu des services de police. Placé en détention provisoire depuis août 2017, il comparaît devant les assises de Saône-et-Loire, à Chalon-sur-Saône, depuis le lundi 15 juin.
Le procès va durer quatre jours et prendra fin jeudi 18 juin.