En juillet dernier, Daniel Deriot achète le diplôme de légion d'honneur d'un soldat de la Première Guerre mondiale originaire de Sassenay (Saône-et-Loire). Passionné d'histoire, il reconstitue l'histoire de ce personnage. Ce 11 novembre, le retraité a remis le diplôme à la mairie de la commune.
La belle surprise pour Sassenay en Saône-et-Loire. Ce jeudi 11 novembre, à l’occasion du 103ème anniversaire de l'armistice de 1918 et de la cérémonie hommage aux anciens combattants de la Première Guerre mondiale, un habitant de ce petit village aux 1 600 âmes a offert un cadeau riche en symboles à la mairie. Le diplôme d’une légion d’honneur remise en 1932 à un mutilé du conflit qui était originaire de la commune.
L'habitant qui a réalisé ce don, c’est Daniel Deriot. Un retraité âgé de 64 ans et passionné d’histoire. Il a découvert le précieux document grâce à un ami. "Un dimanche matin du mois de juillet, je reçois un coup de téléphone d’un ancien collègue de travail. Il était en Normandie dans un vide grenier. Au milieu d’un tas de papiers qu’une dame vendait, il avait trouvé un diplôme de légion d’honneur d’un monsieur de mon village", raconte celui qui est secrétaire du groupe d’études historiques de Verdun-sur-le-Doubs.
La petite histoire dans la grande
Informé, Daniel Deriot n’hésite pas bien longtemps avant d’acheter le diplôme pour 40 euros. Le retraité se plonge alors dans les archives locales pour reconstituer l’histoire de Jean-Marie Sauvage, chevalier de la légion d’honneur pour ses faits de guerre.
Jean-Marie Sauvage naît le 16 janvier 1880. Il effectue ses trois premières années dans l’armée entre 1901 et 1904 au sein du 27ème régiment d’infanterie. Agriculteur, il est mobilisé le 2 août 1914 pour aller sur le front. "Il est blessé une première fois à l’index gauche, le 21 août 1914, poursuit Daniel Deriot. Il rejoint ensuite le 11ème régiment d’infanterie en 1915. Il se blesse finalement le 8 septembre 1918 à Verneuil-sous-Coucy dans l’Aisne".
À la suite de cette blessure, Jean-Marie Sauvage est amputé d’une jambe et hospitalisé jusqu’au 1er mars 1919. Il retourne ensuite dans son village de Sassenay où il reprend son activité d’agriculteur et s’occupe de ses deux filles. L’homme décèdera finalement le 1er juin 1957 dans son village natal, un mois avant la naissance de… Daniel Deriot. Quant aux filles de Jean-Marie Sauvage, elles meurent sans laisser de descendance.
Au cours de ses recherches, Daniel Deriot met également au jour une citation de mai 1915 saluant Jean-Marie Sauvage pour un acte de bravoure dont il est l’auteur : "A fait preuve d'un grand dévouement en dégageant sous le feu son caporal et deux de ses camarades ensevelis par l'explosion d'une mine".
Au niveau du mémoire, c’est important que ces documents reviennent au village. Pour les enfants, les habitants du village, je pense que ça raisonnera.
Les habitants de Sassenay peuvent donc désormais découvrir cette petite histoire dans la grande. Daniel Deriot a ainsi remis à la mairie de la commune le diplôme de celui qui a reçu sa légion d’honneur en 1932. "Je me dis qu’il faut que ce document revienne au village".
Ainsi, après la cérémonie organisée devant le monument aux morts du village, le retraité a confié le diplôme et un texte retraçant l'histoire du mutilé de guerre au maire ce jeudi matin. "J’avais dit au maire que je lui ferai une surprise", conclut avec amusement le férus d’histoire.
Durant le premier conflit mondial, 18 hommes originaires de Sassenay ont perdu la vie.