Des migrants africains, en provenance d’un camp de réfugiés qui a été évacué près de Dunkerque, sont arrivés dans la commune de Chardonnay, au sud de la Bourgogne, lundi 11 juillet 2016.
Le camp de Steenvoorde, où vivaient une soixantaine de migrants, a été évacué lundi 11 juillet au matin.
Ce camp était situé à proximité d'une aire de repos d'autoroute où des camions stationnent. Généralement la nuit, les migrants tentaient de grimper dans les poids-lourds pour rejoindre l'Angleterre, via Calais. Les personnes qui logeaient là ont été orientées vers des centres d'accueil et d'orientation. Une partie d'entre elles sont arrivées en bus, lundi en fin d’après-midi, dans la petite commune de Chardonnay, située entre Mâcon et Tournus.
Ces migrants sont originaires d'Érythrée et du Soudan. Le maire a été averti de leur arrivée le matin par un appel téléphonique de la préfecture. Cet événement suscite l’émoi dans ce village viticole qui compte une centaine d'habitants. La directrice de cabinet du préfet s’est rendue sur place pour s'entretenir avec les élus.
Les nouveaux venus seront logés au château de Montlaville, une propriété mise en vente par les Eclaireurs de France. Ces locaux servent notamment à l’organisation de classes de découvertes sur l’environnement.
Le reportage de Michel Gillot, Cécile Claveaux et Chantal Gavignet
Des migrants ont rejoint ce petit village de Saône-et-Loire. Il s’agit en majorité d’hommes originaires du Soudan et d'Eythrée. Une partie des habitants de ce village de 100 habitants affiche son inquiétude.
Intervenants :
-Paul Perre, maire de Chardonnay (SE)
-Marlène Germain, directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire
-Paul Perre, maire de Chardonnay (SE)
-Marlène Germain, directrice de cabinet du préfet de Saône-et-Loire
"Je pense que les choses vont s’apaiser très rapidement"
"Il y a eu des vociférations, mais ce n’était pas une réaction de l’ensemble de la population de Chardonnay", précise Gilbert Payet, le préfet de Saône-et-Loire qui a reçu le maire et une délégation ce matin."J’ai pu voir qu’une partie de la population a réagi face à cette arrivée un peu impromptue pour eux. On leur a expliqué que le département de Saône-et-Loire est le seul de la région Bourgogne à n’avoir pas de centre d’accueil et d’orientation. J’ai souligné qu’on était dans le cadre d’un centre provisoire qui permettait d’analyser et de traiter la situation de ces personnes, de leur permettre de déposer leurs demandes d’asile et ensuite elles seront orientées vers des structures d’hébergement pérennes. Je pense que les choses vont s’apaiser très rapidement", estime le préfet.
D’un point de vue matériel, les migrants sont installés dans des conditions "proches de l’idéal", estime le préfet, mais reconnaît-il "Chardonnay présente un inconvénient : c’est un centre isolé, dans un petit village, qui est loin des structures de traitement de la demande d’asile". C’est pourquoi deux fonctionnaires de la préfecture se sont rendus sur place pour les accompagner dans leurs démarches. "Le premier travail, c’est de les convaincre qu’ils ont intérêt à engager une demande d’asile et une procédure sur notre sol plutôt que continuer à rêver à une chimère qui est l’accès à l’Angleterre", précise le représentant de l’Etat.
Le préfet refuse de régler ce dossier au "décibel-mètre"
"Aujourd’hui, nous avons dans la région Bourgogne Franche-Comté environ 150 places de centre d’accueil et d’orientation. Il n’y en avait aucune en Saône-et-Loire. Trente à cinquante places maximum : c’est l’estimation des besoins pour notre département. Nous sommes à la recherche de lieux alternatifs et nous sommes en discussion avec un certain nombre d’élus pour cela", indique Gilbert Payet."Il y a eu un certain nombre de cas où on a pu penser qu’il suffisait de quelques manifestations, de quelques protestations pour que des procédures d’accueil ne soient pas mises en œuvre. Le département de Saône-et-Loire est celui qui dans la région Bourgogne Franche-Comté est sensiblement en retard en ce qui concerne les capacités d’accueil des migrants. Nous devons combler ce retard et je crois important de dire que l’Etat doit assumer ses responsabilités, qu’il recherchera la concertation avec l’ensemble des élus locaux, mais s’il y a une chose que le représentant de l’Etat dans ce département refuse, c’est de gérer un dossier aussi sensible au décibelmètre", conclut Gilbert Payet.
Combien y a-t-il de centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) en Bourgogne-Franche-Comté ?
En Bourgogne-Franche-Comté, on recense 16 centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) : 8 en Franche-Comté et 8 en Bourgogne) soit 2 934 places autorisées au 1er juillet 2016
Combien y a-t-il de CADA par département en Bourgogne-Franche-Comté?
- Côte-d'Or : 3 CADA
- Nièvre : 1 CADA
- Yonne : 1 CADA
- Saône-et-Loire : 3 CADA (soit 330 places)
- Jura : 2 CADA
- Doubs : 3 CADA
- Territoire de Belfort : 1 CADA
- Haute-Saône : 2 CADA