Témoignage. Deuil périnatal : "on perd son bébé, on se dit qu'on n'a pas pu le protéger"

Publié le Mis à jour le Écrit par Da Silva Nicolas

Le 15 octobre marque la journée du deuil périnatal. France 3 Bourgogne s'est entretenu avec Aurélie, une jeune femme de la région chalonnaise. Il y a deux ans, sa vie a basculé après le décès de son bébé. "Accepter ce qui arrive est la seule issue pour avancer", témoigne-t-elle aujourd'hui.

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Nous sommes en 2021 quand Aurélie et Dorian, de la région de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), attendent un heureux événement. Au mois août, alors enceinte de quatre mois et demi, Aurélie se rend à l'hôpital. "Je ne me sentais pas bien, je n'avais pas mal mais je sentais qu’il se passait quelque chose. À mon arrivée, le médecin m'annonce que c'était fini pour le bébé. C'était assez brutal."

"On m'explique qu'un bébé à moins de 25 semaines de grossesse n'est pas considéré comme viable. Les organes ne sont pas suffisamment développés et la médecine ne peut pas faire ce que le corps doit faire", ajoute-t-elle.

J’ai été comme un robot le temps de l’hôpital. Quand on entre et qu’ils vous annoncent ça, on est face à la froideur médicale et d’un autre côté il y a la maman en pleine douleur.

Aurélie

La jeune femme accouche par voie basse. "Le matin de mon accouchement j'ai entendu le cœur de mon bébé battre. Il s'est arrêté de respirer lorsque j’ai accouché. Quand je l’ai vu, j’ai ressenti autant d'amour que de déchirement."

"Il faut apprendre à vivre avec"

Aurélie décide de mettre en parenthèse son travail le temps de quelques semaines, pour se remettre de cette douloureuse épreuve. "J'ai pris du temps pour me reconstruire. Je marchais, je lisais, je voyais mes proches. Cela me faisait du bien, des choses assez simples mais ça m’a permis de tenir."

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Dans cette épreuve, Aurélie fait face à la solitude, à une peine que son entourage ne peut pas comprendre. "On n’en parlait pas avec ma famille. Ce n'est pas évident d’en parler à ses proches et ils ne savaient pas comment faire. Je n’attendais rien de personne. Tant qu’on ne l’a pas vécu, on ne peut pas savoir ce que je traverse. J’ai entendu des réflexions “c’est le premier, c’est normal ça arrive”. Des remarques qui n'avaient pas de sens."

Au début, les annonces de naissances et de grossesses étaient compliquées à gérer.

Aurélie

La Bourguignonne trouve refuge auprès de l'association, l'Enfant sans nom - parents endeuillés, à Chalon-sur-Saône. Là-bas, elle rencontre des personnes qui ont aussi perdu un bébé. "On arrive à discuter plus facilement. Ça m'a aidé, mais perdre un bébé, c’est à vie."

La venue d'un enfant qui change la vie

Les mois passent, et en février 2023, Aurélie accouche d'un garçon. Un bonheur pour la jeune femme et son conjoint. "Tout au long de la grossesse, il y a eu de la peur que ça recommence. Je me suis entourée d’une sophrologue, d’une acupunctrice pour arriver à passer ça plus sereinement. Je ne voulais pas transmettre la peur au bébé. Aujourd'hui, il va bien."

Ça change la vie. La venue d’un bébé, ça change le quotidien. J’ai été soulagée quand je l’ai eu dans mes bras, savoir que tout s’était bien passé.

Aurélie

Cette naissance a permis à Aurélie de donner la vie, mais la douleur de perdre un bébé ne disparaîtra jamais. "C’est plus dur qu’un deuil. Pour la maman, on ne perd pas juste un proche, on perd le bébé qu’on porte et on se dit qu'on n'a pas pu le protéger. Tous les jours j’y pense, et parfois ça m’arrive de pleurer. Chaque année, le jour où c’est arrivé, je prends un congé pour avoir du temps pour moi. Mais j’ai donné la vie, c’est ça qui est important pour moi. Ne pas rester sur la perte d’un bébé."

Aurélie demande aux parents de "ne pas s'en vouloir"

Aujourd'hui, la jeune maman invite les parents qui ont eux aussi perdu un bébé à ne pas rester seuls. "Cela fait du bien d'aller voir des associations, de rencontrer des personnes qui ont vécu ce genre de choses. Discuter avec des gens qui sont dans la compréhension, et pas dans le jugement ou la curiosité. Des gens qui ne nous donnent pas des conseils mais qui nous écoutent.

Pour elle, les parents ne doivent en aucun cas se sentir responsables de ce qui est arrivé. "On attend du soutien, dans ces moments-là on a juste envie de parler. On n’a pas besoin d’avoir une réponse ou une solution, parce qu'il n'y en a pas. Il ne faut pas s’en vouloir. Ce n’est pas de notre faute. Accepter ce qui arrive est la seule issue pour avancer et chacun a le droit d'avoir son propre chemin de guérison."

En 2021, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes selon l'Insee.

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