Depuis quelques années, des Milans noirs viennent par milliers faire une halte à Laives, en Saône-et-Loire, au point d'en avoir fait leur plus grand "dortoir" connu en France, selon la LPO, la Ligue de protection des oiseaux. Un arrêté préfectoral de protection de la biodiversité interdit, du 15 février au 25 mars, la fréquentation de la zone sud du grand lac de Laives de 16h à 10h, pour ne pas perturber les rapaces pendant leur étape migratoire.
Depuis quelques jours, l'excitation est palpable chez Alexis Révillon, coordinateur territorial Saône-et-Loire de la LPO. A l'écouter nous décrire comment, chaque soir "soudain, descendant du ciel, des centaines et des centaines de Milans noirs viennent se poser dans les arbres pour reprendre leurs forces", on perçoit combien le spectacle doit être saisissant !
Une halte migratoire au bord de l'eau
Le Milan noir est un rapace protégé au niveau européen. Sa population se porte bien et c'est rassurant. Mieux que son cousin le Milan royal.
Embarqué dans son périple migratoire, ce rapace parcourt chaque année des milliers de kilomètres depuis l'Afrique subsaharienne pour rejoindre ses sites de nidification.
Un parcours épuisant et semé de dangers que l'animal, particulièrement grégaire, effectue en bande. L'une des plus grandes haltes en France se trouve sur la commune de Laives en Saône-et-Loire, aux abords du grand lac. Une forêt au bord de l'eau : l'endroit est idéal pour cet oiseau migrateur.
"Depuis quelques jours, les Milans noirs arrivent en continu tous les soirs, par vagues plus ou moins grandes. Ils viennent ici se reposer et doivent absolument rester au calme. S'ils sont trop souvent dérangés, ils puisent inutilement dans leurs réserves et pourraient à terme délaisser ce site qui leur convient parfaitement."
Un espace boisé d'une superficie de 16,49 hectares au bord du grand lac leur sert de sanctuaire le temps d'une nuitée à la belle étoile. Un arrêté préfectoral de protection de la biodiversité (APPB) en interdit l'accès depuis le 15 février de 16h à 10h sur une zone appelée "le Site à Milan Noir de bois de Varange". Il s'agit de garantir l'équilibre biologique et la conservation des biotopes nécessaire au repos et à la survie du Milan noir (Milvus migrans), pour reprendre les termes de l'arrêté.
Les lacs de Laives : "Un site stable qui atteint un effectif exceptionnel"
Pour notre spécialiste, "ce site fonctionne bien. Il est stable et atteint un effectif exceptionnel !" Pourtant, le rapace ne va pas s'attarder sur place. Après avoir chassé quelques micromammifères, survolé une décharge, ou bécoté quelques animaux écrasés en bord de route (le milan noir est essentiellement charognard !), chaque individu continuera sa route pour rejoindre son site de nidification habituel, qui se situera en colonie ou plus à l'écart, c'est selon.
"Parmi ces Milans noirs, certains vont rester nicher dans le coin, quand d'autres vont remonter jusqu'aux Pays Baltes. L'Europe de l'Est ne leur est d'ailleurs pas trop favorable ; les effectifs y sont assez réduits", nous précise Alexis Révillon, qui ajoute un brin taquin que "le Milan noir est surtout bien plus fidèle à un site de nidification qu'à sa propre femelle." C'est peut-être pour cela que la population de cette espèce se porte si bien...
Les promeneurs du soir des bois du lac de Laives pourront le 25 mars prochain, reprendre possession de leur site une fois les derniers volatiles repartis.