Le journaliste Hugo Clément, dans un reportage prochainement diffusé, souligne le rôle des produits phytosanitaires dans la culture du sapin de Noël dans le Morvan. Leur utilisation serait en baisse selon les producteurs.
Le journaliste Hugo Clément a posté une vidéo sur ses réseaux sociaux mercredi 2 décembre un extrait de son prochain reportage dans l'émission "Sur le front", diffusée sur France Télévisions. On peut y entendre le témoignage de Roger Prigent, un apiculteur de Marigny-l’Église (Nièvre) dans le Morvan, qui accuse son voisin producteur de sapins d'avoir tué ses abeilles en répandant massivement des produits phytosanitaires.
En réponse à ce qu'il considérait comme un geste létal pour ses insectes, l'apiculteur a tiré au fusil sur la cuve de son voisin, le 14 juin 2019. "Je lui ai montré mon fusil, je lui ai fait signe d'arrêter. Et il a continué donc je n'ai pas hésité, j'ai tiré dans la cuve. Je n'en pouvais plus. C'était ça ou je me tirais une balle", raconte-t-il. Un acte qui lui a valu d'être condamné à 6 mois de prison avec sursis et 6000 euros d'amende. Ce faits-divers avait déjà été chroniqué à l'époque par le journal en ligne Reporterre.
Aujourd'hui la relation entre les apiculteurs et les producteurs de sapins dans le Morvan, une région essentielle pour la production de l'arbre de Noël, est plus apaisée selon plusieurs témoignages.
La présence de ces deux types de production dans un rayon proche "n'est pas un problème d'ampleur", estiment Dominique et Jean-Jacques Coppin, à la tête des Ruchers du Morvan.
Selon eux, ce qui est arrivé à Roger Prigent est avant tout dû à un manque de communication entre l'apiculteur et le producteur de sapins. "Il aurait dû demander à l'apiculteur de déménager ses ruches pendant les traitements", juge Jean-Jacques Coppin.Le problème de ces produits c'est la pollution qu'ils engendrent dans les sols et dans les eaux à proximité.
Frédéric Naudet, producteur de sapin dans le Morvan et président de l'Association française du sapin de Noël naturel (AFSNN), affirme que son corps de métier et les apiculteurs "entretiennent d'excellentes relations". Selon lui, certains apiculteurs installent des ruches dans les plantations de sapins de Noël. "La cause de la mortalité des abeilles de ce monsieur n'est pas la production de sapins de Noël", pense-t-il.
Si producteurs de miel et de sapins s'accordent pour dire qu'ils nouent des relations cordiales, l'apiculteur Jean-Jacques Coppin affirme que le traitement des sapins par des produits phytosanitaires peut poser problème : les pesticides déversés seraient néfastes pour les cours d'eau, dans lesquels ils s'inflitrent. Il s'inquiète également de la culture de sapins en "rang d'oignons" qui met à mal la biodiversité des forêts du Morvan.
Le recours aux produits phytosanitaires aurait baissé de 30 à 40% sur les cinq dernières années
"Le problème de ces produits c'est la pollution qu'ils engendrent dans les sols et dans les eaux à proximité", approuve Regis Lindeperg, membre du collectif SOS Forêt. Il renchérit : "il y a moins de normes que pour l'agriculture alimentaire car les sapins ne sont pas des produits comestibles par l'homme". Aussi, il juge trompeur l'appelation "sapins de Noël naturels" puisque sa culture a besoin de pesticides et rappelle qu'il existe des alternatives bio. Il termine en donnant son avis personnel : "on coupe un arbre pour le laisser pourir dans le salon".Le producteur de sapins Frédéric Naudet ne nie pas que des produits phytosanitaires sont utilisés lors du cycle de culture du sapin. Mais son recours se limiterait "aux deux premières années de vie de l'arbre car nous n'avons pas encore trouvé les moyens mécaniques idéaux pour faire sans". "L'association que je préside possède un ingénieur qui aide les producteurs à mettre en place de nouvelles techniques" ajoute-t-il en assurant que sa profession à pris la bonne direction. "Dire que les producteurs aspergent de produits phytosanitaires leur culture ce n'est pas vrai", se défend-t-il.
Il affirme que la diminution de l'utilisation de ces produits serait de l'ordre de 30 à 40% sur les cinq dernières années.