Pour la troisième année de suite, la Tille, en Côte-d’Or, est à sec et les poissons meurent sur place, en dégageant une odeur nauséabonde. Conséquence : il faut mettre de la chaux vive sur les cadavres pour éviter tout risque sanitaire.
Des poissons qui pourrissent au soleil en dégageant une odeur pestilentielle, c’est ce que doivent supporter les habitants de Lux, en Côte-d’Or, à une vingtaine de kilomètres de Dijon.
"Sans compter qu’on est envahi de moustiques avec l’eau qui croupit", se plaint une riveraine.
Cela fait trois semaines que la Tille, qui traverse la commune de Lux, est à sec. De nombreux poissons sont déjà morts.
"Plus il fait chaud et moins il y a d’oxygène dans l’eau", explique Eric Gruer, président de La Saumonée, la société de pêche d'Is-sur-Tille.
"Les poissons se réfugient dans les flaques qui restent. Dans un premier temps, on a essayé d’en sauver un maximum par nos propres moyens avec nos épuisettes. Avec nos gardes bénévoles et nos membres du conseil d’administration, on a suivi les protocoles mis en place par la fédération départementale de pêche de Côte-d’Or.
Mais, quand vous arrivez dans des niveaux d’eau comme celui-ci, on n’est plus du tout efficace et il faut faire appel à une pêche de sauvetage à l’électricité et là seule la fédération de pêche de Côte-d’Or a les moyens de le faire. Ce qu’on regrette, c’est qu’on a demandé à la fédération d’intervenir et qu’on a essuyé un refus", dit Eric Gruer.
"J’ai peur que ça se reproduise tous les ans"
C’est la troisième année consécutive que la commune est confrontée à cette situation. Il y a eu 2018, puis 2019 et maintenant 2020. Et à chaque fois, la période de basses eaux est de plus en plus longue.
"Autrefois, ça arrivait de manière ponctuelle. On avait des étés très secs où parfois la Tille se coupait un mois, un mois et demi. Mais, c’était à partir du mois d’août et puis elle revenait au mois de septembre. Mais, l’année dernière, ça a commencé mi-juin et elle est revenue seulement en novembre", note Renaud Lehmann, maire sans étiquette de Lux. "J’ai peur que ça se reproduise tous les ans", ajoute-t-il.
"C’est un problème global qui ne touche pas que Lux, il faut avoir une réflexion en amont. D’autant que "chaque fois qu’il y a une grosse pluie, on voit l’eau monter énormément, puis 15 jours après il y a l’étiage (débit minimal d'un cours d'eau). Donc, il faut y réfléchir, mais pas seulement au moment où elle est à sec. On a aussi des problèmes d’inondation. C’est pourquoi il faut mener une réflexion d’ensemble sur ces deux phénomènes extrêmes", résume l’élu de Côte-d’Or.
En attendant, ces sécheresses répétées ont des conséquences sur les espèces qui peuplent le cours d'eau. "La première espèce mise en difficulté, c’est la truite, car elle ne supporte pas la chaleur. Quand il fait 30 degrés et que les nuits sont chaudes, elle meurt. Après, il y a le brochet qui est un peu moins sensible.
Les poissons blancs, eux, sont plus résistants. Il reste encore pas mal de cyprinidés (carpes, vairons...) et toute une faune comme des petites grenouilles qu’il faut arriver à sauver. Mais, sans l’aide des humains pour les amener dans des endroits où il y a beaucoup plus d’eau, ces animaux vont mourir et c’est vraiment déplorable", conclut le président de la société de pêche d'Is-sur-Tille.