Stellantis a annoncé le 19 mai 2021 la résiliation des contrats avec ses concessionnaires pour anticiper les changements de normes européennes et faire la promotion d’un réseau de distribution multimarque. Une façon de supprimer "les petites agences", s'inquiète un concessionnaire du Doubs.
"Je pense que c’est pour niveler les choses et supprimer les petites agences, soupire le gérant du Garage du Lion, De Ronchi, à Pont-de-Roide (Doubs). Je reste persuadé qu’ils vont nous mettre des charges pour qu’il y ait une sélection naturelle qui en ressorte." Ce réparateur agréé par la concession Peugeot Nedey de Montbéliard craint pour son sort, depuis l’annonce, le 19 mai dernier, par Stellantis de la résiliation des contrats avec tous ses concessionnaires."Stellantis souhaite promouvoir un modèle de distribution durable en s’appuyant sur un réseau de distribution multimarques performant, efficace et optimisé", écrit le groupe dans son communiqué.
Une façon pour la multinationale automobile, née de la fusion Fiat Chrysler et PSA le 16 janvier 2021, de réduire son réseau de distribution et de s’adapter aux nouvelles façons de consommer des clients avec le commerce en ligne : "Tout ce qui est comparaison sur la gamme notamment, les gens le font sur internet. La concession n’est plus le seul endroit où on choisit une voiture", explique Erika Louis-Roy en charge de la communication à Stellantis France. Le groupe tente d'anticiper les futurs règlementations européennes: "Le prochain BER (Block Exemption Regulation /règlement d'exemption par catégorie de l'UE) prévu en 2023 devrait conduire à des ajustements des contrats et des normes de distribution actuels", informe le quatrième constructeur automobile mondial.
Les contrats avec tous les concessionnaires du groupe prendront fin en juin 2021 et seront rediscuté à ce moment-là car "il faut attendre le règlement de l'Union européenne", précise Erika Louis-Roy. Ils changeront tous avec un "préavis de deux ans", soit une entrée en vigueur en 2023.
"La performance va déterminer la pérennisation des contrats"
"La crainte c’est qu’on nous impose beaucoup de choses. Il faut qu’on représente deux marques, sur le même site !", énumère, soucieux, le patron du garage du Lion qui craint de perdre son contrat avec Peugeot s’il ne peut pas s’aligner sur les nouvelles règles.
On a toujours été Peugeot. Je travaille beaucoup grâce à son image. D’ailleurs, 50% de mon chiffre d’affaire dépend de cette marque. Aujourd’hui, si je n’ai plus Peugeot je perds la moitié de mon chiffre d’affaire. Mais bon, maintenant, on attend ces nouvelles règles.
"Le multimarque n'est pas une obligation, c'est une possibilité, rassure la chargée de communication de Stellantis France. C’est la performance qui va déterminer la pérenisation des contrats."
Les gros concessionnaires pas inquiets
De son côté Stellantis se veut rassurante et déclare qu’elle associera les concessionnaires aux décisions en les convoquant prochainement à des réunions de travail pour "contribuer à l’élaboration des futurs plans et stratégie de distribution". Du côté du concessionnaire Peugeot Nedey, le plus gros dans le Nord Franche Comté, pas d’inquiétude. Comme le déclare Alain Pilarski, son directeur général, ces résiliations ne sont pas une surprise : "Ce ne sont pas des choses nouvelles. Si on se souvient il y eu des résiliations en masse de contrats en 2002 et en 2010 c’est à peu près tous les 10 ans. Là c’est juste rapide un peu rapide juste après la fusion qui a conduit à la création de Stellantis."
"Nous, on est dans le flou encore, déplore-t-on du côté du Garage du Lion. Si je perds mon panneau Peugeot, je deviendrai indépendant et j’essaierai de me retourner", anticipe De Ronchi qui porte la marque Peugeot dans son garage depuis 2008.