Ski, athlé ou handball : même combat. Ils n'ont pas le même maillot mais font bien le même métier : détecter les talents régionaux et former les éducateurs. Myriame Saïd-Mohamed, Gilbert Carrez et Yannick Tolle s'expriment sur l'annonce de la possible suppression de 1600 postes d'ici à 2022.
L'annonce, par l'AFP, d'un courrier de Matignon envoyé le 26 juillet dernier demandant à Laura Flessel, à l'époque ministre des Sports, de supprimer 1600 équivalents temps plein, a bien entendu fait l'objet d'une bombe.
"Le Cadre Technique, c'est un rouage essentiel dans toutes les fédérations. Déjà que la plupart des Emplois Aidés n'ont pas été prolongés..". Yannick Tolle est inquiet. Il est cadre technique sportif au sein de la Ligue de Bourgogne Franche-Comté d'Athlétisme.
"Ce lundi midi, notre ministre a annoncé que le chiffre annoncé devrait être deux fois moindre..mais on est forcément sur le qui-vive", nous avoue Myriame Saïd-Mohamed, juste avant de rentrer en réunion à la ligue régionale de Handball. Gilbert Carrez, président du Comité de Ski du Massif Jurassien rajoute que cette annonce n'est pas la première. "Ce n'est pas d'aujourd'hui. Déjà, sous le ministère de Guy Drut (1995-1997), il a été question de la suppression de ces postes."
Pour comprendre l'importance des CTS, les cadres technique sportifs, il suffit de penser aux stars actuelles du sport français. Fourcade, Lavillenie, Riner ou encore Pierre-Ambroise Bosse ont tous eu ou ont encore des entraîneurs qui sont des cadres techniques. Le cadre technique est présent de la détection jusqu'au haut-niveau.
Yannick Tolle embraie : " Justement, en ce qui concerne la détection, la suppression des postes de CTS va forcément nous empêcher d'être présents sur tous les terrains. On va perdre des talents."
"Surtout que nous avons tous des spécificités et des compétences qui font que l'on nous confie également des missions fédérales et même des interventions auprès des équipes de France", ajoute Myriame Saïd-Mohamed.
Si le ministère des Sports valide la suppression des CTS, les clubs et les fédérations ne pourront pas prendre en charge les salaires de leurs techniciens. Sur ces dix dernières années, le Comité de Ski du Jura a perdu deux CTS. Il en reste encore deux. "C'est simple, deux salaires de CTS à prendre en charge c'est, avec les taxes, un coût de 100 000 euros par mois. C'est injouable pour nous !"
Mais Gilbert Carrez réussit à faire preuve d'optimisme. "Avec les JO de Paris en 2024 et, surtout, les Mondiaux de Ski en 2023, je ne vois pas comment la Fédération Française de Ski pourrait faire sans ses CTS".
Yannick Tolle a une pensée pour tous les bénévoles dans les clubs. " Ils font déjà un travail de dingue, sans compter leurs heures. Ils ne pourront pas assurer en plus nos fonctions. Et puis, un Cadre Technique supervise aussi la formation des éducateurs. Pour ma part, j'en ai entre 70 et 80 chaque année !"
Myriame Saïd-Mohamed de conclure. Elle qui est une des trois CTS de la ligue régionale de Handball. "On va attendre. Je n'ai pourtant pas la sensation que nos salaires soient la cause d'un trou financier nécessitant leur suppression. Il faut juste que les gens sachent que nous avons un vrai rôle à jouer dans le sport français !"
En Bourgogne Franche-Comté, il y a 49 cadres techniques qui officient, tous sports confondus.
Voyez à ce sujet le reportage en Franche-Comté de Jean-Luc Gantner et Florence Petit.
Avec les témoignages de Dominique Mulet, Président du Comité Olympique du Doubs, de Marc Mallet, président du SNB (aviron) et de Jean-François Longeot, sénateur du Doubs