Témoignage. "Je suis un miraculé" raconte Bernard Viatte réélu maire de sa commune sur son lit d'hôpital

Publié le Mis à jour le Écrit par Frédéric Buridant
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En pleine rééducation, il nous raconte son histoire. A Froidefontaine près de Belfort, le maire a été contaminé par le coronavirus. C'est depuis son lit d'hôpital que Bernard Viatte a été réélu maire de la petite commune de 460 habitants. Un combat de plus pour cet homme qui revient de loin.

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Après deux mois à l'hôpital dont quatre semaines dans le coma, je suis un miraculé !!!

Bernard Viatte est depuis plus d'une semaine au centre de rééducation Bretegnier à  Héricourt en Haute-Saône. Une structure qui prend en charge les malades du Covid-19 qui ont séjourné plusieurs semaines en réanimation. Il a bien failli y laisser sa vie. Contacté par téléphone, le maire de Froidefontaine nous dit : "Je suis un miraculé".

La vie de Bernard Viatte 63 ans bascule à la mi-mars. Nous sommes quelques jours après le premier tour des municipales, il est réélu, jusque là tout va bien. Puis son état va se dégrader brutalement. En urgence, il est dirigé vers l’hôpital Nord Franche-Comté de Trévenans près de Belfort. Le coronavirus est diagnostiqué, Bernard Viatte est admis en réanimation. Il va être plongé dans le coma pendant quatre semaines.

Il sera même évacué en avion sanitaire depuis l'aérodrome de Courcelles-les-Montbeliard. Direction la clinique de l'Axium à Aix-en-Provence. Une opération nécessaire pour désengorger le service de réanimation à l'hôpital de Trévenans.

Le Sud-Est tente de soulager le Nord-Est qui voit les cas de contamination exploser.

 


Des nouvelles peu rassurantes sur l’état de santé de Bernard Viatte

La famille de l’élu se prépare au pire. Les médecins sont pessimistes. Bernard Viatte nous confie les informations transmises alors à ses proches :

 Il a été dit à mes cinq enfants qu’on ne donnait pas cher de ma peau, on me voyait partir 


Dans le village, on ne parle plus de la réélection dès le premier tour. Tout le monde s’inquiète, les collègues maires également tout comme le sénateur. C’est tout un département qui est solidaire avec Froidefontaine et son maire qui lutte, entre la vie et la mort. Son premier adjoint, Hervé Frachisse se souvient de ce moment.

Mon épouse et moi avons été également contaminés mais pas testés, j'ai eu la trouille de rejoindre Bernard, par chance même avec une perte de l'odorat, de la fièvre, la toux, nous avons guéris. Les liens dans le village se sont renforcés. Je donnais des nouvelles de Bernard aux autres élus du département 

 

 

Un réveil à plus de 700 km de Froidefontaine

Bernard Viatte, dans le coma est évacué par avion sanitaire. Il doit être accueilli à l’hôpital de la Timone à Marseille dans le service du Professeur Raoult. Mais, par manque de place, il est dirigé au service de réanimation de la clinique de l’Axium à Aix-en-Provence. L’élu sera le premier malade Covid du service.

Durant quatre semaines, il va être veillé, encadré. Le coma devient une véritable angoisse pour sa famille. Puis fin avril, c’est le réveil. Bernard Viatte ouvre les yeux. Une belle revanche sur le destin, à Froidefontaine, c’est la joie.  Bernard n’a pas pu parler le premier jour, tous ses membres étaient engourdis. Il est vrai que quatre semaines de coma, d’intubation, cela laisse des traces. Mais quelques heures plus tard, une infirmière lui demande, savez-vous où vous êtes ? Et il répond : "Evidemment, à l’hôpital de Trévenans, je suis arrivé il y a deux jours !!"

Le sexagénaire va vite comprendre qu’il est bien loin de son Territoire de Belfort. Même si des morceaux de son histoire lui manque, il est heureux d’être vivant. Plus d’un mois à se battre, plongé dans le coma, avec des souvenirs qui lui reviennent maintenant.

Je  me souviens de cauchemar violent comme celui où je nageais poursuivi par des crocodiles

Autour de lui des hommes et des femmes, qui vont l’accompagner dans cette renaissance, Bernard nous précise :

Je suis catholique, pratiquant et me suis toujours battu dans ma vie avec cette foi intacte. J’ai affronté quatre cancers et me suis relevé en gardant l’espoir. Je veux rendre hommage à tous les soignants (de l'Axium, à Trévenans..) de France qui se sont battus pour nous les malades.

 

Un retour à la vie

Bernard Viatte est en vie, mais il est un peu en colère contre les autorités qui n’ont pas pris la mesure de ce fameux de premier tour des municipales.

 Si le 15 mars, on nous avait dit de nous protéger, je n’aurais pas vécu, ce que j’ai vécu, j’en veux aux autorités 

Sa mairie, il ne l'a pas oublié. Deux jours après son réveil, Bernard demande le téléphone, on lui compose un numéro. C’est celui de sa secrétaire de mairie, il veut prendre des nouvelles. Elle est surprise de l’appel et lui dit que tout va bien, et surtout qu’il se repose.

 

 

Une élection à l’hôpital et un retour en Franche-Comté pour se reconstruire

Après ce réveil dans le Sud, Bernard a fait le voyage en sens inverse. Retour à l’hôpital de Trévenans pour poursuivre ses soins. C’est depuis son lit d’hôpital, le 26 mai 2020, qu’il a été réélu maire de Froidefontaine. Le conseil s’est réuni et lui a fait part de la nouvelle.

Une bonne nouvelle pour cet homme combatif qui a quitté l’hôpital pour le centre de rééducation à Héricourt en Haute-Saône. Une dernière étape longue mais indispensable. Bernard nous parle de ses journées :

J’ai pour devise, un combat qui n’est pas mené et perdu d’avance, alors tous les jours, mon quotidien c’est le kiné, l’ergothérapeute, le médecin…

 

 

L'avenir ?

Bernard Viatte est impatient de retrouver son village, sa mairie. Des projets, il en a. Dans son groupe de paroles à Héricourt avec les autres malades du Covid-19, il met des mots sur ses maux. Une question lui a été posée, votre premier mot quand vous vous êtes réveillés de votre coma. Réponse de Bernard, le mot « combat ». C’est ce qu’il veut poursuivre, après dans son quotidien, se battre pour sa commune. Des dossiers l’attendent comme celui du toit de l’église du village. Un retour dans le village avec les siens pour profiter de chaque instant. Et pour terminer, il nous dit :

Je pense à tous les malades du Covid-19, leurs familles, à toutes ces souffrances. Il faut se protéger pour éviter ce que j’ai vécu.

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