François Hollande a fixé lundi matin comme "objectif" le maintien des activités ferroviaires d'Alstom à Belfort, lors d'une réunion de crise à l'Elysée sur l'avenir du groupe, a déclaré le ministre de l'Economie Michel Sapin à l'issue de cette réunion.
"Le président de la République nous a fixé un objectif, celui de faire en sorte qu'à Belfort les activités ferroviaires d'Alstom soient maintenues", a déclaré Michel Sapin sur le perron de l'Elysée.
"C'est à cet objectif-là que nous allons travailler avec les élus, les organisations syndicales, la direction d'Alstom et l'ensemble de ceux qui, en capacité de passer un certain nombre de commandes en France, peuvent permettre d'assurer le plan de charge qui permettra de sauver les activités ferroviaires d'Alstom à Belfort", a-t-il enchaîné.
Toujours selon le ministre de l'Economie, ce "début de semaine sera décisif en termes de rencontres, de concertations, de décisions pour l'avenir du site de Belfort d'Alstom".
"Un objectif et un seul", selon lui: "redonner de l'espoir aux salariés mais pas d'espoir pour l'espoir, pour la réalité des choses, du travail pour ceux qui aujourd'hui sont inquiets pour leur avenir".
Lors de cette brève déclaration, Michel Sapin a de nouveau condamné la façon "inadmissible" avec laquelle la direction d'Alstom a annoncé la fermeture
de son site de Belfort, berceau historique du groupe.
Autour de la table pour cette réunion d'une heure environ, outre le chef de l'Etat qui la présidait, étaient présents le Premier ministre Manuel Valls, Michel Sapin, le secrétaire d'État à l'Industrie Christophe Sirugue et le secrétaire d'État aux
Transports Alain Vidalies.
Le commissaire aux participations de l'Etat, Martin Vial, y participait également, l'Etat étant un actionnaire minoritaire d'Alstom.
"Nous n'allons pas nous contenter de faire une analyse du caractère brutal de la décision mais nous pencher sur tous les aspects du dossier", avait prévenu Michel Sapin, interrogé par l'AFP quelques minutes avant le début de la réunion.
Le chef du gouvernement Manuel Valls avait déjà dénoncé dimanche la méthode "inacceptable" employée par le groupe, assurant que le gouvernement pouvait "encore sauver Alstom, à condition que les dirigeants (de l'entreprise) jouent pleinement leur rôle".
Le constructeur ferroviaire, qui aligne les mégacontrats à l'étranger mais est confronté à une pénurie de commandes en France, a annoncé mercredi l'arrêt de la production de locomotives à Belfort, site qui sera "transféré" à Reichshoffen, en Alsace, d'ici à 2018. Cette décision, qui a provoqué un choc dans la région, menace plus de 400 emplois.
Alstom s'est toutefois engagé à soumettre aux salariés concernés "une proposition de transfert" vers d'autres sites. Pour l'exécutif, il est hors de question d'entériner un tel scénario à quelques mois de la présidentielle de mai 2017.
L'Etat est pourtant l'actionnaire de référence du groupe, avec 20% des droits de vote depuis février, grâce à des actions prêtées par Bouygues et qu'il pourra racheter d'ici à fin 2017. Cet accord était la principale contrepartie obtenue lors de la vente de la branche énergie d'Alstom à l'américain
General Electric en 2014.
Fort de cette position, le gouvernement a imposé "une phase de négociation" à M. Poupart-Lafarge "avant toute décision définitive" sur l'usine de Belfort. Les premières consultations sont prévues "dès le début de la semaine". Le calendrier des rencontres n'est pour le moment pas connu.
La SNCF, principal client d'Alstom dans l'Hexagone, n'était pas représentée à l'Elysée, a indiqué à l'AFP un porte-parole de la compagnie ferroviaire.
L'entreprise publique, lourdement endettée, est indirectement à l'origine de cette crise: c'est en effet sa filiale Akiem (codétenue avec Deutsch Bank) qui a récemment choisi l'allemand Vossloh pour un contrat de 44 locomotives diesel.
"Il y a des procédures d'appel d'offres. Nous allons simplement expliquer que notre intérêt commun, à la SNCF, à la RATP, aux régions, c'est de maintenir une filière ferroviaire forte", a expliqué lundi à mi-journée sur RTL Christophe Sirugue, secrétaire d'Etat à l'Industrie.
Le gouvernement a pour sa part promis d'acheter 30 nouveaux trains Intercités, mais ces commandes profiteront à d'autres usines d'Alstom
et "ne seront malheureusement pas la solution pour l'avenir de Belfort", a reconnu le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, vendredi.
Les nombreux succès à l'export alignés ces derniers mois ne seront pas d'un plus grand secours: aux Etats-Unis (28 TGV) comme en Inde (800 locomotives) et en Afrique du sud (580 trains), la fabrication locale était une condition-clé pour remporter ces marchés.
En Europe, les importants contrats décrochés en Italie bénéficient aux usines du groupe dans la péninsule, tandis que les trains vendus aux Pays-Bas sont assemblés en Allemagne et en Pologne.