Belfort : les négociations autour des délocalisations se poursuivent chez General Electric

Les négociations entre la direction de General Electric Belfort et les délégués syndicaux ont repris ce mercredi 3 juin 2020 dès 9h. Sur la table : la délocalisation possible de 40 000 heures de travail vers l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis. Une issue que les syndicats espèrent éviter.

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Rebondissements en série dans le dossier General Electric.
Hier soir, l’intersyndicale indiquait l’abandon des discussions, accusait la direction de refuser la médiation de l’Etat, et promettait une conférence de presse ce mercredi 4 juin au matin. Mais un peu plus tard dans la soirée, nouveau communiqué : finalement, les négociations vont reprendre dès 9H avec la direction. Preuve que ces dernières heures, la tension est grande au sein de l’usine belfortaine.


Transfert d'activité vers l'Arabie-Saoudite et les Etats-Unis ?


Au cœur des débats, la délocalisation d’une partie de la production belfortaine vers d’autres sites, en raison du Covid19. L’épidémie a en effet provoqué de l’absentéisme sur le site de Belfort, du fait de salariés contaminés ou d’autres devant garder leurs enfants faute d’écoles encore totalement rouvertes. C’est sur cette base que la direction du site souhaiterait confier une partie de la maintenance des rotors et la fabrication de pièces de rechange vers d’autres sites, notamment l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis

Inadmissible pour les syndicats, qui font tout pour éviter une telle éventualité.
« Le covid-19 a été un bon prétexte pour la direction. Pour nous, c’est niet! Cette délocalisation ne doit pas avoir lieu. Le postulat de départ selon lequel nous ne serions pas en mesure de réaliser ces tâches en temps et en heure ne tient pas. Nous souhaitons prouver que nous sommes en mesure de les réaliser, quitte à mettre un coup de collier et à avoir recours à des heures supplémentaires. Mais pour cela, il nous faut un accord avec la direction », explique Alexis Sesmat, délégué SUD.


Cercle vicieux 


Pour le responsable syndical, le risque est que ce transfert d’activité à l’étranger ne soit pas seulement ponctuel, mais permanent. Avec un effet boule de neige : « c’est un cercle vicieux : enlever de la charge de travail à Belfort, ça revient à rendre l’usine moins compétitive en terme de taux horaire. On apparaîtra comme une usine moins performante aux yeux du groupe ». Une menace sur l'avenir du site belfortain, déjà impacté par un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui a supprimé en 2019, 455 emplois sur le site de Belfort et Bourogne (voir encadré).


Nouveau plan


Selon nos informations, la direction aurait, ce matin, proposé un nouveau plan.
Il comprendrait un volet de 7000 heures (au lieu des 40 000 heures initialement prévues) qui seraient confiées à deux sous-traitants : d'une part l'entreprise RFPM située à Villers-sur-Port (Haute-Saone), d'autre part à l'entreprise américaine US Abrasive Form, installée près de Chicago.
A l'issue de la réunion, les syndicats ont tenu à évoquer ce nouveau plan en intersyndicale cet après-midi. Désormais, chaque centrale va comuniquer par écrit sa position à la direction.


" Une 1ère étape vers un démantèlement " selon la CGT


Pour la CGT, ce plan est difficile à accepter.
D'autant qu'il touche surtout les ouvriers, où le syndicat est très implanté."Nous avons mandaté un expert du cabinet Cecafi, qui nous a fourni un rapport. Et d'après lui, il est tout à fait possible pour le site de réaliser les 40 000 heures de travail, même en sous-effectif. Ce que nous redoutons, c'est que cette délocalisation soit une 1ère étape, pour aller vers un démantèlement total du site à horizon 2024. Les heures de travail qui partent ne reviendront pas sur le site" s'inquiète Abdelazziz Jebbar, délégué syndical CGT.


L’intersyndicale CFE-CGC & SUD prête à continuer et finaliser les négociations pour éviter les délocalisations

A l’issue de la réunion de négociation de mercredi 3 juin, les syndicats CFE-CGC et SUD ont donné leur accord pour continuer et finaliser les négociations d’augmentation de capacité du site de Belfort permettant d’éviter les délocalisations aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite. Même si tous les détails ne sont pas finalisés, concernant le volume d’heures, seul un volant maximum de 7000 heures sur les 40 000 heures initialement concernées pourraient être sous- traitées par GE si besoin, et notamment en France, indique l'intersyndicale.

Le projet d’accord reprend nombre de propositions de l’intersyndicale, comme le passage de 75% à 85% d’activité en Juin, le retour aux horaires de travail avant COVID-19, le recours à l’intérim, au travail le samedi ou à la mise en place d’équipe de week-end, mais comporte également un volet flexibilité activable par GE si besoin pour adapter sa capacité cette année :
-  Report de 4 jours de RTT employeur de 2020 vers 2021 (qui s’annonce moins chargée)
-  Report de 4 jours de RTT employés de 2020 vers 2021 (avec l’accord de l’employé)
-  Report de 2,5 jours de congés payés (avec l’accord de l’employé)

Dans un communiqué l'intersyndicale précise : "Bien que la loi demande qu’un accord soit majoritaire (signé par les organisations syndicales représentant plus de 50% des effectifs) pour être applicable, la direction exige la signature des 3 organisations syndicales. C’est pourquoi la direction de GE a décidé de mettre un terme aux négociations et de maintenir la réunion de CSE du jeudi 4 Juin pour recueillir l’avis des membres du CSE sur le projet initial de délocalisation de 40 000 heures aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite.
L’intersyndicale CFE-CGE et SUD demande à la direction de GE de finaliser cet accord comme le prévoit la loi. La balle est dans son camp estime la CGE-CGC et son délégué Philippe Petitcolin.


 
Et le PSE dans tout ça ?
Le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) signé en octobre 2019 par l’intersyndicale et la direction du site General Electric de Belfort suit son court.
 Au 31 mars 2020, les effectifs de l‘usine étaient de 1300 personnes, contre 1760 un an plus tôt.
Ce qui signifie que 460 départs ont déjà été actés.

Rappelons que l’objectif du PSE était de ramener les effectifs à 1275 personnes d’ici au 31 décembre 2020.
Cela signifie que 90% des départs prévus ont déjà eu lieu.
Seules 25 personnes doivent encore quitter l’entreprise d’ici la fin de l’année.
 
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