Covid-19 : Gestion de la crise par les hôpitaux, la cour des Comptes s’est penchée sur l’hôpital du Nord Franche-Comté

Comment les hôpitaux ont-ils géré la crise sanitaire ? La Cour des comptes vient de publier son rapport 2021. Elle a regardé comment la Nouvelle Aquitaine, peu touchée et le Nord Franche-Comté très impacté ont fait face à la première vague. Avec souvent les mêmes problématiques.

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Un échantillon d’établissements de santé passé à la loupe. Pour comprendre comment notre système de santé a été confronté à la pandémie, la cour des comptes a épluché les documents de 9 établissements de santé de Nouvelle-Aquitaine (CHU de Bordeaux, Poitiers, CH de Pau, Saintes, Tulles notamment). En face, elle a regardé ce qui s’était passé à l’hôpital HNFC basé à Trévenans près de Belfort. 

Ce que conclut la Cour des comptes

“Le système de soins analysé apparaît globalement mal préparé à une crise inédite, profonde et durable, avec des plans peu adaptés et de fragilités dans la circulation de l’information” indique la Cour de comptes.  “Ce système a su s’adapter rapidement pour faire face à la première vague, mais au prix d’importantes réorganisations et d’une déprogrammation massive, dont les conséquences seront potentiellement lourdes en sortie de crise, surtout au regard du nombre de patients covid confirmés” ajoute le rapport. 

Incertitudes et imprécisions dans le comptage des malades et lits disponibles

La Cour des comptes a relevé globalement  "les nombreuses incertitudes et imprécisions" dans la collecte d'informations des hôpitaux sur le nombre de malades du Covid-19 et de lits disponibles, données servant pourtant de base à la politique sanitaire nationale. Elle y pointe notamment  "les nombreuses incertitudes ou imprécisions qui entourent le système de collecte et les remontées d'informations servant de fondement aux décisions stratégiques nationales, tant sur la comptabilisation des malades que sur celle des capacités disponibles". Le rapport met en lumière des systèmes de codification complexe qui par exemple imposaient de ne comptabiliser que les malades pour lesquels "un diagnostic a été clairement établi", excluant les cas de suspicion de Covid.

Un outil informatique inadapté

L’outil informatique utilisé pour faire le recensement des malades, était celui "conçu et déployé pour répertorier les victimes des attentats de Paris de novembre 2015", un système donc inadapté, "pas conçu pour être utilisé dans la durée" et qui a nécessité de nombreuses saisies manuelles. Le recensement des lits d'hôpitaux, et notamment de réanimation, un élément crucial pour la politique sanitaire nationale, a souffert d'imprécisions, selon la Cour des comptes qui souligne "la faiblesse" de l'outil informatique "répertoire opérationnel des ressources".

Ce qu’on apprend aussi sur la gestion de la crise à l’hôpital du Nord Franche-Comté 

La Bourgogne-Franche-Comté avec un peu plus de 7 lits de réanimation pour 100.000 habitants avait moins de lits de réanimation que la Nouvelle Aquitaine qui en comptait 9 pour 100.000 habitants. 

Un manque de lits de réanimation : L’hôpital du Nord Franche-Comté n’avait que 20 lits de réanimation, ce qui s’est révélé largement insuffisant, indique la Cour des comptes. Au plus fort de la crise, l’HNFC a dû passer à 64 lits dont 52 rien que pour les malades Covid. Rappelons que le Territoire de Belfort a pris de plein fouet l’épidémie après les contaminations au sein du rassemblement évangélique de Mulhouse fin février 2020.

Masques, gants, surblouses, les stocks de produits étaient perfectibles, indique la Cour des comptes. L'hôpital du Nord Franche-Comté a été “confronté à un véritable risque de pénurie, qu’il n’a pu surmonter qu’au prix d’achats « hors marché » et d’appels aux dons sur les réseaux sociaux”. La Cour des comptes pointe globalement une hausse de prix considérables constatée chez les fournisseurs. Le prix des gants en nitrite a été multiplié par 100. 

Un manque de respirateurs :  l’hôpital du Territoire de Belfort a été “en situation véritablement critique et a dû se faire prêter des respirateurs par une clinique de Belfort et par le service départemental d’incendie et de secours du Territoire de Belfort”.

Des heures supplémentaires pour les personnels soignants : la plupart des hôpitaux étudiés ont réorganisé le travail (organisation en 12 heures étendue voire généralisée pour le personnel non médical, renforcement du service des urgences, création d’astreintes supplémentaires). Plutôt que de recourir à une organisation en 12 heures ou de mettre en place une organisation dérogatoire du temps de travail, certains établissements ont préféré les heures supplémentaires. C’est le cas de l’HNFC Nord-Franche-Comté qui comptabilise 5 948 heures supplémentaires en mars et avril 2020, pour un coût de 279 065 euros. 

Une hausse de l’absentéisme : Particulièrement touché, le Nord Franche-Comté a vu nombre de soignants être en arrêt maladie. L'hôpital a enregistré un nombre de personnels contaminés élevé, soit 409 personnes (sur un effectif de 455 médecins et 3 250 personnels non médicaux), ce qui a conduit à 7 142 jours d’absence (soit 17,5 jours par personne malade). Plus généralement, l’établissement a connu une hausse de l’absentéisme de 25 % par rapport à 2019, mais aussi de la maladie ordinaire hors covid.

Un fort taux d’activité Covid à Trévenans : Avec 808 malades soignés de mars à mai 2020, l’HNFC a à lui seul accueilli un nombre de patients confirmés aussi important que le CHU de Bordeaux. A Belfort, les séjours covid ont représenté 50 % du niveau moyen d’activité, avec 25 % % des séjours correspondant à des cas confirmés.

► Lire le rapport complet de la Cour des comptes

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