Le média web Factuel.info publie une annexe du permis de construire du projet de plateforme porté par Vailog, sur lequel le mot "Amazon" apparaît. Les opposants s'organisent pour contrer les multiples implantations prévues en France. Explications.
Le 20 novembre, Bastien Faudot, élu à la Ville de Belfort sous l'étiquette Gauche républicaine et socialiste nous alertait sur l'implantation d'Amazon à Belfort. Selon l'élu d'opposition qui a épluché les différents projets Amazon partout en France, cela ne faisait alors aucun doute. Damien Meslot, maire de la cité au lion, interrogé dans notre reportage l'assurait alors : "Il n'y a pas de projet d'implantation d'Amazon. Il n'y a pas d'implantation prévue à ce jour sur le territoire de Belfort."
"Cette trace avait été caviardée, mais mal effacée sur une annexe du permis de construire validé par les services du Grand Belfort et signé par le maire de Fontaine. Contrairement à ce qui a été affirmé, c’est donc bien Amazon qui se cache derrière le nom de code Citadelle" précise Guillaume Clerc, journaliste à Factuel.info.
Une clause de confidentialité
Alors pourquoi certains élus, dont le maire de Belfort, préfèrent garder le silence et refusent de confirmer l'information ? Vailog, l’un des principaux opérateurs immobiliers industriels en Europe, qui a fait l’acquisition du terrain de 18,4 hectares à Fontaine, est l'intermédiaire entre le groupe Amazon du milliardaire Jeff Bezos et les élus locaux. Une clause de confidentialité aurait été signée pour qu'à aucun moment le nom d'Amazon ne soit évoqué.C'est en tout cas ce que rapportaient dès l'été dernier nos confrères de Libération, ainsi que le média en ligne Reporterre qui a enquêté sur l'implantation d'un centre Amazon dans la région de Metz, en Lorraine. Il est d'ailleurs baptisé "Projet Delta". Reporterre explique qu'un "accord de non-divulgation" est signé avec la multinationale, imposant "la loi du silence à des élus locaux" et publie le document en question.
Le Territoire de Belfort est fortement touché par les plans de suppressions d'emplois, notamment au sein du groupe General Electric. L'arrivée d'Amazon devrait créer 1000 emplois, selon les élus favorables à ce projet.
Joint par nos soins ce samedi 5 novembre, Damien Meslot, maire de Belfort, n'a pas encore donné suite à notre sollicitation. "En tant qu'élu, ce qui m'importe, c'est qu'on crée de l'emploi et de la richesse sur mon territoire", avait-t-il déclaré sur France Bleu, sans confirmer le nom du futur exploitant de cette zone de 76.000 m².
Dans une note publiée en novembre 2019, qui a refait surface en cette fin d'année 2020, l’ancien secrétaire d’Etat Mounir Mahjoubi affirme qu’Amazon détruit entre 1,9 et 2,2 emplois à chaque fois qu’il en créait un. LeMonde.fr décortique les chiffres avancés, par ici.
Les opposants s'organisent
France Nature Environnement et Les Amis de la Terre ont déposé un recours contre le permis de construire exploité par Vailog à Belfort. Le dossier est en cours d'instruction au tribunal administratif de Besançon.Dans ce contexte de crise sanitaire et de difficultés pour le petit commerce, le développement d'Amazon divise. A Lyon, par exemple, un entrepôt logistique de 160 000 mètres carrés du géant du e-commerce Amazon pourrait voir le jour près de l’aéroport de Lyon Saint-Exupéry, à Colombier-Saugnieu. Le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet, entend se battre contre cette implantation. Les opposants s'organisent également à Montbert (Loire-Atlantique), Briec (Finistère), Lyon (Rhône) ou Rouen (Seine-Maritime).
De multiples actions contre le géant américain Amazon ont lieu ces dernières semaines, particulièrement à l'occasion du "Black Friday".
A Besançon, ce vendredi 4 décembre, ANV Cop-21 et le collectif Extinction Rébellion sont allés condamner des casiers Amazon dans deux grandes surfaces et après avoir interpellé les députés francs-comtois de la majorité LREM, devant leurs permanences. "Alors que les faillites et licenciements en cascade se poursuivent dans le commerce physique, une dizaine de nouveaux entrepôts Amazon sont en cours d'autorisation par l'Etat" dénoncent-ils. Et d'ajouter : "78% des Français.es sont favorables au moratoire sur les entrepôts de e-commerce et les zones commerciales en périphérie."