Le comité de suivi du rachat d'Alstom en 2014 par GE s'est réuni ce mercredi 11 septembre . Une réunion présidée à Paris par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire suite aux annonces par le géant américain d'un millier de suppressions de postes en France et à Belfort.
La première réunion du comité de suivi a duré près de 2h30. Le comité Maugis faisait le point sur l'utilisation des 50 millions d'euros payés par le groupe américain. Ce dernier s'était engagé à créer 1.000 emplois en France après le rachat en 2014 à l'Etat de la branche énergie d'Alstom. Le groupe américain n'a pas tenu sa promesse et a du payer une lourde amende.
Lors de ce comité de suivi, le maire de Belfort indique que les 50 millions d'euros seront bien réinvestis sur Belfort. Selon Damien Meslot, maire LR de Belfort qui participe à la réunion, l'amende payée par GE sera réinvestie dans trois branches : l'innovation, la création d'emplois et l'aide aux sous-traitants de General Electric.
Concernant les entreprises qui devraient bénéficier de ces fonds, 7 dossiers ont été présentés. 4 sont sélectionnés. Le choix sera fait d'ici à deux mois lors du prochain comité de suivi.
Ce comité de suivi se réunissait pour la première fois en présence du maire de Belfort, de la présidente de région Marie-Guite Dufay, de la préfète du Territoire de Belfort. Sont présents également Guy Maugis, le président du Comité de pilotage visant à soutenir le développement industriel de General Electric et Hugh Bailey le patron de la branche française du géant américain. Ce comité a été mis en place suite à l'annonce au mois de mai dernier. GE annonçait alors la suppression de 1.050 emplois en France dont 800 environ dans la branche gaz basée à Belfort.
Bruno Le Maire demande à nouveau à GE d'améliorer son plan de restructuration
Une seconde réunion qui a commencé à 17h30 devait se pencher précisemment sur le rachat en 2014 des activités énergie d'Alstom. Pour savoir si le groupe US qui prévoit un vaste plan de restructuration en France a bien tenu tous ses engagements il y a 5 ans. Parmi ceux-ci, le fait que GE maintienne l'essentiel des activités de turbines à gaz, ainsi que le centre de décision mondiale de cette activité, sur le site de Belfort.
A l'issue du comité de suivi, Bercy a fait savoir que le comité a bien examiné si le plan de restructuration envisagé par l’entreprise dans le secteur des turbines à gaz de 50 Hz permettrait en l’état le respect de ses engagements.
À l’issue du comité de suivi et compte tenu des informations transmises à ce stade par l’entreprise, Bruno Le Maire a indiqué à la direction du groupe GE que le plan de restructuration envisagé entraînerait la rupture des engagements pris par GE s’il était mené à son terme sans modification. Les engagements présentant un risque de rupture concernent notamment le maintien à Belfort des centres de décisions pré-existants liés aux turbines à gaz 50 Hz dans les domaines de :
- la supervision des activités commerciales, telles que le support technique aux offres
- la stratégie en matière de chaîne d’approvisionnement
- et les activités de R&D et R&D appliquée
Il a demandé à GE, sur ces derniers points, d’améliorer très significativement le plan de restructuration envisagé pour garantir dans la durée la tenue des engagements et le maintien des savoir-faire du site de Belfort dans le domaine des turbines à gaz 50 Hz. Le ministre a également indiqué qu’il s’entretiendrait prochainement avec M. Lawrence Culp, président-directeur général afin d’obtenir de sa part les évolutions nécessaires du plan.
GE réaffirme qu’il continuera à tenir ses engagements et demeurera un acteur industriel de premier plan en France.
A la suite du comité de suivi des engagements General Electric explique dans une communiqué avoir pris note de la demande de garanties du Ministre de l’Economie concernant l’activité turbines à gaz de 50HZ acquise par GE en 1999 et notamment le maintien de ses centres de décisions localisés sur le territoire à l’époque du rachat de la branche énergie d’Alstom. GE explique travailler sur les mesures possibles pour adapter le projet de réorganisation en cours tout en permettant de recouvrer durablement la compétitivité de l’activité gaz du site de Belfort dans un marché très dégradé. La direction de GE encourage les instances représentatives du personnel, absentes jusqu’à présent, à engager rapidement les négociations et ce, avant la fin du délai légal de la procédure fixée au 21 octobre.
L'intersyndicale de GE Belfort prête à porter plainte contre l'Etat
L'intersyndicale n'était pas invitée à cette réunion du comité de suivi présidée par Bruno Le Maire. Elle bataille depuis le printemps pour montrer que le site de Belfort a encore de l'avenir. L'intersyndicale se dit prête à porter plainte contre l'Etat. "Nous voulons travailler sur un projet alternatif où Belfort a toute sa place. Si le gouvernement n'obtient pas que Belfort redevienne centre de référence, la plainte contre l'Etat est prête. Nous n'avons plus qu'à appuyer sur le bouton. Mais l'objectif n'est pas de se lancer dans une guerre judiciaire pendant des années. L'intérêt pour nous, c'est un nouveau projet avec des perspectives d'avenir sur Belfort" confiait cette semaine Philippe Petitcolin membre CFE-CGC de l'intersyndicale belfortaine.
General Electric fait également parler d'elle sur le plan judiciaire. Hugh Bailey le patron de GE France est l'objet d'une enquête du parquet de Paris pour "prise illégale d'intérêt". L'enquête a été ouverte début septembre suite au signalement de la députée des Deux-Sèvres, l'écologiste Delphine Batho.
Elle dénonce le fait que Hugh Bailey ait rejoint GE France, d'abord en tant que directeur des affaires publiques puis en tant que directeur général depuis avril, alors qu'il avait eu à traiter des dossiers relatifs à cette entreprise lorsqu'il travaillait au ministère de l'Économie avec Emmanuel Macron.