General Electric n'en finit pas de liquider ses entreprises. D'après les informations du quotidien Libération, 764 emplois vont être supprimés en France. À Belfort, le maire de la ville Damien Meslot, annonce 89 suppressions de postes.
L'information a été dévoilée par le journal Libération ce mercredi 9 septembre et fait l'effet d'une petite bombe. Le géant américain GE n'en finit plus de dégraisser ses effectifs français. "Le géant américain devrait annoncer ce mercredi un lourd plan social visant les activités françaises de sa filière d'énergies renouvelables. Une nouvelle qui fait désordre après le feuilleton Belfort et en plein plan de relance « vert »" écrivent nos confrères.
Tout en précisant : "Avec un total de 764 suppressions de postes, il vise sa branche Hydro (turbines et alternateurs pour les barrages hydroélectriques) et, surtout, sa branche Grid (équipements pour les réseaux électriques)." Le projet prévoit des délocalisations des activités en Hongrie, en Inde voire en Chine.
"Le groupe américain GE est-il en train de profiter de la crise du Covid pour accélérer des délocalisations ?" s'interrogeaient l’intersyndicale à Belfort il y a quelques semaines. Il semblerait que leurs inquiétudes soient justifiées. "C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Le Covid est l’opportunité pour GE de ne pas tenir ses engagements" lançait d'ailleurs Philippe Petitcolin, délégué CFE CGC.
"C’est un manque à la parole donnée"
Du côté de Belfort, c'est la consternation : "Ces décisions sont inadmissibles. Si nous laissons faire, c’est le démantèlement du site GE de Belfort qui va être mis en oeuvre par la direction" a déclaré Damien Meslot, maire de Belfort en précisant que 89 emplois vont être supprimés dans la cité du lion.Tout le service Hydro de Belfort va être supprimé, comme nous l'a confirmé Philippe Petitcolin, délégué CFE CGC. Cela concerne des postes de commerciaux, de conception et de mise en service. Le syndicatliste craint d'autres annonces en cascade à venir, notamment concernant l'arrêt des turbines charbon, mais aussi le secteur éolien et nucléaire.Pour GE Energy Products (filière gaz), la direction s’est engagée, en signant un accord le 21 octobre dernier, à mettre en place un véritable projet industriel en échange d’un plan de réduction des coûts. Cet accord prévoyait le maintien de certaines activités jusqu’à mise en oeuvre du projet industriel du site. Cela permettait de maintenir le savoir-faire et les compétences à Belfort. Les salariés ont tenu leurs engagements en faisant des efforts considérables. En revanche, la direction ralentit tout investissement, ne donne aucune garantie quant au projet industriel et décide de délocaliser des activités en Hongrie. C’est un manque à la parole donnée. La stratégie purement financière à court terme de la direction nuit gravement au savoir-faire industriel des sites français et à l’indépendance énergétique de notre pays, qui est stratégique. A Belfort, ce sont plus de 940 emplois qui ont été supprimés sur les 4 300 que comptait le site.
Damien Meslot en appelle à l'action d'Emmanuel Macron, président de la République, et aimerait pouvoir obtenir des garanties concernant le développement des activités liées à l'hydrogène sur le Territoire de Belfort (en savoir plus au sujet de l'hydrogène).
"Nous ne laisserons pas passer"
"Cette décision est incompréhensible mais confirme la stratégie du groupe américain qui n’est aujourd’hui plus dissimulée : démanteler toutes les activités d’Alstom" a déclaré quant à elle Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté."Il y a des difficultés et ça peut amener certaines décisions, mais certainement pas des décisions d'aubaine. Et il faut que les choses soient claires" entre General Electric et le gouvernement français, a affirmé Bruno Le Maire lors d'une audition devant la commission des Finances du Sénat. "Il y a des plans sociaux qui sont nécessaires parce qu'ils vont permettre à une entreprise de rebondir, (...) et puis il y a d'autres plans sociaux qui sont des plans sociaux d'aubaine". "Ces plans sociaux d'aubaine ne sont pas acceptables et nous ne les laisserons pas passer", a-t-il prévenu.
Actuellement, les ateliers du groupe américain à Belfort tournent à 75% pour des raisons sanitaires. L’entreprise a recourt au chômage partiel. "L’activité de maintenance des rotors était une activité clé pour développer le site de Belfort" estime Philippe Petitcolin. Le site belfortain a perdu 455 emplois ces derniers mois suite au plan de suppressions d’emplois du groupe en France.