General Electric Belfort : ce que l'on sait du possible rachat de la branche nucléaire par les Français

Le groupe américain GE, en difficulté financière, pourrait céder ses parts de GEAST, filière nucléaire, à un acheteur français. A Belfort, pour les 1400 employés concernés, passer dans les mains d’un actionnaire Français pourrait alors changer la donne.

A vendre : Geast, la branche nucléaire de General Electric. Le géant américain, en difficulté, vend ses parts. Une filière stratégique puisque ces matériaux, comme les turbines Arabelle, qui sont utilisés dans les centrales nucléaires françaises et russes. Le savoir-faire est donc prisé, puisqu’il touche à la souveraineté nationale. A Belfort, ce sont 1400 salariés qui sont concernés.

L’avenir de la filière belfortaine se joue dans les bureaux de Bercy. D’après Le Canard Enchaîné du mercredi 14 octobre 2020, le ministère de l’Economie chapeauterait les négociations entre General Electric et les possibles acheteurs français. La transaction tournerait autour du milliard d’euros, et pourrait être conclue avant 2021. Parmi les candidats, EDF se dresserait en favori, d’après des bruits de couloirs entendus par Le Canard. Framatome et la Caisse des dépôts seraient aussi autour de la table.

La préférence va à la France

Pour vendre sa branche GEAST, General Electric a besoin de l’accord de l’Etat français. C’est le « golden share », ou le droit de véto. Potentiellement, la France pourrait s’opposer à une cession de parts à un acteur étranger, pour être sûre de récupérer la branche nucléaire. Une nouvelle qui peut rassurer les employés belfortains, comme l’explique Laurent Humbert, délégué syndical central CFE-CGC pour le nucléaire : « Pour une entité stratégique, un acheteur français rassure, car il pérennise la filière énergétique en France. »

Cependant, des incertitudes demeurent. « En tant qu’organisation syndicale, on n'a rien contre le fait d’être repris, on attend de voir quel est l’acheteur, et le plan industriel derrière », rappelle le délégué syndical. D’autant plus que l’entité GEAST comprend à la fois la fabrication des turbines Arabelle, ses composants, mais aussi tout ce qui est utile pour l’intégration de ces pièces aux centrales nucléaires. Et personne ne dit que l'acheteur sera intéressé par la partie projet et intégration aux centrales nucléaires. Parmi les 1400 emplois à Belfort, 800 travaillent dans ce secteur.

Le racheteur racheté

Au départ, GEAST a été créé un an après le rachat d’Alstom par General Electric en 2014. Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif d’alors s’était opposé à cette option américaine, face à Emmanuel Macron, à l’époque, secrétaire général adjoint de l’Elysée. Une querelle avec des conséquences sur l’entreprise, comme se le remémore Laurent Humbert, délégué syndical central CFE-CGC : « On connaît l’historique par rapport à la vente. Il n’est jamais trop tard pour changer d’avis. »

Pour la filière nucléaire GEAST, en termes de capital, 80% des parts allaient à l’Américain, et 20% au Français. Puis Alstom a cédé ses dernières parts à General Electric, qui possédait ainsi toute la filière nucléaire. Le rachat par l’Américain a été un tournant dans la gestion de la boîte. Laurent Humbert l’explique : « Le fonctionnement de General Electric se fait à coups de restructuration et de délocalisations. Même si, côté nucléaire, c’est stratégique, donc on est assez préservés. » 

 La peur d’un coup de com’

Maintenant, c’est donc sous la présidence d’Emmanuel Macron que la filière stratégique va être rachetée. Le délégué syndical central de la CFE-CGC prévient : « Puisque la décision de vente sera rattachée à une décision politique en tant qu’organisation syndicale, on souhaite être consulté sur l’acheteur, et sa vision de l’entreprise. » La crainte d’un coup de com’ se fait sentir, car un acheteur français ne signifie pas forcément une sauvegarde de tous les emplois.

« Certaines petites pièces sont sous-traitées dans des pays qui pratiquent le low-cost, comme la Chine ou l’Inde », rappelle ainsi Laurent Humbert de la CFE-CGC. Ces composants importés peuvent poser un problème lorsqu’il s’agit des matériaux aussi stratégiques, d‘après le délégué syndical central : « Le risque est que la filière nucléaire soit dépendante du fonctionnement des autres pays, et il y a aussi le problème de la qualité. Le diable se cache dans les détails. »
 
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