Face à la sixième de covid-19, les cellules de contact tracing de la sécurité sociale ne parviennent plus à remplir leur mission initiale. Désormais, plus question d’appeler les cas contacts des malades testés positifs : les agents essaient tant bien que mal de téléphoner à ceux qui ne peuvent recevoir les SMS automatiques de la CPAM.
"On ne peut pas, c’est impossible". Dans la cellule de "contact tracing" de Belfort, Rebiha A. ne s’en cache pas : voilà plusieurs jours que ses collègues "traceurs" et elles ne cherchent plus à joindre tous les cas contacts des malades du covid-19. C’est pourtant le rôle de ce bureau, qui comme dans chaque CPAM de France a été créé avec la pandémie : téléphoner aux nouveaux testés positifs, que l’on nomme ici les "patients zéro", déterminer qui sont leurs cas contacts, puis appeler et leur transmettre les consignes d’isolement et de gestes barrières, pour briser les chaînes de contamination. Mais avec l’arrivée du variant Omicron et de la sixième vague, les consignes ont changé.
"On n’appelle plus les cas contacts, puisqu’on ne peut même plus appeler les patients 0" reconnaît Philippe Ricklin, responsable du "contact tracing" pour la CPAM 90. "On a plus de 450 patients 0 par jour en moyenne cette semaine", explique-t-il, "alors que la semaine dernière, on était à 150". Dans ces conditions, les 6 traceurs du Territoire de Belfort ne peuvent faire face. "Le système mis en place au niveau national, c’est l’envoi de SMS, deux fois par jour, aux patients 0.". Quant aux cas contacts, "ils doivent être informés par les patients 0". Désormais, le rôle des traceurs est d’appeler ceux qui ne sont pas en mesure de recevoir ce fameux texto : "On essaie de prioriser les personnes âgées, qui n’auraient pas de SMS" confirme Rebiha A.
Pas de moyens supplémentaires envisagés
Une situation que les syndicats dénoncent. "Nous ne contactons que les patients 0 qui ont un fixe et pas de portable, ceux qui ont un numéro de portable sont contactés par sms, et à charge pour eux de se débrouiller tout seuls, pour les arrêts de travail, pour leurs cas contacts et tout " s’agace Josée Salvador, déléguée CGT à la CPAM 90. Le texto oriente les assurés vers les "applicatifs", les pages internet et formulaires à leur disposition pour demander un arrêt de travail et s’isoler. "Ce n’est pas évident pour tout le monde de se débrouiller tout seul". Selon la déléguée, certains malades essaient de joindre la CPAM par d’autres moyens, pour demander de l’aide. "Je vous donne un exemple", entame la déléguée syndicale, "mardi 4 janvier, nous avons eu 692 patients zéro recensés sur les bases. Au vu de nos moyens actuels, nous n’avons pu en contacter que 171."
Le syndicat demande que les moyens alloués à la cellule de tracing soient augmentés. "La caisse nationale nous a limité les moyens" soupire Josée Salvador. Interrogé, le responsable de la cellule nous indique que de nouveaux recrutements ne sont pas à l’ordre du jour. "On a un nombre de traceurs déterminés par rapport au nombre d’assurés", explique-t-il, "c’est une activité qui est extrêmement fluctuante, et pour l’instant, on est dans un pic extrême, mais peut-être qu’il va redescendre dans 15 jours."