Emmanuel Macron a officialisé, jeudi 30 mai, le rachat par EDF de la branche nucléaire de General Electric. Cette vente replace le savoir-faire de Belfort et les turbines Arabelle dans le giron français. Cette turbine est considérée comme un joyau technologique français. Pourquoi ? Eléments de réponses.
Le rachat par EDF des turbines Arabelle, fabriquées à Belfort est, pour beaucoup d'acteurs locaux, une excellente nouvelle. Et pour cause, cette avancée technologique est considérée comme un joyau technologique français. Il s'agit des turbines les plus puissantes du monde, elles mesurent plus de 70 mètres de long, soit la taille d'un avion A380.
La turbine Arabelle fonctionne à la vapeur, elle transforme l’énergie thermique, générée par la fission nucléaire, en énergie mécanique, par le passage de la vapeur dans les différents étages de la turbine. C'est ce qui engage un "alternateur, qui produit alors de l’énergie électrique, sur un schéma similaire à celui d’une dynamo de vélo" comme l'explique le média Le Trois. Il s'agit de la pièce, essentielle donc, qui permet de produire l'électricité dans une centrale nucléaire.
D'où vient le nom d'Arabelle ?
En France, les études et la construction des turbines à vapeur ont commencé un peu avant le début du XXème siècle avec les travaux d’Auguste Rateau. Le fonctionnement a été déposé en brevet en 1898.
Et c'est à la fin du XXème siècle, qu'Arabelle a été créée. Le nom d'Arabelle provient de son histoire : c'est un condensé de "Alstom RAteau BELfort LE bourget". Alstom et Rateau étaient à l'époque les deux entreprises qui s'étaient associées pour développer les turbines. Cette production a été conçue à Belfort et continue d'y être fabriquée. Le Bourget a aussi travaillé sur ce projet avant d'être totalement regroupé à Belfort.
Depuis, la première turbine Arabelle a accumulé plus de 400 000 heures de fonctionnement, avec une fiabilité démontrée de 99,96 %.
"Un design très avancé" pour un meilleur rendement
Ces turbines sont conçues pour durer 60 ans et leur architecture leur permet de produire 2 % de plus d’électricité que les modèles traditionnels. "Elle a un très très bon rendement parce que son design est très avancé", précise Laurent Santoire, délégué central CGT au CSE de l'entité nucléaire de GE. Et c'est notamment parce qu'elle tourne à demi-vitesse, à environ 1 500 tours à la minute. Cette demi-vitesse limite notamment la corrosion.
Sa spécificité, c'est qu'il s'agit de la plus grande et de la plus complexe turbine qu'il soit. Et surtout, ce n'est pas simplement une turbine, c’est un modèle qui fait qu’à chaque fois qu’on en fabrique une pour une centrale un peu différente, on est capable de l’adapter précisement pour la centrale.
Laurent SantoireDélégué centrale CGT au CSE de l'entité nucléaire de GE
En effet chaque turbine qui sort de l'entreprise franc-comtoise est spécialement conçue pour sa centrale nucléaire de destination. En France, elle équipe les centrales de Civaux, Chooz et Flammanville et équipera les centrales du programme EPR2 Français. Selon les derniers chiffres à notre connaissance, on estime que cette turbine équipait en 2015 environ 30% du parc nucléaire mondial. Une fierté pour les Belfortains.