"Un bâton et une gazeuse ne suffisent pas" : cette collectivité a décidé d'armer ses gardes champêtres, elle s'explique

Le conseil communautaire du Grand Belfort a voté le 10 octobre 2024 la possibilité d'armer ses gardes champêtres comme les policiers municipaux à Belfort (Territoire de Belfort). Après une formation, ils devraient porter un pistolet à la ceinture en avril 2025, en plus de leur matraque télescopique et du gaz lacrymogène.

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En 2022 déjà, le Grand Belfort avait décidé d'équiper ses dix gardes champêtres de bâtons télescopiques ainsi que de bombes lacrymogènes pour assurer leurs missions de terrain sereinement. Ce jeudi 10 octobre 2024, le conseil de l'agglomération de 48 communes a franchi une étape supplémentaire.

La collectivité a ainsi voté le recrutement de deux agents supplémentaires et le port d'une arme de catégorie B 1°, telle que prévue par le code de la sécurité intérieure. Ils sont par ailleurs déjà porteurs de caméras individuelles, pour procéder à l’enregistrement de leurs interventions lorsque se produit ou est susceptible de se produire un incident.

"Il ne faut pas qu'il soit démuni"

Mais qu'est-ce qui a motivé cette décision ? "Les gardes champêtres se rendent dans les communes de l'agglomération, mais aussi dans la première couronne de Belfort, dans des secteurs comme Offemont, et peuvent autant se retrouver confrontés à du trafic de drogue qu'à des interventions en forêt, décrypte Thierry Besançon, maire de Bessoncourt et conseiller communautaire délégué aux gardes champêtres territoriaux. "Ils portent déjà des gilets pare-balles, mais en présence de gens armés ou menaçants, il ne faut pas qu'ils soient démunis".

Face à des refus d'obtempérer et des gens qui vous foncent dessus, un bâton et une gazeuse ne suffisent pas. Il faut que leurs armes soient dissuasives. La société se modifie, il faut avancer en même temps.

Thierry Besançon,

maire de Bessoncourt et conseiller communautaire délégué aux gardes champêtres territoriaux

Une décision qui ne fait pas l'unanimité. "J'ai toujours été contre l'armement d'autres agents que la police nationale ou la gendarmerie, s'explique Bastien Faudot, conseiller (MRC) municipal et communautaire d'opposition. "Car c'est un transfert de compétences régaliennes vers les collectivités. Depuis les années 2000, on est passés à Belfort de 240 à 150 policiers nationaux.

"Et Damien Meslot (le maire LR de Belfort et président du Grand Belfort NDLR), lorsqu'il était député, a voté sous Sarkozy toutes ces réductions des forces nationales sur le territoire" continue l'élu d'opposition. "On est bien obligés de protéger nos concitoyens, bien sûr, je ne nie pas la situation, mais il faut un dialogue et demander des compensations à l'État". 

Loin de l'image du crieur au tambour

Le temps de budgétiser et commander les armes, sans doute des pistolets semi-automatiques avec chargeurs, comme les policiers municipaux de Belfort, les gardes champêtres devraient être formés en février 2025 et opérationnels en avril 2025. Une situation qui peut choquer lorsqu'on a en tête l'image d'Épinal du crieur au tambour portant tricorne et épaulettes.

Mais le garde champêtre a aujourd'hui de larges interventions de police rurale, en plus grand nombre encore que la police municipale. Elles sont détaillées sur le site du Grand Belfort. Ainsi que sur celui de la Fédération Nationale des Gardes Champêtres de France. Les missions sont la surveillance, la sécurité et la salubrité des villes et villages de moins de 5 000 habitants sous l'autorité du maire qui fait appel aux agents ponctuellement à défaut d'avoir un garde champêtre par commune.

Les gardes champêtres ont un pouvoir de police verte (préservation de l'environnement, des réserves et ressources naturelles) et de police routière. Ils interviennent sur les chiens dangereux et les animaux morts ou en divagation. Ils peuvent effectuer des constats d'urbanisme, de dépôts sauvages ou de pollutions de toutes sortes. Ils ont aussi des pouvoirs de police funéraire lors du scellement ou du transfert de cercueils.

Des effectifs en forte diminution

Comme les policiers municipaux ou gendarmes, avec lesquels ils se coordonnent au quotidien, les gardes champêtres peuvent aussi intervenir pour des flagrants délits, des relevés d'identité, des nuisances sonores, des surveillances d'écoles, l'encadrement d’événements publics comme les foires ou les marchés...

Leur nombre a fortement diminué en France et avoisine les mille agents sur tout le territoire. Pour rappel, ce sont des fonctionnaires de catégorie C, recrutés sur concours. L'ensemble des gardes champêtres de France devrait recevoir de nouveaux uniformes et véhicules courant 2025.

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