En France, il manque entre 4.000 et 5.000 MNS, les maîtres-nageurs sauveteurs, selon la Fédération française de sauvetage et de secourisme. La pénurie a des conséquences sur l’accès à l’apprentissage de la natation comme dans la commune de Delle, dans le Territoire de Belfort. Les élus interpellent sur le sujet le gouvernement.
Pour plonger dans le grand bain du centre aquatique de Delle près de Belfort, il ne suffit pas d’avoir un maillot et des lunettes. Il faut encore que les créneaux pour le public soient ouverts, que l’école de natation n’affiche pas complet tout comme les cours pour les débutants. Et pour ça, il faut que l’équipe des maîtres-nageurs sauveteurs soit au complet. Une gageure en ces temps de pénurie nationale.
Aujourd’hui, ici, sur les 6 postes de MNS, trois seulement sont assurés, l’un des professionnels est en arrêt maladie, et deux postes sont à pourvoir.
Le directeur du centre aquatique de la Communauté de Communes du Sud Territoire se dit « très motivé pour développer les activités, mais on ne peut pas aller à la vitesse qu’on veut, cette pénurie nous freine", regrette Fabrizo Serra.
Le métier n’attire plus les jeunes, sans compter qu’on est tout près de la Suisse
Fabrizio Serra, directeur du centre aquatique de Delle
Et nos voisins hélvètes restent imbattables côté salaires.
La piscine de Delle a dû fermer le dimanche, et réduire certains de ses créneaux d’ouverture au public. L’école de natation ne compte plus le nombre d’enfants en liste d’attente, plus de 100 au dernier recensement. Les journées dédiées aux personnes en situation de handicap sont aussi réduites et les activités sportives maintenues de justesse.
Un service public non rentable mais essentiel
Seuls les créneaux pour les scolaires ne sont pas impactés. La Communauté de Communes du Sud Territoire qui gère le centre aquatique veut maintenir le service coûte que coûte. Un service qui n'a jamais été rentable mais qui permet l'apprentissage de la natation aux enfants du secteur.
En 2021, elle a rendu les créneaux gratuits pour les écoles. 140.000 euros en moins auxquels aujourd'hui il faut retirer une partie des recettes des entrées publiques puisque la piscine doit fermer plus tôt, et tout le dimanche, faute de MNS.
La pénurie n’est pas nouvelle mais elle s’aggrave au fil des ans. Le peu de candidats préfère les grandes villes, les bords de mer. Il y a bien les surveillants de baignade, mais ils ne peuvent pas donner de cours de natation.
Les élus ont saisi dans un courrier les parlementaires, Ian Boucard, député LR du Territoire de Belfort et Cédric Perrin, sénateur LR. Ils leur demandent de relayer, de plaider leur cause au niveau national, qui plus est en cette année olympique.
Thomas Biétry, vice-président LR de la Communauté de Communes du Sud Territoire espère "du concret sur le sujet". La formation, par exemple, est selon lui longue et coûteuse "sans compter qu'il faut aussi que les jeunes passent le concours pour la fonction publique territoriale, s'ils veulent un CDI". L'élu espère que les parlementaires s'empareront du dossier pour que le gouvernement trouve des solutions pour rendre le métier plus attractif.
L'apprentissage de la natation est aussi une question de sécurité. L'Éducation Nationale en a fait une priorité mais chaque année, on déplore près de 300 noyades mortelles en été selon Santé publique France, et aujourd'hui encore un enfant sur trois ne sait pas nager avant son entrée au collège.