Triple infanticide de Gergy : les pères des victimes témoignent, au 2e jour du procès

Au deuxième jour du procès de la mère infanticide de Gergy ce mardi 24 novembre 2015, la grand-mère de l'accusée et les pères des victimes ont témoigné devant la cour d'assises de Saône-et-Loire. 

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Céline Rubey est accusée du meurtre de ses trois enfants âgés de 18 mois à 6 ans. Les faits remontent au 1er novembre 2013, sur la commune de Gergy, située au nord de Chalon-sur-Saône, dans le département de Saône-et-Loire. Pendant 4 jours, elle sera jugée par les assises de Saône-et-Loire pour meurtre sur mineurs de moins de 15 ans.

Au 1er jour du procès, l'accusée s'était effondrée pendant son récit des faitsCe mardi 24 novembre, les trois médecins légistes, et les deux papas qui se sont constitués parties civiles ont témoigné à la barre dans la matinée. Puis, c'est la mère de l'accusée qui a fait sa déposition dans l'après-midi.

Reportage de Maryline Barate et Jean-François Guilmard, avec les interviews de :
  • Me Géraldine Wendel, avocate des deux pères des enfants
  • Me Michel Grebot, avocat de la défense
Au 2e jour du procès de Céline Rubey, les proches de l'accusée ont apporté leurs témoignages.

Une mère attentive, bien qu'un peu "dépassée" avec ses deux jumeaux, mais aussi "fragile", voire "immature" : les assises de Saône-et-Loire ont brossé mardi le portrait de Céline Rubey, jugée pour le meurtre de ses trois fils en 2013. Les deux pères des enfants et la mère de l'accusée ont utilisé les mêmes mots, à la barre, pour décrire cette femme de 31 ans. Une fille "dynamique", "curieuse""Elle adorait ses enfants", explique sa mère. "Elle s'occupait très bien de Lyam (six ans), ils avaient une relation fusionnelle. Avec les jumeaux (18 mois), elle me disait qu'ils étaient durs, mais c'était les propos d'une maman un peu dépassée", témoigne très dignement le papa de l'aîné. "Ils étaient bien habillés, propres", enchaîne, entre deux sanglots, celui des jumeaux.

Les rapports d'expertise médicale, qui seront détaillés mercredi à l'audience, évoquent une personne qui n'a pas d'affection psychiatrique mais "immature et fragile". La cour est revenue mardi sur les mois qui ont précédé le drame pour tenter de comprendre pourquoi ce 1er novembre 2013 l'accusée a étouffé ses enfants avec des sacs plastique avant de tenter de se suicider. "Je n'arrive toujours pas à comprendre comment j'ai pu aller jusque-là", avait confié l'accusée lundi au premier jour du procès. Mardi, les témoignages ont à nouveau fait ressortir sa dépression, sa conversion
à l'islam, puis sa radicalisation. Et ce 23 juin 2013 où, prise d'une "bouffée délirante", elle avait dit vouloir mourir en martyr avec ses fils lors d'un spectacle d'enfants récitant le Coran, où elle s'était rendue avec son aîné, laissant ses bébés seuls chez elle.

Elle demande pardon à un seul des pères


Un point de basculement. D'abord parce qu'elle prend ensuite ses distances avec la religion et renoue avec sa famille, notamment sa mère qui s'occupera quotidiennement d'elle. Surtout, les deux pères, presque totalement absents jusque-là, réapparaissent. D'abord celui des jumeaux. A la suite de son "délire", elle est en effet internée et ses enfants placés. Monsieur R. écrit alors au juge des enfants pour demander à récupérer ses enfants, Imran et Zayd. Mais on ne lui répondra jamais. Le papa de l'aîné tente lui de renouer avec son fils un mois plus tard. Il le verra trois fois, les seules fois de sa vie. Il a fait à la cour un récit poignant de ces moments de "bonheur", en ramassant des pommes dans le jardin ou en jouant au foot. "Elle n'était pas seule, elle était entourée", insiste la mère. Évoquant le passé, elle explique également que sa fille s'est séparée à chaque fois lorsqu'elle était enceinte, tout comme elle qui avait coupé les ponts avec le père biologique de l'accusée, qui ne souhaitait pas sa naissance.

Lors des témoignages, Céline Rubey, les traits tirés, toujours emmitouflée dans son gilet, est restée calme, répondant posément et clairement aux questions. Nordine est également venu à la barre. Ce "coach de vie", comme il se présente, avait échangé quelque 5.400 messages avec l'accusée en octobre 2013. La cour a cherché à comprendre si cet homme avait pu l'influencer, aucun lien n'ayant été établi par les enquêteurs entre ces échanges et les faits. Durant l'audience, Céline Rubey a demandé "pardon" au père de son aîné. "J'ai vu qu'il l'avait aimé tout de suite (...) et je m'en veux de lui avoir fait du mal." Et celui des jumeaux ? demande le président de la cour. "Je ne lui demande pas pardon parce qu'il ment." La veille, elle l'avait accusé de violences sur les enfants et il avait quitté la salle d'audience.
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