L'Agence Régionale de Bourgogne-Franche-Comté a présenté deux scénarios concernant l'évolution de la situation sanitaire due au Covid-19, en fonction d'un taux de vaccination dit "faible" et d'un autre dit "fort". Explications.
Une véritable course contre la montre a débuté dans notre région comme sur tout le reste du territoire français pour maîtriser le variant Delta, variant du Covid-19 le plus contagieux depuis l'apparition du virus. Le but : augmenter le plus rapidement possible la couverture vaccinale de la population afin d'éviter une quatrième vague.
"Toute vaccination supplémentaire dans notre région nous éloigne du scénario rouge" a expliqué Pierre Pribile, directeur général de l’ARS Bourgogne-Franche-Comté en conférence de presse ce mardi 13 juillet. "C'est presqu'un millier de vies qui sont dans nos mains. Ca donne du sens à nos efforts" a-t-il ajouté, aux côtés de Cédric Duboudin, directeur de l’innovation et de la stratégie.
La veille, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé l’obligation vaccinale pour les soignants en France, ainsi que l’extension du passe sanitaire pour accéder "aux lieux de loisir et de culture" rassemblant plus de 50 personnes, et ce dès le 21 juillet.
Pierre Pribile et Cédric Duboudin ont présenté aux journalistes une simulation de ce que pourrait être la situation sanitaire en Bourgogne-Franche-Comté, dans les semaines à venir, en fonction du taux de vaccination. Deux scénarios ont été étudiés : un scénario rouge avec un taux de "vaccination faible" des 12 ans et plus à 58 % face à un scénario vert avec une "vaccination forte" à 89 %. "Nous voulons vous montrer à quel point la couverture vaccinale est déterminante dans les semaines qui viennent. On peut écraser la quatrième vague si les citoyens se font vacciner en masse" a insisté Pierre Pribile, tout en précisant bien que les chiffres présentés ce jour étaient "une simulation et non une prévision". D'autres facteurs peuvent entrer en compte. La simulation présentée ce jour ne prend en compte que les variations du taux de vaccination.
L'impact de la vaccination sur le taux d'incidence
"Dans un cas on pourrait avoir un pic qui peut même dépasser ce qu’on a déjà vécu, et dans un autre cas on a quelque chose de beaucoup plus réduit. La réalité sera probablement autre, entre les deux, mais en tout cas on note une grosse différence en terme d’incidence" a commencé Cédric Duboudin, en s'appuyant sur un graphique plaçant les deux scénarios vert et rouge de manière superposée. En rouge, on observe la flambée du taux d'incidence en Bourgogne-Franche-Comté. En vert, si on atteint près de 90% de taux de vaccination, le taux d'incidence pourrait être bien moins élevé. La vague serait alors totalement contenue, selon les estimations de l'ARS.
L'impact de la vaccination sur les hospitalisations
C'est l'une des questions que beaucoup de gens se posent. Quelle incidence le variant Delta peut-il avoir sur la saturation des hôpitaux en Bourgogne-Franche-Comté, si de très nombreuses personnes sont vaccinées ? Sur ce graphique, on découvre que si le taux de vaccination n'augmente pas significativement, et malgré un taux de vaccination à près de 60%, les hôpitaux pourraient se retrouver tout de même en surcharge. Une fois de plus, la courbe rouge correspond au scénario rouge et la courbe verte correspond au scénario vert, expliqués plus haut. Selon les simulations de l'Agence Régionale de Santé, le nombre de personnes hospitalisées pour Covid-19 en soins intensifs y compris en réanimation pourrait dépasser celui de la deuxième vague si le taux de vaccination n'augmente pas.
"On aurait une proportion plus grande de jeunes hospitalisés, en fonction d'un taux de vaccination plus faible dans cette classe de population" explique Cédric Duboudin, directeur de l’innovation et de la stratégie.
L'impact de la vaccination sur les décès
Le graphique le plus marquant est sans aucun doute celui faisant état des décès journaliers potentiels en raison du Covid-19, en fonction des deux scénarios exposés. La courbe rouge représente la simulation du nombre de décès possibles avec une couverture vaccinale dite "faible". Comme précédemment, la courbe en vert correspond au scénario avec un taux de vaccination fort. "Sur les décès l’estimation est plus délicate, mais on constate encore cet effet même si globalement il y a une baisse du nombre de décès par rapport à la vague 2" ajoute le responsable stratégique. Et d'ajouter : "Les personnes âgées et vulnérables étant plus vaccinées, les décès seraient moins importants."
"Un record absolu" de prise de rendez-vous
Ce mardi matin, Doctolib, la principale plateforme de prise de rendez-vous, a annoncé que "926.000 Français" avaient réservé un créneau de première injection via sa plateforme, lundi. "Un record absolu", a précisé le site dans un message sur Twitter. Selon l'ARS Bourgogne-Franche-Comté, les stocks de vaccins sont importants en raison du ralentissement de la demande de vaccination ces dernières semaines. "Un grand nombre de centres de vaccination avaient organisé des accès sans rendez-vous, ils restent ouverts et la population est libre de s’y rendre" a détaillé Pierre Pribile.
"Il y a un côté un peu désespérant, car on a un scénario de vaccination faible avec un taux tout de même élevé si je puis dire. Si on en restait à ce scénario rouge, et c'est ce scénario qu’on suivait dans notre région jusqu'à présent, on connaitrait quand même une vague de l’ampleur de ce qu’on a connu par le passé car le Delta est extrêmement contagieux" a conclut Pierre Pribile, le directeur de l'ARS BFC, en insistant une nouvelle fois : "On peut écraser cette quatrième vague et éviter le lot d’hospitalisations, de décès et de restrictions qu’on a déjà connu. Les annonces d’hier soir nous emmènent à espérer qu’on se placera plus près du scénario vert que rouge mais la balle est dans le camp de chacun d’entre nous."