Cet été France 3 Franche-Comté vous fait découvrir des activités nature proposées dans notre belle région. Nos journalistes Sarah Rebouh et Pascal Sulocha ont testé la spéléologie dans la Grotte des Faux Monnayeurs à Mouthier-Haute-Pierre. Récit.
Le mois de juillet 2021 n'est pas très chaud en Franche-Comté mais qu'importe ! Nous sommes tout de même descendus dans les méandres de la terre, là où la fraîcheur se fait sentir, pour y découvrir un espace hors du temps et à l'abri de toute sollicitation, à l'occasion d'une demi-journée de spéléologie dans la Grotte des Faux Monnayeurs, à Mouthier-Haute-Pierre. Cette célèbre grotte se situe dans la vallée de la Loue, entre Besançon et Pontarlier.
Cet endroit, véritable paradis des spéléologues et site majeur de l'âge du Bronze dans notre département, s'ouvre dans une imposante paroi rocheuse sur le versant droit des gorges de Nouailles. La grotte doit son nom aux nombreuses pièces de monnaie découvertes au sein de son porche et, selon la légende, à une bande de faux monnayeurs qui y avait élu domicile. Les plus anciens objets trouvés là en 1966 datent du néolithique. Elle forme un réseau exploitable parcourant 1295 mètres et communique directement avec la grotte de la Vieille Roche et la source du Pontet qui s'écoule plus bas.
3h de déambulation dans la grotte
Vous pensez bien que nous n'avons pas parcouru la grotte en autonomie, tels les premiers hommes découvrant leur futur abri ! Non, nous ne sommes pas fous. Nous avons fait appel à un professionnel histoire de nous rassurer pour de bon. Parce que non, on ne déambule pas 3 heures dans une grotte comme on randonne dans la nature. L'appréhension n'est évidemment pas la même et personnellement je pensais être légèrement sujette à la claustrophobie. C'est Alexandre Foulc, guide spéléologue chez Sport Nature Evasions qui nous accompagne avec un groupe d'adolescents du Grand Est, en Franche-Comté pour les vacances. Le professionnel est bardé de diplômes en spéléologie, canyoning, alpinisme ou encore escalade. Ça nous rassure instantanément.
La sortie débute par une séance habillage en bord de route. On passe une combinaison rouge sur nos vêtements de sport et on enfile un baudrier ainsi qu'un casque muni d'une lampe frontale. Nous voici partis en direction de la grotte, située au bout d'un joli chemin descendant en forêt. On s'approche et on monte une petite échelle en fer pour accéder à l'entrée par laquelle s'échappe un air frais. Le stress commence à monter. Alex nous donne quelques indications et installe sa lampe frontale fonctionnant au carbure de calcium et à l'eau.
C'est parti ! La première partie de la marche se fait gentiment dans des cavités plutôt larges. On se suit les uns derrière les autres et on progresse petit à petit. L'effet de groupe se fait sentir et apaise l'appréhension. L'atmosphère est vivifiante et l'ambiance totalement inédite. Il est rare, à moins d'affectionner particulièrement ces expériences, de se retrouver au beau milieu d'une grotte, loin de toute lumière du jour, sans réseau téléphone et dans un environnement totalement inconnu. Le but est de faire attention où on met les pieds car le sol est glissant et très accidenté. Des rochers tombés là il y a environ 10 000 ans jonchent le sol. Au-dessus de nos têtes, on observe tout d'abord des petites billes luisantes. Ce sont des gouttelettes d'eau créées par condensation, visibles uniquement l'été. Quand l'air extérieur chaud pénètre dans la grotte, il se refroidit et dépose de l'humidité sur les parois. Plus la chaleur est forte à l'extérieur, plus l'humidité est élevée dans la grotte.
On continue à s'enfoncer dans le noir, guidés par les lumières de nos frontales. On arrive dans une grande salle plutôt impressionnante baptisée "la salle en S". Alexandre Foulc nous explique : "La roche fait un S couché en face de vous. Cela illustre un plissement et la fracturation associée. Tant que de l'eau maintenait les roches instables en suspension au-dessus de nous, ça allait, mais à partir du moment où l'eau a quitté cet endroit, tous les blocs suspendus, fragilisés, ont fini par tomber. Ils sont tombés il y a très longtemps."
Ce plissement prend naissance ici dans les environs, jusqu'à Salins-les-Bains, dans le département du Jura. En ligne droite, le sous-sol est tout fracturé. Cela est favorable au creusement des grottes.
Le guide nous fait éteindre nos frontales. On se retrouve dans l'obscurité la plus totale. "Tendez votre main face à vous" nous indique-t-il. "Vous la voyez ?". "Oui" répondent la plupart d'entre-nous. "Eh bien non, vous ne pouvez pas la voir. Aucun être vivant ne peut voir quelque chose ici. Vous ne voyez pas votre main, c'est votre cerveau qui la reproduit pour vous dans votre esprit, car il sait très bien quelle forme elle a et à quelle distance elle se trouve de votre corps" nous détaille Alex.
Une eau à 10 degrés
La suite de la visite est plus sportive. On laisse quelques membres du groupe patienter pendant que nous poursuivons notre parcours dans des cavités bien plus petites. On se baisse, on rampe sur le sol et on met les pieds, puis les jambes dans une eau à 10 degrés pour traverser un bassin. On arrive ensuite à un passage plus délicat. Je ferme la marche. Cette position n'est pas la plus rassurante, surtout au moment où je perds ma lumière après avoir bidouillé le bouton dans le mauvais sens. La panique arrivant rapidement dans cet environnement, et mes camarades étant déjà loin devant (en fait, à quelques mètres seulement...) je déclenche la lumière de mon smartphone et me dépêche de m'enfiler dans le trou de souris. Je double ensuite Pascal pour ne plus être la dernière du peloton. Il me fait d'ailleurs remarquer que cette place n'est pas la plus sympa. Il faut bien un dernier et ce ne sera pas moi !
On effectue en fait une boucle en empruntant un passage très étroit. "Tends les bras. Vas-y, descends, n'aie pas peur. Pose ton pied sur mon genou et glisse gentiment" nous indique Alexandre, nous faisant passer sans encombre ce passage assez impressionnant quand on le fait pour la première fois. On rejoint ensuite le reste du groupe. On rebrousse chemin jusqu'à l'endroit où nous avions observé les gouttelettes au plafond, non loin de l'entrée de la grotte.
"Pour sortir de la grotte, je vous propose une descente en rappel de 25 mètres. La sortie se situe au-dessus. Si certains ne se sentent pas, ont le vertige, n'hésitez pas à le dire, ce n'est pas grave. Vous pouvez repartir par l'entrée qu'on a prise. Pour les autres, vous montez par ici et attendez moi en haut" nous indique notre guide. Pascal et moi choisissons la descente en rappel sans hésiter. Après nous avoir expliqué comment nous accrocher à la ligne de vie, Alexandre nous fait descendre un à un sur 25 mètres, au rythme de nos appuis contre l'immense paroi rocheuse. De quoi terminer cette sortie en beauté.
On remonte à la voiture un peu fatigués tout de même, mais ravis d'avoir pu découvrir cette discipline hors du commun. Et finalement, je ne suis peut-être pas si claustrophobe !
Infos pratiques pour pratiquer la spéléologie à Mouthier-Haute-Pierre
Alexandre Foulc propose avec son agence Sports Nature Evasion des sorties "découverte" dans la grotte des Faux Monnayeurs. D'autres agences proposent également des sorties à cet endroit comme Roc et eau ou encore Roc émotion.
Cette activité est accessible aux débutants. Néanmoins, la sortie durant environ 3h30, il faut tout de même une condition physique correcte et surtout ne pas avoir peur d'évoluer dans un environnement accidenté. Certains passages sont un peu délicats et nécessitent une grande vigilance. On retrouve dans cette activité une traversée souterraine avec un court bassin à traverser (de l’eau aux genoux en fonction du niveau de l'eau), un passage dans un petit conduit serré et une descente en rappel de 25 mètres.
Prévoyez des vêtements et des chaussures de rechange, ainsi que de l'eau pour vous réhydrater après l'activité.
La demi-journée coûte 40 euros par personne (hors tarifs spéciaux) avec Sports Nature Evasion. Nous avons trouvé que cette somme était très correcte par rapport à la prestation fournie et la durée de l'activité.
A vous de jouer ! Bel été en Franche-Comté !