Yonne : après la sécheresse, la pluie et la grêle désespèrent les agriculteurs

Lundi 28 juin en fin d'après-midi, des orages de grêle ont ravagé des cultures agricoles dans l'Yonne. Une nouvelle catastrophe après quatre années de sécheresse, à laquelle s'ajoutent les fortes pluies qui ont frappé une partie du département.

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"Les orages de grêle peuvent réduire à néant le travail de toute une année en dix ou quinze minutes." Renaud Vigneaux fait partie des agriculteurs qui ont pu éviter le plus dur de l'orage de grêle qui a frappé une partie de l'Yonne ce lundi 28 juin 2021.

Exploitant à Brannay, au nord-ouest de Sens, il explique que l'orage a agi sur un secteur très concentré. "Ça a formé un gros couloir entre Evry, Villeroy et quelques autres communes de ce secteur. Tout ce qui se trouvait dans cette zone a été ravagé. De mon côté heureusement, ça n'a impacté que la périphérie de mes cultures." Il ajoute que face à ce phénomène, il n'existe aucun moyen de se protéger. "On peut juste subir", témoigne-t-il.

"C'est toujours trop"

Si la grêle n'a pas affecté l'ensemble des agriculteurs du département, ils doivent malgré tout faire face aux fortes pluies. A la frontière avec le Loiret, à Rogny-Les-Sept-Écluses, 250 millimètres d'eau sont tombés au cours des mois de mai et juin. A titre de comparaison, seulement 40 millimètres avaient été comptabilisés entre le 15 mai et le 15 septembre 2020.

"En agriculture, on n'aime pas les excès", indique Brice Veaulin, exploitant dans cette commune. "Les plantes c'est comme les humains. Si vous ne leur donnez pas assez d'eau, comme si vous leur en donnez trop, elles ne vont pas apprécier."

"C'est toujours trop", se désole Samuel Legrand, lui aussi exploitant agricole. "Quand il fait chaud, il fait trop chaud. Quand il pleut, il pleut trop. Tout est trop." Selon lui, quinze millimètres d'eau sont tombés en 20 minutes lundi 28 juin.

Les agriculteurs craignent que ces fortes intempéries réduisent la qualité des récoltes. Ils signalent que des champignons commencent à se développer sur les champs de blé à cause de l'humidité. Les bourrasques et les fortes pluies ont également couché de grandes portions de cultures ce qui rend la moisson plus difficile. "C'est plus compliqué pour les machines de récupérer ce qui est couché voire carrément par terre", précise Damien Brayotel, exploitant à Saint-Julien-du-Sault. "Et puis quand les sols sont très mouillés il y a plus de risques de s'embourber dans les champs."

Des intempéries qui gâchent une année prometteuse

Après quatre années de sécheresses consécutives, les agriculteurs accueillaient 2021 avec optimisme. De bonnes récoltes se laissaient en effet entrevoir.

"Les cultures étaient belles cette année, les grains étaient gros", raconte Renaud Vigneaux. "On se disait qu'on tenait le bon bout et juste avant de franchir la ligne d'arrivée, bim, on tombe.

Il confie que les exploitants plaçaient de grands espoirs dans cette année. D'après lui, les prix de vente des céréales sont plus élevés qu'en temps normal, ce qui aurait permis à beaucoup de se refaire une santé économique.

"Il y a eu un certain nombre de prêts qui ont été contractés l'an dernier. Alors on se disait qu'on allait pouvoir rentrer un peu d'argent et rembourser cette année. Voire même réinvestir dans du nouveau matériel et dans la terre. Malheureusement la nature en a décidé autrement, et ce n'est pas toujours facile moralement."

Le moral des agriculteurs en berne

A l'instar des pousses de blé, les conditions météorologiques ont couché le moral des producteurs de céréales. Ils disent tous envisager leur métier avec de plus en plus de résignation.

"Le moral n'est pas au beau fixe avec des temps comme ça", confirme Samuel Legrand. "Dès qu'il y a des nuages noirs, on serre les fesses pour que ça ne tombe pas chez nous. C'est une source de stress supplémentaires."

C'est triste, mais on doit se satisfaire de ce que l'on ne perd pas.

Renaud Vigneaux, agriculteur

Un avis partagé par Brice Veaulin, qui admet que la situation est "pesante pour le moral". "Il y avait une sorte de promesse de bonne récolte cette année, alors on est déçu que ça n'ait pas fonctionné comme on l'aurait voulu. Mais on s'adapte."

De son côté, Renaud Vigneaux s'agace : "Il y a 60 millions de sélectionneurs de foot en France, et il y a aussi 60 millions d'agriculteurs qui nous disent de nous habituer et qui veulent nous expliquer notre métier. Je grossis le trait évidemment, mais on ne peut pas s'habituer à donner onze mois de travail, d'envie, de passion, pour que le fruit de tous nos efforts soit détruit en quelques minutes. C'est triste, mais on doit se satisfaire de ce que l'on ne perd pas."

Malgré tout, l'exploitant essaie de rester optimiste. "On reste solidaires entre agriculteurs", conclut-il.

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